Le génie de K.C.Milian ou de Toe avait laissé entrevoir dans un passé récent ce que l’emo de demain pourrait être. Héritier de cette tradition, Seila Chiara se fait le continuateur de ce nouveau chemin musical : celui de la terre promise, au point de jonction des continents.
We’ll build an Ark annonce l’opus. "Pourquoi parler au futur", répond-on ? Avec un tact gracieux et une finesse rare, Seila Chiara bâtit dès ce premier Ep, la nouvelle Arche de l’Alliance, celle qui unit l’Indie, le rock, l’emo et le post rock dans un même écrin. Le résultat est là, splendide, lumineux, contenu dans 4 titres qui flirtent avec la virtuosité. Pour réunir tant d’étoffes différentes, il fallait un travail d’orfèvre. Seila Chiara l’a fait. Dans We’ll Build an Ark, une multitude de fils s’entrecroise et s’unisse dans un tissage méticuleux, constant et sans cesse en progression qui ne repasse jamais par la même trame. Seila Chiara est l’anti-Pénélope, Seila Chiara va au bout de la tapisserie à chaque morceau, à chaque nuit ; elle est de celles qui débordent du cadre.
On croirait entendre du Moneen, du Arrows, du A Silver Mont Zion, du Dominic même, mais ce n’en est pas. C’est autre chose. C’est délicieusement fragile, légèrement arty (l’artwork, la traduction en japonais…), sensible sans être pleurnichard, emo dans le sens noble du terme et avec juste ce qu’il faut de ténébreux dans le traitement musical (l’ep est hanté par des voix étrangères qui se manifestent en samples). Les titres se répandent en longueur (2 tracks culminent même jusqu'au 16 minutes), les parties se succèdent sans qu’aucun ne puisse les annoncer, dans un concert d’instruments maîtrisés à la perfection qui jouent des reverbs, des échos, des nappes post-rock et des enchevêtrements de lignes de chant afin de donner le vertige à l’auditeur. C’est inspiré, c’est imprévu, c’est… artistique.
Seulement 4 titres ? Ok. Quelques longueurs ? Ok. Peut gagner en efficacité ? Ok.
Mais les claps-claps de "Mice on Drugs in Pretty Cages", l’intelligence et l’originalité du song-writing ("He dies one morning, his head blown up by the dreams that never came"), les cascades d’accords, la souplesse jazzy de la batterie, ces mots "We are, we were" ; le placement des notes en tombées de flocon sur "This Is the party", le titre "Stories Like Ants in New York" tout entier… Il y a trop à dire.
Ceci est une œuvre.
Les 4 titres sont en écoute sur MS ou en téléchargement gratuit sur le site du groupe.
A écouter : Stories Like Ants In New York