Biographie

Sense Field

Jonathan Bunch: Chant
Chris Evenson: Guitare
Rodney Sellars: Guitare
John Stockberger: Basse
Rob Pffeifer: Batterie

Originaires de Los Angeles, la rencontre entre les membres de Sense Field se fait, dans un premier temps, sur les bancs de l'école, où Jonathan Bunch et Chris Evenson partagent une passion commune pour le punk/hardcore. Après avoir fait la connaissance de Rodney Sellars, le trio décide de monter son propre groupe: Reason To Believe. Ces derniers sortent un album, When Reason Sleeps, Demons Dance, avant d'enchaîner avec une tournée nationale qui verra leur intérêt, pour des groupes tels que les Pixies ou My Bloody Valentine, croître de plus belle.
Les 'Ricains se lancent alors dans une seconde aventure, plus en adéquation avec leus goûts musicaux, et recrutent John Stockberger à la basse, et Scott McPherson derrière les fûts. C'est ainsi que naît Sense Field en 1990. Le combo sort son premier album, Killed For Less, sur Revelation Records, puis Sense Field, toujours la même année (1994), qui reprend leurs deux premiers EP's; deux ans plus tard, le quintet sortira son troisième album: Building.
Sense Field voit poindre le départ de son batteur qui rejoindra les rangs d'Elliott Smith. Ils enrôlent alors Rob Pffeifer, quittent Revelation Records, et s'enferment dans leur studio de El Segundo afin d'enregistrer ce qu'allait devenir Tonight & Forever: un album ré-enregistré qui n'aurait jamais dû voir le jour. Malheureuseument, durant la tournée qui s'en suit, Rodney Sellars apprend une triste nouvelle: l'implication de sa fille dans un accident de voiture qui lui vaudra d'être plongée dans un profond coma. Sense Field prend la résolution de poursuivre l'aventure, composant des morceaux de temps à autres, morceaux qui figureront au final sur leur cinquième effort: Living Outside, produit par Brad Wood (Smashing Pumpkins, Sunny Day Real Estate), paru en 2003.

Chronique

Tonight & Forever ( 2001 )

La "reconnaissance" est ce que l'on aura offert de plus gratifiant quant au travail de Sense Field. Auteur de mélodies butinant entre pop appuyée et rock racé, le quintet aura fait de Tonight & Forever son terrain de jeu, à n'en pas douter l'un des avantages de l'autoproduction. Signe de l'influence bien palpable de Sense Field, la participation en guise de dessert de Jonathan Bunch (Chant) au troisième effort de Further Seems Forever. A présent, il est grand temps de revenir au plat de résistance que fut Tonight & Forever, car la formation n'avait à cette époque plus "rien à cacher".

Les contraintes rencontrées lors de l'enregistrement de ce quatrième opus ne peuvent que forcer l'admiration quant à la qualité de la production mise en place par Chris Evenson (Guitare). Ce dernier, seul membre vraiment intéressé par le travail de mixage et de production, avait eu l'occasion de se faire la main sur les démos du groupe, c'est donc en toute logique que le reste des membres lui accordèrent leur confiance après leur départ de Revelation Records.
Même si certains des morceaux furent mixés par Ken Andrews (Failure/ON), Eveson et sa collaboration directe avec Bunch confèrent au disque une intimité en constante surimpression. L'écriture aborde des thèmes romancés ("Am I A Fool?", "Love Song"), ou bien encore les obstacles quotidiens auxquels sont confrontés les adolescents ("Fun Never Ends", "Beatles Song"). Le mot d'ordre de Bunch est de mettre en lumière les pensées que l'on n'ose dire à la personne qui nous fait front/face.

Second point fort de Tonight & Forever, les performances vocales sur lesquelles repose le lyrisme de Bunch. A la fois voilée et insistante, le chant de ce dernier caractérise à lui seul la musicalité de Sense Field. Evenson lui rend la pareille à grand renfort de choeurs tels sur "Here Right Now". Cette dualité se retrouve tout autant dans l'orchestration des morceaux, ainsi "Waiting For Something" administre un rock ombrageux où guitares saturées et clavier se fondent avec adresse. Un morceau assez proche, sur la forme, de l'oeuvre de Texas Is The Reason, même si, de façon générale, Sense Field explore les ramifications pop de la scène emocore de l'époque: ligne de batterie, usage récurrent d'une guitare sèche en guise d'introduction ("What Never Dies") parfois couplée à sa consoeur électrique ("Fun Never Ends"). L'intelligence des arrangements trouve son apogée dans l'interprétation poignante que nous livre Bunch sur "Save Yourself". Quoiqu’il en soit, rageuse ou apaisée, l’émotion mise en exergue par le quintet n’est jamais passée sous silence.

En définitive, de tels atouts, au service d'une telle qualité, ne peuvent que faciliter l'adhésion à l'oeuvre de Sense Field. A l'image de Far, la formation de L.A. aura su marquer, bien après coup,  toute une génération, de son sens de la mélodie, de ses refrains entêtants, ainsi que de sa sincérité: un disque à ranger aux côtés de ses Diary, Clarity et autres Do You Know Who You Are?

A écouter : Save Yourself; Waiting For Something; Beatles Song; What Never Dies; Fun Never Ends