Shannon Wright
Indie / Folk

Division
01. Division
02. The Thirst
03. Wayward
04. Accidental
05. Seemingly
06. Soft Noise
07. Iodine
08. Lighthouse (Drag Us In)
Chronique
Le doute et l’hésitation peuvent très bien s’avérer être des qualités prépondérantes dans l’oeuvre d’un artiste, à condition que ceux-ci fassent office de moteurs et qu’ils accompagnent un projet dont l’objectif final est, lui, mûrement réfléchi. C’est de cette façon que Shannon Wright a construit une discographie d’un haut niveau d’exigence tout en donnant, à chacune de ses sorties, l’impression d’être à deux doigts de tout laisser tomber et de fuir un monde décidément trop effrayant pour elle. La fragilité qu’elle exprime n’a jamais été un frein créatif, donnant plutôt à ses morceaux une intensité émotionnelle difficile à égaler pour la plupart de ses contemporains. Shannon Wright sait donc où elle va mais évite, par timidité autant que par goût de l’aventure, d’emprunter le chemin le plus embouteillé, préférant défricher elle-même un sentier dissimulé au regard du plus grand nombre. Cette démarche porte ses fruits sur Division qui, sous un aspect de fausse simplicité, s’avère être son album le plus expérimental.
Pas question pour elle, cependant, d’oublier ce qui fait la force de sa musique. La rage presque viscérale dont elle faisait preuve sur le très abrasif In Film Sound trouve toujours ici une échappatoire, mais de façon beaucoup plus occasionnelle. Si les guitares guidaient clairement l’album précédent, c’est cette fois-ci le piano qui reprend la main, Division ayant vu le jour en grande partie grâce à la rencontre entre l’Américaine et la pianiste classique Katia Labèque. C’est dans le studio de la Française et avec le compagnon de celle-ci, David Chalmin, que Shannon Wright a ciselé les huit morceaux d’un disque qui n’a besoin que d’un peu plus de trente minutes pour émouvoir et inspirer. Sombre et pesant, le morceau-titre placé en ouverture hypnotise immédiatement et laisse présager d’une richesse qui s'incarnera, tout au long de l’album, dans de nombreux détails pouvant échapper à l’auditeur au premier abord. Orgue, cordes, boîte à rythme… Les instruments deviennent des outils utilisés avec le désir d’amener les compositions vers toujours plus de sincérité, prouvant par la même occasion que l’on peut enrichir sa musique d’éléments inattendus sans jamais la dénaturer.
Accidental, avec son clavier bon marché, est le symbole de ce que l’on pourrait a priori considérer comme une faute de goût, mais qui se révèle pourtant particulièrement pertinent. Wayward hésite entre classicisme et modernité, pour finalement ne pas choisir et aboutir à l’un des grands moments du disque. Le reste est à l’avenant, entre urgence et contemplation. De la boîte à musique presque dérangeante de Seemingly au crescendo de Soft Noise. De l’inquiétude de The Thirst à l’arrière-plan industriel d’Iodine. C’est un orage qui menace pour ensuite gronder pendant Lightouse (Drag Us In), conclusion d’un album qui se dévoile un peu plus à chaque écoute, jusqu’à devenir évident et indispensable.
Sur Division, Shannon Wright décide d’embrasser pleinement une technologie qu’elle ne se contente pourtant pas d’utiliser de façon banale. Tout ce qu’elle en tire vient d’un souci constant de servir sa vision, celle d’une musique personnelle et engagée, au sens le plus intime du terme.
Passe beaucoup mieux avec le temps.
Je me suis fait à ce manque de rythme.
Bon ca te mettera pas la banane mais c’est de la bonne cale.