Sarin

Post Metal / Doom Metal

Canada

You Can't Go Back

2021
Type : Album (LP)
Tracklist
01. Cold Open
02. When You Melt
03. Reckoner
04. Thick Mire
05. Otherness
06. Leave Your Body

Chronique

par Pentacle

C’est avec ce troisième album, You Can’t Go Back que Sarin commence tout juste à faire un peu parler de lui. Les deux premiers albums sont passés sous les radars et pour cause : une autoproduction pour un premier effort et une signature sur une multitude de labels de Punk Hardcore pour la seconde sortie, autant dire qu’il fallait déjà bien être au courant de la musique des canadiens pour les écouter dans les années 2010. Mais à l’aube de cette nouvelle décennie, Prosthetic Records donne une chance à Sarin en leur donnant une nouvelle exposition en sortant leur troisième disque qui se montre plutôt convaincant.

Convaincant, mais pas non plus exempt de défauts, mais on y viendra plus tard. Au menu des belles choses que les canadiens mettent en œuvre, c’est cette façon de sonner. On y trouve un Post Metal / Doom Metal pas nécessairement des plus écrasants, mais ample et rond. Le but n’est pas de rouler des mécaniques, mais d’être suffisamment costaux pour renvoyer dans les cordes et de laisser l’espace pour déployer du riff qui te roule dessus, mais qui sait laisser respirer quelques mélodies bienvenues comme sur Reckoner par exemple. La production a largement gagnée depuis les deux précédents disques : plus massive, plus ramassée, plus claire tout simplement et on sent très clairement que les canadiens ont franchi un palier avec un son qui leur est propre. Dans les influences que You Can’t Go Back convoque, on pourrait citer IsisRussian Circle pour l’aspect riffing nerveux, mais aussi Jesu (c’est flagrant sur la mélodie de When You Melt), mais ce n’est nullement gênant et on n’a pas l’impression d’avoir à faire à un groupe qui repompe allègrement toute la scène Post Metal.

L’autre point fort de Sarin, c’est qu’avec ce type de son qui te mets à genoux, c’est qu’ils sont capables de créer des titres hyper percutants. Le premier morceau Cold Open en est un témoignage frappant alliant la force de frappe de la rythmique et de ce riff de guitare imparable, avec ce qu’il faut de vocalise pour parsemer le tout. C’est presque trop simple, mais ça fonctionne à fond. When You Melt se démarque lui aussi par sa rythmique tribale et sa mélodie entêtante, mais aussi ce pilonnage de riffs en bonne et due forme, ce qui se retrouve également sur Reckoner qui lui succède également assez irrésistible comme peut l’être un riff de routier de Mastodon. La référence n’est pas usurpée car le titre possède un côté Stoner de routier vraiment cool.

Mais sur ces trois premiers titres de très bonne qualité, on aurait aimé que le reste suive et nous impressionne de la même manière. Ce n’est hélas pas le cas car Sarin se prend le pied dans le tapis en milieu de course. Thick Mire débute par une sorte de ligne de basse vague entêtante et de larsens psychédélique pour aboutir à un riff monolithique usée jusqu’à la corde, même si la fin du titre évolue et s’en tire mieux. Pareil avec Otherness, car le titre est construit avec une mélodie aérienne un peu bancale et une montée prévisible, mais qui se finie de manière plutôt agréable. Deux titres moyens donc, mais Leave Your Body en conclusion s'en tire mieux car elle est la composition qui résume le mieux le savoir-faire de Sarin : une guitare qui alterne entre parties touffues ou aérienne ou même lead de qualité, un chanteur qui sait hurler quand c’est nécessaire et un rythmique qui tape et même une montée franchement réussie.

En définitive You Can’t Go Back aurait pu être un excellent disque de Post Metal avec ces trois premiers titres franchement mémorables et sa conclusion de bonne facture. Mais pour un album de trente minutes avec deux titres bien en dessous, difficile d’être ébloui par cette sortie. Un disque largement recommandable pour celles et ceux qui aiment les groupes cités précédemment et pour écouter les trois premiers morceaux. En attendant, Sarin passe à pas grand-chose de se faire un nom de ceux qui compte vraiment. Il leur manque juste ce petit truc en plus, notamment dans l’écriture pour passer le cap supérieur. La prochaine fois peut-être.

14

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