En 2004, Skinny Puppy rompait sa traversée du désert avec la sortie de The Greatest Wrong of the Right, album qui marquait le retour des canadiens sur la scène électro indus. Accueilli avec les honneurs par la presse et les amateurs du groupe qui ne s'étaient jamais remis de sa séparation, il n'en présentait pas moins, avec le recul, un caractère par trop propre, voire timide, conséquence d'un trop plein d'envie de rejouer couplé à la crainte de décevoir les attentes.
Sincèrement, on ne pensait pas Skinny Puppy disposant d'autant de ressources. Le fait est qu'avec Mythmaker, le groupe de Vancouver reprend pied dans la réalité avec une oeuvre qui dépasse toutes les espérances. Si l'album précédent donnait l'image d'un Skinny Puppy encore très fragile, convalescent même, rien de tel avec la mouture 2007. Oeuvre classieuse, ambitieuse, Key et Ogre s'amusent à brouiller les pistes pour notre plus grand plaisir. Bénéficiant d'une production vraiment à la hauteur, on plonge avec délectation dans les ambiances doucereuses mais acides de "Jaher" et "Haze", avant d'entamer un léger trémoussement du corps façon EBM sur "Pasturn" et "Politikil", pour finir par se faire retourner comme une crêpe par les murs de guitare de "Pedafly" et "Ugli".
Pourtant, même si le Skinny Puppy 2007 apparaît encore fébrile par moment du fait de la présence de morceaux peut-être plus rassembleurs que les autres mais qui parviennent sans problème à emporter notre adhésion ("Magnifishit", "Ambianz"), parallèlement Mythmaker présente également un visage beaucoup plus sévère et granitique. Certes, Key et Ogre ne sont pas encore parvenus à supplanter voire à faire oublier le talent de programmation de Goettel lorsqu'il s'agit d'instaurer des ambiances cryogéniques, mais les nappes et les beats de "Dal" et de "Lestiduz", associés à l'utilisation systématique du vocoder pour Key, ne laissent planer aucun doute sur la volonté d'un retour du duo à l'électro froide de Too Dark Park.
Bref, quand bien même Skinny Puppy donne toujours l'impression d'être dans une phase de transition, Mythmaker démontre que les canadiens ont, non seulement, franchi un palier supplémentaire dans leur quête d'un passé perdu, mais également retrouvé le goût de la créativité. Un album annonciateur de grandes choses pour le futur.
A écouter : Magnifishit, Jaher, Pedafly