Avec plus de dix ans au compteur, Saves The Day est passé du statut de groupe adolescent fantasque (on se souvient de la célèbre teinture rose marque de fabrique de Conley) à celui de formation confortablement installée dans les hauts des charts emopop. Et sur le fond ?
Sur le fond, Saves The Day se présente depuis quelques disques déjà comme une entité fortement poppy, qui ne se donne par pour mission de bousculer l’ordre établi. Et si la terriblement tubesque "Can’t Stay The Same" pourrait être – dans les termes – l’annonce d’une évolution, la charpente centrale, elle, ne bouge pas d’un iota. Mélodies taquines, tempos fleurs bleues et enchaînements traditionnels dans la structure sont donc à nouveau au rendez vous (en atteste le coutumier "Hey everything’s ok" répété dans cette dit piste). La voix nasillarde de Chris Conley y défile toujours avec un certain bonheur (pour peu qu’on aime ce type de timbre), tandis que la mécanique du rythme laisse au couple basse-batterie le soin de fixer son flow gentiment calibré fm ("Radio" ; "Bye bye, Baby"). De quoi ravir (principalement) les amateurs d’emo-smooth.
Le manque général d’audace et d’innovation des 13 titres laisse tout de même aux premières écoutes une exaltation des plus réservées, avant que le travail des mélodies fassent son travail d’agrément pour les plus persistants. Au final, le problème d’Under The Boards est de ne jamais réellement décollé et d’échouer dans la tentative d’élévation auprès des étoiles qui semblait être la thématique de l’opus. Reste quelques touches gracieuses, des passages bien catchy et 2,3 emprunts savoureux au rock des décennies antérieures (comme l’atteste cette coloration Beatles présente dans "Stay" ou dans "Lonely Nights" et cette réverbération sur la voix très John Lennon).
Under The Boards n’est pas un mauvais album en soi, et finit même à la longue par créer une légère accoutumance. A l'examen final, il laisse pourtant un arrière goût amer, n’ayant ni la fougue de Can’t Slow Down ni la rayonnance de Stay What You Are.
Saves The Day peut tellement mieux faire.
A écouter : "Can't Stay The Same", "Lonely Nights"