Biographie

Sleepytime Gorilla Museum

Sleepytime Gorilla Museum est né dans la ville de San Francisco à la fin des années 90. Formé aujourd’hui de sept membres, tous étant ou ayant été musiciens dans des projets étranges et atypiques (Idiot Flesh, Book of Knots, Skeleton Key, …), le groupe s’est créé un univers étrange et poétique, croisement du théâtre, du metal, du fantastique et de l’absurde. Construisant certains de ses instruments, développant une esthétique gothique, batcave, cabaret et mettant en scène ses performances live, la formation a rapidement acquis une réputation locale notamment basée sur ses concerts. Ses disques ont ensuite permis à la formation de s’assurer petit à petit une réputation sur toute la planète auprès des amateurs d’art rock, de musiques progressives, se voyant affilier l’étiquette de MOI (Metal In Opposition, dérivé logique du RIO, Rock In Opposition). D’abord signé chez Mimicry Records, le repaire des formations américaines déjantées (Estradasphere, Secret Chiefs 3, Miasma and the Carousel Of Headless Horses), formé par l’ancien guitariste de Mr. Bungle, chez qui elle sort ses deux premiers disques, Grand Opening and Closing, et Of Natural History. Suit en 2007 chez The End Records In Glorious Times.

Chronique

16.5 / 20
4 commentaires (17.75/20).
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In Glorious Times ( 2007 )

Sleepytime Gorilla Museum vit dans un univers fantastique, un monde cyber goth noir et enfumé, où la nuit a triomphé et la mélancolie remplacé la joie. Dans cet univers, les époques s’entrechoquent, les couleurs, toutes sombres, se mélangent, de complexes et puissantes machines régissent l’ordre, et la beauté n’est un absolu que pour une poignée d’idéalistes qui s’évertuent à cultiver la magie et la féérie bravant la morale en place et les interdits. Les règles sont si lointaines que tout est à créer, la beauté se doit de retrouver un sens, à travers la souffrance, la douleur et des esthétiques affranchies, libres. In Glorious Times, troisième immortalisation de l’entité pousse encore la rage d’une hydre singulière, mutation hybride inconstante et sale. Des étrangetés grandiloquentes se bousculent en longs tableaux complexes et dérangeants, au cours desquels la tribalité de créations sans limites se perd dans les souffles à la violence contenue poussifs et complexes. De ces pièces salvatrices et déraisonnées s’envolent des éclats brillants offrant une complétude séduisante à la forte personnalité. Sleepytime Gorilla Museum chante la beauté, retient ses pulsions à seuls fins de servir l’esthétisme, en structures déconstruites interminables, enchevêtrements douloureux et abscons qui offrent nombreux degrés de lecture, probablement égal au nombre de celles-ci. Et de prétention la formation ne déborde pas, elle vit, partage, mais jamais ne démontre, donnant son art comme une offrande mystérieuse et belle. D’univers métallisés en recherches néoclassiques, In Glorious Time se développe comme une opérette lynchienne orchestrée avec la rigueur d’un orfèvre, la délicatesse lyrique de muses touchées par le divin. Les timbres si nombreux se rencontrent naturellement, incongrument, lovant les dissonances comme les accords parfaits en glissements douceâtres sublimés de percussions légères ou viriles, conférant à la violence un statut de grâce puissante, dont la récurrence orne de vagues robustes l’épopée offerte. In Glorious Times vogue à travers ces remous, bravant la tempête comme le poteau noir, avançant fièrement à chaque instant dans son folklore riche et singulier, dont le chaos une fois dompté ravira les téméraires, les fougueux en quête de classe et de grandiloquence insaisissable. De cette élite artistique générée, Sleepytime Gorilla Museum sort pour autant une grande autodérision, son monde si lourd semble se remettre en question constamment, évoluer de forme en forme, de manière cohérente mais cherchant toujours le différenciant, et si l'aspect bouleversant de certaines vocalises démontre une faculté de profondeur troublante, la légèreté parfois rencontrée dans l’amusement mélodique ou rythmique permet des incartades plus fines donnant encore un peu plus d’hétérogénéité à cette aventure théâtralisée ou angles ronds et aux envolées acides.  Et de ce monde chimique et artificiel si unique, Sleepytime Gorilla Museum dégage une telle poésie baroque que son évasion  en est d’une richesse inouïe. Tout y vibre, y résonne et hante celui qui s’y égare, et si In Glorious Times ne fait qu’approfondir les brèches déjà ouvertes par la formation, il reste l’offrande la plus pure et aboutie d’un ensemble à la personnalité étrange, hors des codes et de notre monde, un objet précieux dans lequel perdre son âme est une histoire savante et intrépide.

A écouter : Oui.