Serpent Column
Black technique
Invicta
Chronique
La bouche encore lacérée par leurs guitares coupantes et froides, on aura tout juste eu le temps de panser les plaies causées par les Américains il y a un an. Ornuthi Thalassa étourdissait de son Black Thrashisant, voici venir un Invicta aux mille têtes. Et quelle entrée en matière qu’Asphodel.
À la guitare, les rythmiques sont moins Thrash et surtout plus imprévisibles, changeantes. Serpent Column est tout aussi bouillonnant qu’avant mais cette fois s'étend dans ses plans, laisse respirer ses notes plus longtemps. On parlerait même de suspense, car on découvre dès le premier titre que les passages acoustiques peuvent faire irruption n'importe quand. Ils durent, laissent place au silence, font croire à un retour du vacarme qui n'arrivera jamais au moment attendu.
Serpent Column est plutôt Black Metal par saveur, par la couleur de ses guitares. La forme elle est Prog, très instrumentale et vivace, avec pour essence la surprise et l’instabilité. La batterie, habituellement ciment immuable et fondations solides, dépeint au même titre que les six-cordes une fresque chaotique, un tableau sans cesse changé sous les coups d’un peintre fou à lier. On aura ainsi plaisir à trouver une sortie accueillante au bout du labyrinthe avec la montée lumineuse de Aedis Invia qui soulagera les voyageurs éreintés, ballottés de toutes parts.
Il y a de quoi se perdre, agréablement, dans cette trentaine de minutes survoltées. Le duo évite avec élégance la redite tout en affirmant son identité de musiciens encore plus indomptables. Quel plaisir de se faire malmener.
L'album est en téléchargement à prix libre sur bandcamp.