Vices Versatiles, premier album de Slaene, groupe de rock/metal, se cache derrière un artwork qui retient particulièrement l'attention (pour le modèle allongé dans la baignoire). Pourtant, au-delà de l'aspect graphique de Vices Versatiles, c'est plutôt la musique de Slaene qui doit être le centre de l'attention. Ayant pour fil conducteur le thème de l'opposition, ce premier 10 titres des toulousains se veut un autoproduit, fruit de plusieurs mois de travail.

Lorsque les premières notes de La Magie de L'Inespérance parviennent aux oreilles, les premiers mots à venir à l'esprit pourraient être "Cool, ca à l'air de bien bouger". Puis quelques secondes plus tard, c'est la déception. Les riffs énergiques et sympathiques laissent place à d'autres plus faibles, tandis que la voix supplante le tout. Deuxième choc : autant le chant en français est agréable, autant le refrain, en anglais, est décevant. Pas au niveau des qualités vocales du chanteur, mais cassent l'harmonie déjà précaire du morceau. Et lorsque les chansons se succèdent, c'est le même constat : de bonnes idées, des passages agréables, mais plombés par d'autres plus fragiles, instables. Comme si le thème de l'opposition se retrouvait au sein même de la musique. Un bon Mes Rêves est vite plombé par quelques notes de guitare mal placées, ou un chant trop poussé, sans être totalement maitrisé. Mais le tableau n’est pas complètement noir, loin de là. Ce Que L’Eau, rock plus énervé, clôt cet album avec un brin d’espoir, celui que Slaene sait composer un morceau agréable, sans faire tiquer sur un riff ou un son. Même les passages associés aux couplets sur Ange Ou Démon sont presque planants, correspondent parfaitement à la face angélique de la chanson, tandis que les passages énervés, si l’on passe outre les paroles, manquent d’une seconde guitare, pour combler ce sentiment de vide parfois présent.

Les paroles, alternant français et anglais, parfois au sein même d'un seul morceau, sont à l'image de cet album et de ce qui est évoqué précédemment : inégales. Pour exemple, celles de Ange Ou Démon flirtent avec le manque d'inspiration ("Sa vie est comme l'enfer / tout seul il ne peut rien y faire / il laisse rentrer l'imaginaire") alors que d'autres possèdent un brin de poésie qui leur donne un charme, même si elles ne sont pas parfaites, comme sur La Magie de l'Inespérance ("La Magie de l'Inésperance enchaine mes souffrances / Sans aucun soupçon de méfiance").

Premier album pour Slaene qui donne un résultat mitigé. Vices Versatiles est certes agréable à écouter de temps à autre, mais manque de cohérence, de stabilité aussi bien musicalement qu'au niveau des paroles. Le quatuor se doit de confirmer sa musique, passer outre les quelques points noirs, et développer ce qui point sur certaines compositions.