Entre le départ de Guilaume Bideau dans Mnemic en pleine phase créative de ce disque, l'emploi du temps ultra-chargé de Dirk Verbeuren (batteur de Soilwork entre autres) ainsi que son déménagement à Los Angeles et la pression que le groupe devait avoir sur les épaules pour donner à successeur à Irradiant, il faut reconnaître que ce nouvel album des français de Scarve était attendu au tournant...
...Et malheureusement, ces attentes ne sauront être totalement comblées...
Scarve existe depuis plus de dix ans. A ce titre, le groupe vieillit, est censé prendre du gallon, gagner en expérience. Et pourtant, ce que l'on remarque à l'écoute de ce The Undercurrent, c'est que ses influences sont toujours aussi visibles. Pire l'ombre de Devin Townsend (et plus particulièrement de Strapping Young Lad) plane toujours autant sur Scarve.
Par ailleurs, les compositions, dans leur ensemble, manquent cruellement de clarté, et de limpidité. Certains morceaux s'oublient même aussi vite qu'ils ont été écoutés (Fathomless Descent). Ce sentiment est renforcé par la production de Daniel Bergstrand (pourtant excellent producteur, connu pour ses travaux avec Meshuggah, Strapping Young Lad, In Flames, Soilwork) qui ne fait qu'accentuer le coté presque brouillon de la chose. On pourrait penser qu'il s'agit là d'un disque difficile d'accès et qui demande de nombreuses écoutes avant d'être découvert, mais après l'avoir passé en boucle plusieurs fois, on en est toujours au même point : dans le flou.
Pour ce qui est du remplacement de Guillaume Bideau au chant clair, il faut reconnaître que son successeur, Lawrence, ancien chanteur de Darkane, s'en sort plutôt bien comme sur le très bon refrain de The Plundered, un des meilleurs titres de l'album. Là où on aurait pu croire à un retrait du chant clair au profit des voies death, Scarve décide au contraire d'utiliser à fond les possibilités vocales offertes par Lawrence. C'est même ce chant clair qui apporte parfois un certain éclairage aux morceaux (Rebirth). Attention notamment à ne pas trop en faire, sous peine de devenir indigeste (ses accélérations en chant clair sur Imperceptible Armageddon).
Alors, oui ce disque est une petite déception. On attendait un truc encore plus fort qu'Irradiant et on a au final un disque juste correct, avec cependant quelques bons titres. Espérons qu'il ne s'agit que d'une phase transitoire nécessaire pour franchir un vrai nouveau cap et pour passer les différentes épreuves auxquelles le groupe a été confronté (et qui semblent se poursuivre avec le départ peu après la sortie de ce disque de l'autre chanteur du groupe, Pierrick). Et puis après tout, mieux vaut susciter de la déception que de l'indifférence...
A écouter : The Plundered, Endangered