Formation issue des caves de Bristol Scalping est nécessairement imprégnée du Trip-Hop de Massive Attack ou Tricky, y greffant une dose conséquente de Techno, d’Indus, de Noise et de Metal à travers une guitare délicieusement sous-accordée. Equipé de deux EPs (sortis respectivement en 2019 et 2021), le quatuor semble déjà sûr de son sujet et en capacité d’administrer du frisson tout en piochant ses inspirations autant chez Deftones que Code Orange, KMFDM ou Prodigy. Mais nul retour en arrière, le premier album Void est une pièce musicale représentative des années 2020, vautrée dans l’excellence d’un rendu aussi organique que synthétique.
Via une ambiance cyberpunk déviante Scalping nous enveloppe d’un voile technoïde, captant l’attention dès l’introductif Blood Club et ses textures électroniques fiévreuses, pour ne relâcher la pression qu’aux dernières secondes du terminal bruitiste Remain In Stasis (avec l’excellente rappeuse Grove). Plus lourde que jamais la guitare écrase nos terminaisons nerveuses de tout son poids, tel un Godflesh sur Caller Unknown, suivi de près par un Tether (avec un MC DÆMON au flow puissant et désabusé) tout à fait enjaillant. On remarque aussi une gestion du rythme diabolique, possédant nos corps à chaque instant, à travers les beats hypnotiques et cette basse racleuse de trottoirs mal entretenus, parfois en souplesse avec sonorités arabisantes et vocalises féminines (l’ensorcelant Flashforward) ou une guitare typée Coldwave sur Desire, parfois en prise d’otages sur la piste de danse (le casse-bassin Silhouettes ou le furieusement cadencé Over The Walls).
Ainsi Scalping nous trimbale dans les méandres de ses atmosphères futuristes, parasitées d’éléments d’un passé plus que présent. Void est un objet ancré dans son époque, qui agence finement ses racines avec une personnalité d’ors et déjà bien trempée. Un sans faute qu’on aurait juste aimé un poil plus long, mais qui doit valoir son pesant de plaisir en direct.
A écouter : en immersion.