"C'aurait put être en partie le nouveau System Of A Down" - Daron Malakian.
Honnêtement, on ne va pas lui donner tout à fait tort car le nouvel album n'a rien à voir avec l'éponyme de 2008. Est-ce pour
autant un bon album ? On va essayer de répondre à cette question.
Exercice souvent inutile voire odieux : la comparaison. On
ne peut pourtant ici pas y couper. Comme énoncé donc dans l'introduction, Dictator s'apparente très nettement plus à SOAD qu'au premier album de Scars On
Broadway, et tant mieux parce qu'on ne va pas se mentir, cette galette sortie
en 2008 relevait plus de la purge qu'autre chose. Juste un sursaut de fierté
mal placé de 'sieur Malakian parce que môssieur Serj Tankian avait sorti son album solo
quelques mois avant. On voit déjà ici le problème d'égo qui règne dans le
groupe d'Hollywood, mais bref passons, ceci est un autre problème. Dictator est
donc bien plus proche dans l'esprit à la Hypnotize ou même Steal This Album.
On retrouve plein de passages qui rappellent les bons
moments de la gloire passée. L'intro et le riff principal d'Angry Guru, toute
la fin de Dictator, le couplet de We Won't Obey, l'intro de Sickening Wars. Personnellement
j'ai toujours trouvé Mesmerize et Hypnotize trop mélodiques, trop Rock à mon goût,
mais sur les titres cités, on y retrouve brièvement les bonnes
sensations qu'on pouvait apprécier et qu'on avait perdu sur le diptyque musical. Dictator est en revanche très inégal et la deuxième moitié est très en dessous de la
première, mis à part une tendresse particulière pour Till The End et My Son qui
est très Ennio Morricone dans l'esprit. Sérieusement écoutez Guns Are
Loaded et dites moi que ça ne ressemble pas à System Of A Down ! On s'attend même à entendre
Serj qui reprend le micro. Et c'est peut être d'ailleurs là où le bât blesse.
Car la guitare est très clairement familière, la voix de
Daron également, en revanche le reste est clairement insipide et laisse une
sensation désespérante de vide. Où est la maestria de John Dolmoyan ? Les
passages fous de Shavo? La voix intense de Serj ? Ah oui, c'est Scars On
Broadway, on l'oublierait presque. On peut parler ici de syndrome Damage Plan,
c'est même encore plus flagrant. Ça ressemble à l'original, ça à parfois la
saveur de l'original mais ça ne l'est pas. Au final on regrette que Dictator n'ait pas été l'ébauche de travail du prochain SOAD et c'est terrible de se
dire que cet ouvrage, pourtant pas mauvais, aurait pu être quelque chose de
très bien sous d'autres auspices. S'il y a de bons passages dans presque tous
les morceaux ils sont en revanche trop rares et manquent de créativité à la
batterie et à la basse pour être vraiment excellents.
Qu'en dire au final ? Du bon, mais très frustrant ! Quand
Malakian lui même reconnait que cet album aurait put être tout autre chose, on
se dit qu'on est passé à coté d'un truc. Une chose est sure, Dictator est
clairement au dessus du premier Scars On Broadway, donc dans l'absolu, c'est
une réussite.
A écouter : Angry Guru, Dictator, Guns are Loaded