Sky Empire

Heavy Prog

Royaume-Uni

The Dark Tower

2018
Type : Album (LP)

Chronique

par Zbrlah

Ce que j’aime chez Metalorgie, c’est qu’une majorité des chroniques sont relativement objectives. Les notes me semblent plus pondérées que sur d’autres médias, et beaucoup de rédacteurs utilisent la troisième personne et des arguments factuels (« on constate que la production est… ») plutôt qu’une première personne incline aux compte-rendu d’émotions subjectives (« j’ai adoré ce disque ! »). Une très grande proportion de mes contributions au site obéissent d’ailleurs à ce schéma, et je suis ravi d’avoir une chance de pouvoir expliquer ici pourquoi je trouve un album bon au lieu de simplement raconter à quel point je le trouve bon.

Mais vous me voyez venir, pas vrai ? Avec une amorce pareille, c’était sûr : ma chronique du jour va autant être nombrilisto-égoïsto-narcissico-personnelle qu'elle sera subjectivo-non-argumentée. Déso mais aujourd’hui, sur cette page, Metalorgie c’est mon blog perso.

Des fois, c’est impossible de lutter contre la sensation que tel ou tel disque est fait pour soi-même. Quand l’écoute produit une sensation précise qui est exactement ce que vous ressentiez au moment de lancer la lecture, ou qui est tout à fait ce que vous aviez besoin de ressentir pour aller mieux dans la vie ou vous conforter dans un choix compliqué… Ça vous ne le fait pas ? Moi si, parfois. Et la dernière fois, c’était avec The Dark Tower de Sky Empire.

Il faut dire que l’album a deux arguments majeurs à mes yeux, l’un sur le fond et l’autre à propos de sa forme. Commençons par le premier, pour rester dans l’ambiance « billet d’humeur » : le fond du propos des Britanniques, c’est le thème inspiré par La Tour Sombre, comme le nom de l’album l’indique. Ou plutôt, inspiré par le poème narratif Childe Roland To The Dark Tower Came (de Robert Browning, 1855), qui influença fortement Stephen King pour écrire la saga La Tour Sombre. Saga à laquelle je voue un culte. Je possède un autel dédié à la franchise, une alcôve dans ma bibliothèque qui contient les livres, les comic-books, le DVD du film de 2017, et autant de goodies que j’ai pu en rassembler. L’histoire racontée est parfaite à mes yeux, suffisamment complète pour contenir aventure, romance, suspense et horreur, mêlant des influences western, steampunk et post-apocalyptiques sur un fond d’univers bien réel. Lors de ma dernière relecture, pourtant récente et j’avais déjà la trentaine passée, j’ai encore pleuré, j’ai encore eu la nausée, et j’ai encore eu du mal à accepter d’avoir terminé les huit tomes.
Forcément, quand un groupe de Metal Prog se base sur tout ça, je dis oui, mais alors je dis OUI.

On en arrive à la forme, qui est effectivement celle d’un Metal très progressif. The Dark Tower est intimement proche de la musique du Dream Theater du début des années 2000, situé quelque part entre le caractère Heavy qu’avait Train Of Thought et les influences, voire les similitudes avec Six Degrees Of Inner Turbulence (je ne peux pas m’empêcher de penser à plusieurs passages de The Glass Prison (de DT) lorsque j’écoute The Dark Tower, mais je trouve aussi un point commun entre les interventions du clavier dans les sections instrumentales au milieu de Blind Faith (des Américains) et de Sorcerer's Apprentice (de Sky Empire), et de vagues ressemblances entre les rythmiques des middle-sections, sous les solos, de The Wind The Sand The Stars (du disque chroniqué ici) et de As I Am (de DT)).
En dehors de ce lien évident, l’album est étonnamment mature pour un premier jet d’un groupe inconnu. Les Anglais proposent 5 pistes pour un total dépassant une heure et quart (deux des pistes dépassent les 20 minutes, et, fun fact, elles sont classées par ordre croissant de durée). Ces colossales longueurs sont très bien gérées, avec des rappels de certaines mélodies (au début et à la fin de The Dark Tower par exemple), des refrains qui reviennent, mais aussi de très longues plages réservées à des démonstrations instrumentales de haute volée (Champions Of Light, Sorcerer’s Apprentice, The Dark Tower, même si le solo le plus remarquable sera sûrement celui au deux-tiers de la "courte" (6:38, lol) Marionette). Tout ce que j’aime !

Alors oui, je sais que je n’ai pas vraiment expliqué pourquoi The Dark Tower est un bon disque, je sais que j’ai plus parlé des livres que de la musique des Londoniens, et quand j'en ai parlé c'était pour évoquer des influences trop visibles. Mais j’avais prévenu. Des fois, on peut juste pas lutter, c’est viscéral, ça nous semble d’une excellence tellement évidente que ça dépasse ce qu’on peut facilement expliquer. Eh bien le premier-né de Sky Empire fait partie de cette catégorie de disques de génie qui s’auto-justifient. C’est comme ça. Après tout je me suis attribué cette tribune, alors c’est moi qui décide.

16

L'album est en écoute sur le site officiel du groupe.

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