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Biographie

Skinny Puppy

Nivek Ogre - chant
cEvin Key - programming
Mark Walk

Influencé par les formations pionnières de l'indus que sont Throbbing Gristle, Cabaret Voltaire ou Suicide, Skinny Puppy voit le jour en 1982 à Vancouver. A l'origine se composant de cEvin Key (alias Kevin Crompton), batteur de Images in Vogue et de Nivek Ogre (alias Kevin Ogilvie), c'est sous cette formation que le groupe enregistre Back & Forth, première démo cassette, suivi du premier ep Remission.
En 1985, Key et Ogre sont rejoints par Wilhelm Schroeder qui participe à l'enregistrement du premier album Bites avant de céder sa place à Dwayne Goettel. L'arrivée de ce dernier oriente le groupe dans une fusion de musique industrielle, de gothique et d'électronique qui trouve un premier aboutissement sur Mind : The Perpetual Intercourse, Cleanse, Fold and Manipulate et VIVIsectVI, respectivement sortis en 1986, 1987 et 1988.
La fin des eighties et le début des nineties sont synonymes d'associations en tout genre pour les membres de Skinny Puppy. Ogre participe au projet Pigface avec son collègue Alan Jourgensen, responsable de la production de Rabies en 1989, Key s'associe avec Edward Ka-Spel (Legendary Pink Dots) pour enregistrer l'album Their Eyes Slowly Burning sous le patronyme de Tear Garden, avant de travailler avec Alan Nelson sur le projet Hilt. C'est également à cette époque que le fossé se creuse entre les membres du groupe, Goettel et Key reprochant à Ogre son manque d'investissement dans Skinny Puppy et son penchant pour la drogue. Qu'importe, le groupe canadien signe chez American Recordings en 1993 et déménage à Los Angeles.
Les sessions d'enregistrement de The Process s'avèrent être un désastre. Pour la première fois depuis dix ans, David Ogilvie n'officie pas derrière les manettes, le groupe ayant jeté son dévolu sur Roli Mosiman (Swans) et Martin Atkins (Pigface, Ministry...). Les problèmes s'accumulent et, après plusieurs mois de galères Key et Goettel, insatisfaits du travail d'Atkins, retournent à Vancouver le master sous le bras pour tenter de sauver ce qui peut encore l'être. Sans Ogre toutefois, resté en Californie et annonçant par la même occasion son départ de Skinny Puppy pour se consacrer à son projet solo, W.E.L.T. Quelques mois plus tard Goettel décède dans la maison de ses parents, victime d'une overdose d'héroïne. En hommage, Ogre et Key mettront un point d'honneur à finir l'enregistrement de The Process qui verra finalement le jour en 1996.

On pensait Skinny Puppy mort et enterré lorsqu'en 2000 Key et Ogre, apparemment réconciliés, réactivent le groupe lors du festival de Dresde et recommencent à enregistrer. Pour fêter la réunion, le label de Key édite Puppy Gristle, sur lequel on retrouve une performance commune entre Skinny Puppy et Genesis P-Orridge (Thobbing Gristle, Psychic TV), datée de 1994. Un an plus tard les canadiens signent chez SPV, enregistrant dans la foulée Greater Wrong of the Right avec des membres de Static-X, Tool et Collide, suivi en 2007 par Mythmaker.

Chronique

15 / 20
3 commentaires (17.5/20).
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Mythmaker ( 2007 )

En 2004, Skinny Puppy rompait sa traversée du désert avec la sortie de The Greatest Wrong of the Right, album qui marquait le retour des canadiens sur la scène électro indus. Accueilli avec les honneurs par la presse et les amateurs du groupe qui ne s'étaient jamais remis de sa séparation, il n'en présentait pas moins, avec le recul, un caractère par trop propre, voire timide, conséquence d'un trop plein d'envie de rejouer couplé à la crainte de décevoir les attentes.

Sincèrement, on ne pensait pas Skinny Puppy disposant d'autant de ressources. Le fait est qu'avec Mythmaker, le groupe de Vancouver reprend pied dans la réalité avec une oeuvre qui dépasse toutes les espérances. Si l'album précédent donnait l'image d'un Skinny Puppy encore très fragile, convalescent même, rien de tel avec la mouture 2007. Oeuvre classieuse, ambitieuse, Key et Ogre s'amusent à brouiller les pistes pour notre plus grand plaisir. Bénéficiant d'une production vraiment à la hauteur, on plonge avec délectation dans les ambiances doucereuses mais acides de "Jaher" et "Haze", avant d'entamer un léger trémoussement du corps façon EBM sur "Pasturn" et "Politikil", pour finir par se faire retourner comme une crêpe par les murs de guitare de "Pedafly" et "Ugli". 
Pourtant, même si le Skinny Puppy 2007 apparaît encore fébrile par moment du fait de la présence de morceaux peut-être plus rassembleurs que les autres mais qui parviennent sans problème à emporter notre adhésion ("Magnifishit", "Ambianz"), parallèlement Mythmaker présente également un visage beaucoup plus sévère et granitique. Certes, Key et Ogre ne sont pas encore parvenus à supplanter voire à faire oublier le talent de programmation de Goettel lorsqu'il s'agit d'instaurer des ambiances cryogéniques, mais les nappes et les beats de "Dal" et de "Lestiduz", associés à l'utilisation systématique du vocoder pour Key, ne laissent planer aucun doute sur la volonté d'un retour du duo à l'électro froide de Too Dark Park.

Bref, quand bien même Skinny Puppy donne toujours l'impression d'être dans une phase de transition, Mythmaker démontre que les canadiens ont, non seulement, franchi un palier supplémentaire dans leur quête d'un passé perdu, mais également retrouvé le goût de la créativité. Un album annonciateur de grandes choses pour le futur.

En écoute "Pasturn" et "Pedafly"

A écouter : Magnifishit, Jaher, Pedafly