Sixtoys en veut. Après le désistement d'Hannelore, les Belges reviennent avec un premier album qui ne respire pas la gaité et la bonne humeur estivale (et les paroles, loin d'être 'fun', en sont la confirmation). Alors certes, le quatuor ne s'est pas lancé dans l'occultisme et le dark metal, mais il n'empêche qu'une ancienne compo sautillante comme "The Pollution" ferait un peu tache au beau milieu de cet opus.
Et puis il n'y a plus de voix féminine pour alléger le ton (hormis sur le refrain de "Take it All", histoire de marquer le coup), Jelle assure maintenant la quasi-totalité des parties vocaliques, avec ses camarades masculins en renfort sur quelques parties seulement. Il semble d'ailleurs avoir pris la tâche au sérieux à en juger par la teneur de son organe plus juste et de sa voix plus travaillée quelques années après la sortie de Copy, Paste & Repeat. C'est même l'ensemble du groupe qui est plus affûté, plus précis et plus percutant sur ce dernier opus.

Celà dit, à trop souvent chercher des lignes surprenantes et des dynamiques particulières, le tout finit par souffrir d'un relatif manque de cohésion, si bien que les morceaux les plus marquants sur cet opus sont certainement les plus directs, ceux joués sans que le quatuor ne se pose trop de questions: les énergiques "Nevermore" et "Preach Water, Drink Wine", le prenant "David vs Goliath", ou encore "Winds of Change" et son double chant crié/clair appuyé par un côté 'metalisant' prononcé... On retrouve l'aspect décousu sur les enchaînements couplets/refrains qui semblent parfois impromptus et qui manquent de cohérence ("Take it All", "Taste of Light"...); la continuité entre les différentes parties de chaque morceau n'est pas toujours évidente elle non plus. Dommage donc, car les mélodies efficaces qui ponctuent fréquemment l'ensemble ne sont pas toujours bien mises en valeur, et l'intérêt de l'auditeur s'en trouve quelque part dispersé.

A noter que la prod' vise juste par contre (notamment grâce à un son de guitare chaud et une batterie puissante), et que les petites touches metalisantes évoquées ci-dessus se font dorénavant plus marquées (on pouvait déjà entendre quelques timides tentations sur le EP). A l'instar d'un Belvedere sur Fast Forward..., cet album se clôt sur un "The Great Escape" quelque peu différent du reste, misant davantage sur l'ambiance; un finish pas désagréable...

Sixtoys offre ici un album plus mature, plus solide que la précédente livraison, mais n'a pas encore tout à fait éliminé ses problèmes de manque de cohésion et d'homogénéité. Les bonnes idées et la maitrise technique sont indubitablement là (à l'image des titres "A écouter"), même si le quatuor ambitieux ne parvient pas toujours à les mettre en place de façon optimale. Au final, Forbidden War a l'avantage de proposer un punk rock mélodique bien plus personnel que la moyenne, mais qui risque, par un retour de bâton, de rester moyennement accessible pour les moins aventureux qui auront du mal à se mettre rapidement dans le bain belge.