Biographie

Shapeshifter

Shapeshifter voit le jour à Christchurch en Nouvelle Zélande courant 1999. Tout d'abord pensé comme une formation instrumentale, forme sous laquelle le groupe se fait remarquer avec un EP et un premier album, Shapeshifter enregistre en 2003 l'arrivée d'un vocaliste en la personne  de Paora Apera (souvent appelé P Digsss) qui ne cessera dès lors de prendre de l'importance dans le son du - désormais - quintet. Leur musique va d'ailleurs elle aussi évoluer: très marquée de l'influence de la sphère Liquid Funk londonienne, le spectre de ses influences s'élargit à compter de 2006 et la sortie de Soulstice pour déboucher sur une véritable rupture en 2009 avec The System is a Vampire, un album plus varié, maîtrisé et détaché du petit monde de la Drum&Bass que ses prédécesseurs. C'est d'ailleurs ce dernier qui, enfin, permet en 2010 au groupe de s'exporter hors d'Océanie puisque le prestigieux label Hospital Records se penche sur le cas des Néo-Zélandais et les signe pour la distribution européenne de leur dernier album en date.

Chronique

16.5 / 20
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Live ( 2007 )

Shapeshifter. En live. Difficile de faire plus explicite. "Live", comme un terme indissociable du nom des gars de Christchurch, "Live" comme une vocation: la live drum&bass, courant bien nommé mais pas toujours des plus répandus (London Elektricity, Future Prophecies...) et encore moins des mieux exploités (la dégringolade de Pendulum) qui voit des musiciens en chair et en os exécuter une musique synthétique. Ne serait-ce que sur le papier, ça a de quoi interpeler un minimum et laisse à penser que l'on a peut être à faire à autre chose qu'à un disque cale-meuble gratté à deux euros dans un fond de bac.

Cette captation immortalise le groupe à un tournant de sa carrière: au coeur de la période qui suit la sortie de Soulstice, un troisième album encore très influencé par la (lointaine) nébuleuse londonienne et, notamment, London Elektricity mais qui confirme définitivement les néo-zélandais parmi les groupes qui comptent. Et qui annonce déjà quelque peu par le parti pris éclectique choisi ce soir là, la suite qui les élèvera à un tout autre niveau. Mais là n'est pas la question. Ce soir de 2006, Shapeshifter est au top de sa forme du moment et dans son élément, à la maison (Christchurch), sur scène, là où peut/doit s'exprimer le mieux sa musique taillée pour remuer les foules. Et force est de constater que la magie opère.
Le quintet livre une prestation placée sous le signe de la fluidité, du groove et de l'absence de prise de tête - prérequis indispensable d'un genre au final très codifié - marqué de l'empreinte de ses initiateurs (London Elek', toujours). Depuis ses débuts, Shapeshifter n'a cessé de progresser, vocalement notamment, avec l'arrivée de Paora alia P. Digsss qui prend une envergure toute nouvelle en ce soir de Septembre. Même pour qui n'était pas présent au Christchurch Town Hall, le travail effectué sur la captation associé à la prestation bouillonnante du groupe fait des étincelles car Shapeshifter a vu les choses en grand.
Non contents d'offrir depuis le début des années 2000 des vibes fluides débordantes de groove ensoleillé, tendant à aller déclencher l'euphorie collective en live, les néo zélandais ont pour l'occasion travaillé un set avec le Christchurch Symphony Orchestra. L'association des sonorités sythétiques dansantes de la formation locale avec la profondeur de son apportée par l'orchestre amène un supplément d'âme non négligeable à des compositions déjà taillées pour la scène qu'un P.Digsss (toujours lui) finit de compléter par une prestation des plus carrées et, surtout, des plus enjouées. Rejoint à l'occasion par sa compatriote, vocaliste à tout faire, Lisa Tomlins sur l'intro de Good looking par exemple, il finit d'imposer sa personnalité au sein d'une formation qu'il n'a intégrée que trois ans plus tôt et donne un aperçu de la place de premier plan qui lui sera désormais réservée. En arrière plan, bois, cordes et cuivres font des merveilles tout du long des 7 titres de ce live où l'interaction entre le groupe et le public, principalement perceptible via les interventions de Paora, fait partie des éléments privilégiés par le mix. Il se dégage de ce live une véritable impression de communion entre le groupe et son auditoire, l'un réagissant à l'autre au quart de tour, les rythmiques bondissantes (superbe prestation de Johnny Hooves derrière ses futs) et éclats de voix en provenance de la scène provoquant en général quelques poussées d'hystérie (When I return, Bring change) immédiatement saisies au vol par une formation visiblement très heureuse d'être là et bien décidée à en mettre plein la vue à un public venu prendre sa décharge d'électro-sourire. L'enregistrement et le travail qui a suivi étant de grande qualité, il va sans dire que l'écoute au casque ou à haut volume sur une sono digne de ce nom est plus que vivement recommandée. Comme pour toute sortie de la formation de Chritstchurch désormais semble-t-il. Mais, encore une fois, ce qui vient après cette sortie remarquable est une autre histoire. 

Un live de qualité par groupe à part, donc, venu de l'autre bout du monde et dont la seule concession jusqu'alors aura été de se relocaliser  en Australie. Et pourtant, en 2010, Shapeshifter, droit dans ses bottes, signait (enfin) sur le label de référence Hospital Records la distribution internationale de The System is a Vampire, son quatrième album studio paru un an plus tôt. Il était temps. Mais pour revenir au sujet principal, s'il ne fallait retenir qu'une porte d'entrée pour l’univers de Shapeshifter avant d'aller explorer le reste, ce Live est le disque tout trouvé. Reste maintenant à aller le chercher, justement, le plus gros défaut de cet album étant qu'il n'est paru que via Truetone Recordings, le label du groupe, et qu'il ne bénéficie, lui, pas à proprement parler d'un circuit de distribution officiel par chez nous... ce qui est bien dommage.

A écouter : Comme la bande son de l'été.