Shellac n’a jamais été très productif au long de sa carrière, jusqu’en 2000 et en huit ans d’existence le groupe n’aura sorti que trois véritables albums. Mais cela fait tout de même sept longues années qu’aucun disque de Shellac n’a vu le jour, sept longues années pendant lesquelles les fans se seront rongés le frein en espérant une nouvelle sortie . C’est désormais chose faite avec Excellent Italian Greyhound qui marque le retour de la formation mythique de Chicago et de son noise rock ravageur.
La première approche ne laisse aucun doute, Shellac est toujours Shellac, semble aussi énergique qu’auparavant et même plus enragé au fil des écoutes. Rage sur laquelle souffle un léger vent de mélancolie qui donne une véritable dimension émotionnelle à l’album, tout particulièrement sur le morceau Kittypants. The End of Radio ouvre magistralement l’album avec son cri libérateur ("Can you hear me now?") et annonce la teneur agressive de la suite, comme si ce vide causé par sept années de silence devait être comblé coûte que coûte. Mais n’allez pas croire pour autant que Shellac joue la carte de la facilité, chaque agression est lancée sournoisement, à chaque moment de répit apparent.
L’accalmie, le silence deviennent des armes, pour mieux surprendre l’auditeur et le poignarder dans le dos, à coup d’aigus et d’assauts typiquement noise. Genuine Lulabelle en est le parfait exemple, placé au milieu de l’album et d’une durée approchant les dix minutes, le morceau fait régner le silence, un silence dans lequel vient parfois se poser la voix de Steve Albini, comme nu, provoquant une sensation de malaise qui s’amplifie avec la reprise soudaine (et sournoise) des assauts noise.
On reconnaît immédiatement les riffs de guitare tranchants et jouissifs ainsi que ce son toujours aussi exceptionnel. Son qui est d’ailleurs la marque de fabrique du groupe, qui a toujours refusé l’enregistrement numérique au profit de l’analogique, donnant un aspect très authentique et abrasif en totale harmonie avec l’esprit de leur musique.
Shellac nous offre là un disque d’une grande qualité, alliant la rage à l’émotion la plus brute. Pas de révolution majeure mais peu importe, l’intérêt n’est pas là et un nouvel album de Shellac est tellement rare et celui-ci tellement bon qu’il serait dommage de s’en priver. Excellent Italian Greyhound marque le retour en grande forme d’un groupe au son unique qui fait encore aujourd’hui office de référence. L’un des albums de l’année?
A écouter : Genuine Lulabelle, Kittypants, Boycott