Shape Of Despair
Funeral Doom

Monotony Fields
Chronique
De longues années d'attente et ça y est le voilà, le nouveau disque de Shape Of Despair, Monotony Fields. Venant d'un groupe phare de la scène doom, et plus particulièrement funeral doom, on attendait quelque chose de grandiose.
Le premier morceau Reaching The Innermost donne le ton. Riffs pachydermiques, nappes de claviers éthérées et chant guttural au possible. L'atmosphère est lourde, funèbre, prenante. On peut même entendre des chœurs angéliques en fin de piste. On se retrouve ainsi en terrain familier. Petite nouveauté, la longueur relativement plus courte des morceaux. La piste suivante Monotony Fields s'habille quant à elle d'un souffle spectral, le growl étant contrebalancé par des chœurs en arrière plan sonore. L'effet produit est saisissant, c'est beau tout simplement et profondément cathartique. Avec ces deux pistes magistrales, on perçoit bien vite que la puissance évocatrice de Shape Of Despair est intacte.
Descending Inner Night se fait cristalline en ouverture et prolonge tant la démarche musicale que la thématique funèbre de ce Monotony FIelds où la mélancolie et le sentiment d'abandon sont rois. Les paroles sont définitives "As I helplessly watch The descending of The final inner night". La nuit est un refuge pour les âmes blessées, fêlées qui hantent cet album. The Distant Dream Of Life mêle riffs plombés et mélodie plus fine et nous emporte dans l'abysse si proche de la mort, et pourtant "Still dreaming of life". Singularité de ce morceau, le chant clair qui fait son apparition. Encore une réussite éclatante pour Shape of Despair.
Withdrawn laisse éclater le désenchantement complet avec des lyrics explicitant le désespoir "it's all over for me All my words perished All my deeds undone". Le chant semble nous parvenir d'une caverne obscure, profonde, effrayante. Les arrangements et les chœurs participent encore de la réussite de cette belle pièce de funeral doom. In Longing suit à peu de choses près la même trame avec le même recours à de longues plages musicales simplement habillées de voix claires magnifiques avant que le chant guttural ne prenne l'espace. Ce parti pris nous offre des moments fabuleux tant la musique et les voix s'entremêlent en un bouillonnement d'émotions.
The Blank Journey s'ouvre sur quelques notes délicates de piano avant d'enfoncer le clou de la détresse. "Have I given Too much of myself For this journey' s'interroge le chanteur. Probablement, mais pour quel résultat ! On est encore une fois saisi par ces guitares destructrices, cette voix antédiluvienne, ces nappes de claviers glaciales, ces chœurs angéliques. Shape of Despair déconstruit la vie pour mieux enchanter la mort. Le requiem final Written In My Scars impose ainsi une dernière ambiance mortifère, imprécatrice, implacable.
Shape of Despair nous comble avec Monotony Fields, un chef d'oeuvre de funeral doom, profond, hypnotique, éthéré autant que d'une lourdeur abyssale. Tout est merveilleusement à sa place sur ce disque où la mélancolie est reine, où la mort triomphe.
Après 10 longues années, SOP ressort enfin un album et quel album !
En somme, prenez le côté atmoshérique de Illusions Of Play et le côté percutant (le son de batterie surtout) de Angels Of Distress et vous êtes pas loin de cerner cet album, d'ailleurs l'artwork de l'abum est je trouve étrangement un mixte de ces deux albums également (coïncidence ?).
SOP a réussi habilement à marier ses anciennes expériences pour en sortir un tout cohérent, maîtrisé et sublime il faut le dire. Chose étonnante pour un album de ce genre (Funeral Doom) c'est qu'il est un vrai plaisir d'écoute même dans les jours ensoleillés, belle prouesse.