Ils sont une poignée à maintenir incandescente la flamme encore rougeoyante allumée par Moss Icon, Nation Of Ulysses, Mineral et les inévitables Indian Summer. Sinaloa fait assurément partie des derniers disciples et cristallise à chacun de ses pas l'empreinte sonore de l'emo 90's way.

Tortueux de par la palette émotionnelle bigarée que le combo de Sommerville déploie sur chaque titre, Oceans Of Islands se veut un véritable disque cathartique. A la purification par le feu, Sinaloa préfère toutefois la sincérité des textes et l'intelligence d'un songwriting tout en retenue et tension. Les gaziers maîtrisent toujours parfaitement leur démarche mélodique basée sur une paire de guitares étincelantes. L'accordage particulier leur permet d'obtenir un son assez unique, paradoxalement grésillant et sonique à la fois. Toujours vierge de basse, les compositions profitent malgré tout d'une approche davantage rythmique nourrie par une batterie itérative au jeu rapide et aérien ("No Bearing", "Echoes").
Comme des larmes de cristal, les notes pleuvent puis électrisent progressivement les nerfs. Par vagues successives, Sinaloa délivre son venin paralysant. Inutile d'élaborer le moindre antidote, la formule est renouvelée à chaque invective. Le combo sait passer de la rage gorgée de guitares agressives ("Voices Resound") à une sensibilité extrême nuancée par des backing vocals crève-cœur ("Seek Harbor") et des paroles ancrées dans la réalité. Reste ce chant clair très singulier, qui à l'image de l'excellent Some Kind Of Cadwallader des non moins excellents Algernon Cadwallader, tranche dans le vif et contribue pleinement au charme vacillant et sincère de Sinaloa.

Oceans Of Islands s'inscrit de tout son long dans la tradition emo des années 90's tout en sonnant terriblement actuel. Ce genre de disque est aujourd'hui bien trop rare pour daigner faire la moindre impasse.