Scheißeberg
Noïse- emo-rock
Cherry Mount
Chronique
Comme une évocation de la contre-culture. Ou du "contre-rock" serais-je même tenté de dire. Une résistance. De ces groupes qui ne feront jamais des Bercy ou des Parc des princes. Qui emmerdent Bercy et le Parc des princes. De ces groupes chevillés aux planches des rads et des squats. Avec le jeu brouillon qui va avec. L’ampli fondu. La bière du salut déjà prête sur le bar pour l’après set. La sueur et la crasse.
Tout ça. Tout ça.
On nous casse les couilles à nous dire que le rock est mort quelque part entre les 60’s et les 70’s. Les réac’ portent son deuil. Et ils n’écoutent plus rien. Ils n’écouteront donc pas Scheißeberg – le nom n’aide pas, faut dire –. Ainsi passeront-ils à côté de "King of fake", premier titre de la galette. Ils peuvent maugréer. S’ils changeaient un peu de disque, ils se seraient fait offrir une refonte gratuite de leur dentition avec cette track. Car autant le dire franco, le punch est de taille. Aux croisées des chemins de Welcome To Miami, The Negro conspiracy et At The Drive In, "King of Fake" terrifie la partoche, vomit des kilowatts de basse, varie les jam-parts et termine sur un brisage de nuque d’une rare violence. Mange.
Avec le parfum du caniveau en filigrane, la rage du groupe nouveau venu dans l’étui, Scheißeberg s’agite sans respect pour les grammes de finesse. Du rock garage abâtardi d’emo-rock - RAVI plane quelque part par là (l’excellente "Fangs" en atteste) - et gorgé d'effluves de noise. Du sans pitié. Chargé en barrettes, en riffs, en dévalements tout partout. Ca postillonne, ça gueule et ça dégueule, ça joue quelques titres moins bons ("Sweet time"), ça ne va pas chercher dans l’expérimentation, ça balbutie au niveau de l’anglais, de la justesse. On s’en fout, c’est du live retranscrit. Du fer et du sang. Un disque avec son lot de défauts. Mais c’est ça le rock : un truc avec plein d’aspérités.
A écouter sur le bandcamp du groupe.
L'ensemble sonne très At the Drive-In (gros worship / rip-off au niveau du chant); ça se laisse écouter sans peine! Y a des imperfections, ça chante pas tout le temps juste, la prod' reste DIY, mais le coeur y est et l'énergie est là.