Vingt-et-unième album en trente-huit ans d’existence, bon nombre de groupes seraient déjà en train de sucrer les fraises depuis un bail arrivé à ce stade de leur carrière, mais Saxon n'est pas fait de ce bois-là. C’est certainement la raison qui fait que le groupe a survécu au cours des décennies aux vagues Glam, Grunge puis Nu-Metal, sans jamais s’arrêter. Et si le groupe a connu des hauts et des bas au fil des ans, cela fait déjà une décennie que Saxon est revenu à son top. Avec Sacrifice, ils avaient amorcé un tournant vers un son plus ciselé et des compos plus percutantes, et peut-être que la patte d’Andy Sneap n’y était pas indifférente. Est-ce que cette deuxième collaboration avec le producteur allait être aussi fructueuse ?
Saxon débute Battering Ram par la chanson titre de l'album, et celle-ci a été forgée dans le même moule que Sacrifice : Riff assassin flirtant avec le Thrash, tempo enlevé et duel de solos de guitare. On retrouvera cette même petite touche sur plusieurs autres titres comme Destroyer, Stand Your Ground ou The Devil’s Footprint. Sur cette dernière, en guise d’intro, deux voix d’outre-tombe qui parlent de Satan forment un beau clin d’oeil à The Number of the Beast d’Iron Maiden. Paul Quinn et Doug Scaratt se complètent parfaitement à la guitare que ce soit au niveau des riffs (l’un en rythmique, l’autre en arpèges sur Top Of The World), lors de duels présents dans la plupart des solos, sans oublier, bien évidemment, les parties harmonisées (Hard and Fast, The Devil’s Footprint). Intelligemment, Saxon n'y a pas recourt de façon systématique et les place à des moments opportuns, par en plein milieu d'un solo pour lui redonner une dynamique comme sur celui de Stand Your Ground. Nigel Glockler est impérial derrière la batterie et nous offre quelques passages très inspirés, comme son jeu de cymbales, tout en toucher, sur ce même titre.
Il arrive quand même au groupe de lever le pied et de proposer des mid-tempo aux sonorités sombre (Queen of Heart et son riff entêtant) ou mélancolique, avec les deux dernières chanson de l’album, To The End et Kingdom Of The Cross. La surprise viendra surtout de cette dernière, avec ses couplets parlés, qui racontent le souvenir de personnes tombées au combat et qui tombent dans l’oubli. La voix de Biff, de plus en plus grave, se prête parfaitement à cet exercice, fort réussi. Autre excentricité pour le groupe, l’usage de claviers et de nappes de synthés par endroit (fin de Stand Your Ground, refrains de The Devil's Footprint et de Queen of Heart) qui surprend quelque peu. Mais cet élément est largement contrebalancé par la basse, très sobre dans son jeu mais cependant très présente, qui offre un enrobage doux et chaleureux à l'ensemble.
Saxon livre ici un album plus que solide et varié, contenant son lot de morceaux de bravoure. Un album utile, à la différence des dernières productions décevantes de certains groupes mythiques, mais qui pourra également s’avérer frustrant car il y a fort à parier que peu de chansons le composant feront le poids face aux classiques du groupe au moment d’établir la setlist du concert du soir. Il paraît en effet impossible de balayer trente huit ans de carrière en l’espace quarante six minutes, et pour une fois, ce serait presque dommage.
A écouter : Battering Ram, Destroyer, The Devil's Footprint, Stand Your Ground