Biographie

Sea Scouts

Sea Scouts voit le jour en 1994 à l'initiative de Tim Evans (ex-Mouth) du coté d'Hobart, capitale de la Tasmanie. Ce dernier s'associe au bassiste Zach Von Bamburger (U.F.O.) et les deux comparses se débrouillent pour jouer puis sortir un premier EP avec le renfort d'une boite à rythme pour compenser l'absence de batteur. Monika Fikerle, une jeune musicienne débutante autodidacte prend rapidement le poste pour compléter ce qui sera la première mouture du groupe. Doté d'une personnalité musicale forte, sombre et bruitiste,  atypique - Monika, par exemple, joue sans caisse claire - que le public peine à cerner, le trio écume avant tout son île d'origine, s'offrant néanmoins une rapide escapade sur le continent. Le groupe implose dans l'année de sa création suite au départ de Monika peu après le retour de la tournée.
Séparé mais pas mort pour autant, Sea Scouts revient à la vie en 1996, toujours sous l'impulsion de Tim qui s'était associé depuis quelques temps avec un nouveau bassiste: Alex Pope. Le duo repart de zéro, toujours sans batteur et de nouveau accompagnés pour leurs prestations live d'une boite à rythme remplacée par Andy Hazel (ex U.F.O.) puis par Sara May Libero... avant que le la formation n'enregistre finalement le retour de sa batteuse d'origine en 1997 après que celle-ci se soir retrouvée à jouer de nouveau avec Tim au sein de IOOIIOI.Ce lineup sera le plus durable mais aussi le dernier que  Sea Scouts ait connu. Il lui permettra de passer un cap avec quelques  ouvertures plus prestigieuses (Pavement notamment) ainsi que d'enregistrer deux albums (le groupe réenregistrera Pattern Recognition avec Monika) et un EP en trois ans et même de s'envoler en 1999 pour une tournée Américaine et Européenne confidentielle, cahotique et DIY au possible. De retour en Australie, le trio décidera finalement de stopper là l'aventure et disparaît définitivement un soir de Février 2000 après un ultime concert dans sa ville d'origine.

Les membres du groupe ont depuis été aperçus dans différentes formations: Tim fonde Bird Blobs et vit désomrais à New York, Alex se fait remarquer au sein de Ruins, Monika apparait elle dans le lineup de Baseball et de Love Diagrams.

Chronique

17.5 / 20
2 commentaires (16.75/20).

Beacon of Hope ( 1998 )

Sea Scouts n'a jamais réellement existé. Sea Scouts est un spectre vacillant que l'on entrevoit de manière fugace au fin fond d'une de ces discothèques de l'étrange comme on en croise parfois. Une formation unique cent fois réanimée, à l'activité en dents de scie et véritable incarnation d'une certaine idée de la passion. Un groupe paumé du bout du monde qui parvint malgré tout à presser son second et ultime témoignage longue durée sur un disque devenu (bien) trop rare.

Sea Scouts, c'est l'histoire d'un destin fragile. Celui d'un trio éternellement sur la brèche, navigant à la frontière du néant, à jamais condamné à rester dans les cœurs d'une poignée de fans absolus mais qui n'aura jamais pu résister aux remous d'une reconnaissance aussi fugace que restreinte - le mot est si faible - hors du cocon local. Certes on les a bien aperçu ouvrir pour Pavement il y a de ça une éternité mais, honnêtement, qui là bas s'en souvient encore réellement? Et ne parlons même pas des quelques acharnés qui auront réussi à les faire changer d'hémisphère à une seule et unique reprise. Ni même de la poignée d'anonymes qui avait alors réussi à saisir la formation de Hobart au vol probablement plus par pur hasard que par réelle volonté, Sea Scouts n'ayant jamais joué en tête d'affiche hors de ses bases.
Et pourtant Sea Scouts était bien là. Sea Scouts est toujours là par la musique et par l'esprit, bien qu'éclaté aux quatre coins du globe et du spectre musical. Beacon of Hope, inaltérable brulot Punk en slow motion porté avec l'énergie du désespoir par une formation de bras cassés qui n'a cessé de se dire adieu avant de finalement y parvenir une fois pour toutes au moment même où leur acharnement aveugle pour une musique que personne ne comprenait les avait emmené au delà de tout ce qu'ils avaient jamais pu espérer, en témoigne. Beacon of Hope, des années après le dernier souffle commun de ses auteurs, continue de se consumer d'une tristesse insondable, attisé par une âme encore vivace. Celle qui poussa Tim Evans à faire d'une gamine au drumset ridiculeusement incomplet et incapable de jouer deux semaines plus tôt son batteur au milieu des années 90, celle qui poussa la formation à, toujours, se retrouver autour d'une vision commune, par pure affinités, comme si c'était, rétrospectivement, inéluctable. Sans jamais sacrifier son projet sur l'autel de l'obligation de résultat. Beacon of Hope c'est tout cela. Et la musique bien sur.

Rèche, primaire, le cœur lourd. "Emo-noisée" à la mort, punk, entêtée, envahissante, totalitaire comme si plus rien ne pouvait avoir d'importance du premier craquement de micro au dernier murmure d'une pile d'amplis antédiluviens chauffés à blanc pas tant par l'extrémisme de la prestation que par son intensité. Sea Scouts, au bord du gouffre, chante, parle, exulte toutes cordes vocales dehors, submergé par sa propre vague sonore, s'oubliant dans le tumulte. Un peu par dessein, probablement. Le trio fuit, s'évade, s'enfouit sous une basse prépondérante, s'écroule malmené sous le tambourinement d'une batterie erratique en transe, et place en définitive toutes ses cartes, tous ses espoirs, sur un chant collégial écorché à vif, et, pardessus tout, sur un jeu de guitare simple mais d'une intensité rare. Chaque note est un déchirement, chaque mot une remise en question, chaque morceau un fardeau qui s'envole, repoussé de toutes ses forces par son interprète à trois têtes. Un disque cathartique passionnant dont l'aboutissement est un soulagement. Beacon of Hope se termine dans le silence. Le notre. Le leur. Absolu. Suivi d'un soupir puis d'un sourire. Invariablement.

La formation oubliée, partie de rien et disparue depuis longtemps, atteint, dans ce bref instant où le temps s'écrit en pointillés, où plus rien ne semble se passer, le firmament après être passée par mille chemins de traverse. Personne n'était vraiment là pour le voir ou même le remarquer mais Sea Scouts l'a fait. Puis a fermé boutique presque dans la seconde, ne laissant derrière lui qu'une balafre souterraine profonde. Le Revolution Summer a cherché ce groupe depuis toujours mais aura été incapable de reconnaitre sa progéniture lorsqu'elle se présenta à lui. Beacon of Hope, chronique d'un éternel rendez-vous manqué.
Le temps que nous nous en rendions compte, Sea Scouts à cours de solutions face aux aléas de la vie des uns et des autres s'était sabordé à la maison, loin des regards et sans regrets. Et quand bien même ça fait mal lorsque l'on y pense ils avaient foutrement raison. Depuis le début.

Le titre Song for che s'apprécie en partie vidéo.

A écouter : Comme si vous alliez mourir demain.