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Biographie
Quoi de moins original pour une
formation Punk que de dénoncer l’asservissement d’un peuple à une société aussi
globalisante que restrictive ? C’est en tout cas le fer de lance du duo
britannique Slaves formé par Laurie
Vincent (Guitare / Basse / Chant) et Isaac Holman (Batterie / Chant) en 2012, au
cœur de cette charmante région pluvieuse qu’est le Kent, au sud de
l’Angleterre.
A la suite d’un premier album au
succès mitigé en 2012, Sugar Coated Bitter Truth, le groupe sort un deuxième opus au son plus percutant et persuasif répondant au doux nom de Are You Satisfied ?. Très vite, les anglais se hissent dans les charts nationaux et commencent à
enchaîner les concerts : l’occasion pour eux d’entreprendre une tournée
européenne, durant laquelle ils ont l'opportunité de jouer dans d’importants
festivals, notamment en juillet 2015 lors des Eurockéennes de Belfort.
Sorte d’hybride ingénieux
mélangeant les Sex Pistols et les The White Stripes, leur musique, à mi-chemin
entre le Punk Rock et le Garage Rock Bluesy,
se veut catchy et est caractérisée
par des riffs gras et des refrains accrocheurs.
Un an tout juste après avoir été révélés par la pépite qu’était Are You Satisfied ?, les britanniques de Slaves remettaient le couvert en septembre 2016 avec Take Control, leur dernière pièce discographique en date. Après une saison estivale marquée par une flopée de concerts et d’apparitions dans les festivals européens, la troisième fournée du duo anglais ne pouvait qu’être attendue de pied ferme. Attente d’ailleurs confirmée puisque le disque peut se vanter d’avoir pointé le bout de son nez dans le haut des charts anglais mais a par ailleurs dans l’hexagone, curieusement fait son entrée sans tambours ni trompettes.
Fidèles à eux-mêmes, nos deux gentlemen originaires du Kent ouvrent les hostilités par le survolté Spit It Out, un titre aussi braillard qu’étourdissant dans lequel nos esclaves reviennent cracher leurs paroles belliqueuses sur un fond musical sans fioritures. D’entrée de jeu, l’auditeur retrouve les ingrédients caractéristiques du duo : la batterie cogne toujours aussi fort, le son de basse rocailleux qu’on leur connaît ne semble pas avoir été délaissé et les refrains accrocheurs et nerveux sont de la partie. Cependant, le groupe semble vouloir explorer d’autres voies et laisse dans la seconde partie de l’album la part belle à l’innovation, notamment avec des morceaux à inspirations très pop comme Lies et Angelica.
A noter aussi la présence de Mike D, rappeur et batteur emblématique de la fameuse formation hip-hop new-yorkaise Beastie Boys, qui apporte une véritable plus-value au déstabilisant Consume or Be Consumed et ses teintes électroniques. L’autre collaboration intéressante de cet album rafraichissant se trouve être la balade Steer Clear, partagée avec Dury Baxter. Un morceau relativement calme se démarquant par un refrain chanté et une boîte à rythme minimaliste en guise de percussions et dont la froide atmosphère n’est pas sans rappeler celle que délivrait Joy Division.
Take Control semble marquer un tournant décisif dans la direction artistique des britanniques : alors qu’Are You Satisfied ? œuvrait dans le gras et la distorsion baveuse, Take Control apparaît comme un album plus fouillé et novateur. Une initiative salutaire qui rend néanmoins le tout moins solide et percutant que son prédécesseur, mais qui a le mérite de proposer quelque chose de neuf. Reste à savoir si Slaves réussira à maintenir le cap, sans dériver dans l’auto-parodie ou dans une fade-réédition de ce qui a forgé leur succès naissant.
A écouter : Très fort !
Ill y a 4 ans, Slaves sortait son
premier EP autoproduit Sugar Coated Bitter Truth, mais depuis, l’eau a
coulé sous les ponts, la bière dans les chopes et le duo s’est façonné en affirmant sa musique. En mai
dernier, les deux jeunes hommes étaient rageusement revenus frapper du poing
sur le comptoir avec Are You Satisfied ?, un disque tapageur d’une quarantaine
de minutes, au parfum de révolte et d’énergie brute. Et le moins que l’on
puisse dire, c’est que les deux gaillards à l’esthétique codifiée (mi-hipster,
mi-sportswear rétro) n’y vont
pas par quatre chemins et ne sont clairement pas adeptes des longs discours :
L’album est une série de titres, tous plus « tubesques » les uns que les autres, le genre de
morceaux qui donnent envie de tout claquer, le temps de quelques minutes, pour
s’adonner à une braillerie sans nom, agrémentée d’une danse déconstruite et
non-cataloguée.
Les esclaves : ils ont
justement choisis de ne pas en être, et ce sont ces individus normalisés et
psychologiquement fermés qu’ils décident de dénoncer joyeusement en
s’égosillant et en martelant leurs paroles aux allures de slogans libertaires.
Loin d’être un groupe « à textes » ou engagé, Slaves exploite les clichés inhérents du punk pour les porter aux
nues via des compositions influencées
garage-rock. Le schéma est
pourtant classique : un refrain mémorable et typique que l’on ne manque
pas ensuite de fredonner toute la journée (à l’instar de Wow !!! 7am
ou She Wants Me Now), ainsi qu’un
riff accrocheur et « overdrivé »
sont les ingrédients intangibles de ce mélange. Seul le titre éponyme déroge à
cette règle : Are you Satisfied ? accorde une courte et volatile balade
durant laquelle guitare acoustique et voix éraillée sont au rendez-vous, ce qui
n’est d’ailleurs pas de refus pour notre corps fatigué.
Au
final, Are You Satisfied ? est un disque léger et agréable, punk dans
l’attitude, mais sans prétention aucune ni pessimisme exacerbé. Il se révèle
être une galette colorée et sincère, comme l’illustre le clip rieur et dynamique
de Cheer Up London tourné sur les terres de la Reine : les deux musiciens
déambulent joyeusement dans la banlieue Londonienne en embarquant avec eux les
passants sur le chemin. Même si le discours est inspiré du punk dans son aspect
révolutionnaire et antisocial, la musique de Slaves est toutefois une
invitation à la réflexion beaucoup plus « fédératrice » et bon-enfant
que le mouvement dont elle s’inspire.
Un disque à la bonne humeur furieuse
et communicative, auquel on ne reprochera donc pas de manquer d’autodérision, à l’image de leur pochette
rose bonbon ornée de deux jeunes chiots. Il semble presque impossible de citer
les meilleures parties, tant la qualité des pièces est homogène. L’uniformité de l’ensemble est d’ailleurs surement le point noir de
cet opus et l’un des seuls obstacles qui l’empêchera de s’ériger en tant que
classique du genre, ce qui n’était de toute façon pas l’intention de ses auteurs. Bref, vous l’aurez compris, une
petite perle, efficace et directe, à écouter d’urgence, et en toutes
circonstances.
A écouter : En sautant partout
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