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Biographie
Scraps of Tape, ce sont 4 suédois (Micke, Marcus, Kenta et G.) jouant un postrock planant, empli d’émotions, dans la veine de Mogwaï ou Godspeed You Black Emperor!. Fondé en 2000, le groupe a, jusqu’à maintenant, sorti 2 démos, 2 albums (Read Between The Lines All The Time en 2004 et This Is A Copy Is This A Copy en 2007), un 7�? (Darfor, en 2005) et joué sur plus d’une centaine de dates, 6 Tournées européennes et une tournée japonaise. Courant 2009, alors qu'ils sont rejoints un guitariste, Jerker, le combo sort son troisième album, Grand Letdown, chez Denovali. La recette change légèrement, le groupe se tournant peu à peu vers un rock champêtre...
Entre This Is A Copy Is This A Copy et Grand Letdown, Scraps Of Tape a bourgeonné. De 4, le combo est passé à 5 et les parfums printaniers du second opus semblent s'être mués en un paysage estival tout aussi enjôlé par la même occasion. Ainsi, exit les mélodies aériennes qui faisaient rêver sur Vibrancy ou Thirteen Thousand, Grand Letdown se veut en apparence bien plus rythmé…
Tout démarre sur Bring The Heavy : dans la continuité de Why Marcus Oh Why, ultime piste de TIACITAC, le titre amène une ambiance chaleureuse dans laquelle on devine des notes bouillonnantes, éclairées par le premier rayon de soleil de l’été. Se succèdent des morceaux comme Love Them Anyway qui s'en vient émerveiller une journée morose tandis que The Long Silence couvre d'un drap réconfortant les auditeurs. Les titres passent et le sentiment que Scraps Of Tape délaisse son PostRock pour se tourner vers un Rock s’amplifie : les cordes et les futs s’accélèrent légèrement, faisant virevolter les notes. En sont pour preuves des titres comme Master Blaster ou Five Fingers au sein desquels la ressemblance tend plus vers Pelican que GYBE! sur l’aspect final. Le côté feutré amené par le chant sur l'opus précédent se dissipe peu à peu. Même si l'on retrouve ce type d'ambiance (The Long Silence, Filler), le frontman pousse un peu plus sa voix, pour un résultat tout aussi séducteur (Eric, Grand Letdown). De la même manière, les quelques instruments « atypiques » amenés il y a 2 ans sont beaucoup moins présents ici (Linear Optics et ses violons façon A Silver Mt Zion) et leur retrait se fait cruellement sentir sur l’ensemble. Néanmoins, Scraps of Tape évolue, et le chemin parcouru, même s’il peut déstabiliser un adepte de Read Between The Lines All The Time et TIACITAC, permet au combo d’offrir un opus tout aussi rêveur. L’effet final reste sensiblement le même, malgré une musique plus directe. Quelques passages trahissent cependant les efforts précédents : diverses montées en puissance ou escapades amoureusement aériennes (Brick By Brick, Building Our Own House ou Filler) mais les Suédois semblent bien avoir pris un chemin plus mouvementé.
Avec This Is A Copy Is This A Copy, Scraps Of Tape ne faisait que nous livrer ce qui prend de l'ampleur sur Grand Letdown : un (Post) Rock champêtre à frémir. Le combo ne renouvelle en rien le genre, mais on n'en demande pas tant. Futur classique ? Sans doute pas. Disque émouvant que l'on réécoutera régulièrement par pur plaisir ? Sans aucun doute. Love Them Anyway…
A écouter : Love Them Anyway � Master Blaster � The Long Silence
Enregistré mi-2006, il aura fallu attendre 1 an pour pouvoir écouter et s’enthousiasmer sur le second album du quartet de Scraps Of Tape. Passé trop inaperçu lors de sa sortie, il se veut, à l’image de son artwork, poétique, empli d’un désir de vie, de pureté. Sous un aspect épuré, les 4 suédois livrent 50 minutes de sincérité émotionnelle, fondant des passages tendant vers le postcore au sein d’une mer de mélodies aériennes.
Les premières notes ouvrant l’album peuvent induire en erreur, le coté saturé qui s’en dégage est ici pour déstabiliser. Ce Death As It Should Be, instrumental en deux temps, peut d’entrée de jeu donner un aperçu du son de disque : aérien, planant, mais arrivant néanmoins à intégrer un orage de notes pour ramener l’auditeur au sol. On peut déjà remarquer l’absence de toute voix, amplifiant ce coté minimaliste déjà présent. Justement, la voix feutrée, emplie d’émotion, se veut fatiguée, lasse, et présente sur très peu de parties du disque. A la limite du soupir, les mots arrivent à nos oreilles quasiment sous forme de spoken words énigmatiques (ceux de ThirteenThousand sont tout simplement magnifiques). Des chœurs, présents sur Hands In The Air, emplissent les oreilles de sons en provenance de cet univers lointain dont l’écoute de This Is A Copy Is This A Copy rapproche.
Proche d’un GYBE ! (par exemple sur Liege MG), le quartet utilise de cette même manière les cordes, jouant sur cette longueur des morceaux pour créer un mouvement progressif, si lent à se faire sentir qu’il n’en devient que plus séducteur. Les cordes sont usées, s’érodent sous les doigts des musiciens, faisant fondre la carapace protectrice du récepteur. On peut également noter l’apparition de quelques instruments ‘atypiques’ sur quelques chansons (des cuivres sur Vibrancy, Why Marcus Oh Why et ThirteenThousand, du violon sur Since all the birds are moving, shouldn't we, …), apportant un sentiment de chaleur, une aura de bien-être. Scraps Of Tape sait aussi trembler sur des parties lourdes mais généralement courtes, entrecoupant ces instants planants, où les ruptures se veulent froides, directes (Vibrancy ou Since all the birds are moving, shouldn't we). Une seule chanson arrive à tenir la longueur : How Your Heart Gets Thrown, cœur de l’album par ce côté de violence soutenue, tout en gardant cette poésie et ce romantisme exhalé par cet album.
Scraps of Tape livre ici un excellent disque, ancré dans la mouvance postrock mais se permettant quelques petites incursions musclées. Album aérien, poétique et rempli d'espoir, on se verrait bien écouter ce This Is A Copy Is This A Copy reposant parmi les fleurs ornant son écrin, contemplant les nuages si proches des mélodies du groupe…
A écouter : Allong� dans un champ de fleurs...
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