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Biographie

Run The Jewels

Run The Jewels est un groupe de Hip-Hop formé par Killer Mike et El-P en 2013.
Les deux rappeurs n’en sont pas à leur coup d’essai. Chacun peut se targuer d’avoir une carrière solo bien fournie, commencées à peu près au même moment, au début des années 2000. Ils commencent à travailler ensemble d’abord sur leurs projets solos respectifs, Killer Mike vient prêter main forte à El-P sur son album Cancer 4 Cure en 2012, tandis qu’El-P se retrouve sur l’album R.A.P Music de Killer Mike sorti la même année.
L’idée d’un projet commun s’impose ainsi d’elle-même : Run The Jewels voit le jour.

Le duo sort son premier album éponyme très rapidement, en 2013. Un album qui ne passe pas inaperçu, notamment par son côté délirant et ses rythmiques efficaces.
Un second opus, Run The Jewels 2, sort l’année d’après. L’album de la confirmation pour Killer Mike et El-P, qui laissent déjà entendre qu’un troisième album serait en préparation pour 2015, en plus d’un album de remixes de Run The Jewels 2, composé uniquement avec des miaulements de chats et intitulé Meow the Jewels. Tout un programme.

16 / 20
3 commentaires (16/20).

Run The Jewels 3 ( 2016 )

C’est non sans une certaine fébrilité que nous attendions la suite du duo Hip Hop le plus créatif et hors-normes de ces dernières années. Après deux albums encensés, tant par la critique que le public, Killer Mike et El-P reviennent le jour de noël avec dans leur hotte le troisième opus de leur folle entreprise. 

Qu’ils nous avaient manqués ! Il aura fallu attendre presque trois longues années pour enfin voir débouler une suite au redoutable RTJ2, brûlot Hip Hop d’une petite quarantaine de minutes. Bien assez pour à l’époque faire poser un genou à terre à la concurrence. Pour autant, les deux joyeux drilles ne sont pas restés inactifs. Après des centaines de dates survoltées autour du monde, Killer Mike a profité de ce temps de latence pour s’engager auprès de Bernie Sanders dans la primaire démocrate américaine dont nous connaissons tous l’issue. Un engagement politique que les amateurs connaissaient, bien avant que le duo fonde Run The Jewels, et qui du reste se perpétue au sein de ce nouveau projet. Rappelons en effet que RTJ3 est leur 3ème album en quatre ans, sans compter l’album de remixes composé uniquement à partir de miaulements (!) sorti en 2015. Un sacré rythme, notamment lorsque l’exigence qualitative à chaque sortie est aussi haute. A première vue, RTJ3 ne déroge pas à cette règle mais témoigne d’une indéniable évolution. La durée tout d’abord. Là où les deux précédents albums dépassaient péniblement les trente-cinq minutes sur une dizaine de titres, c’est ici quatorze titres pour plus de cinquante minutes qui nous sont proposés. Jetons également un œil à la pochette où trône fièrement leur désormais célèbre symbole. Terminé le design façon comics, c’est maintenant tout d’or vêtu que le duo impose son succès, montre sa superbe et semble vouloir indiquer un revirement : de la folie au réfléchi, du poisseux au classieux. Passant de courtes missives « coup de poing » à une volonté d’établir définitivement leur hégémonie par la durée, les deux compères changeraient-ils leur fusil d’épaule ?

La multiplicité des morceaux et des invités dénotent une mutation indéniable de leur approche. Là où RTJ2 se rapprochait du Boom Rap avec ses rythmiques technoïdes rentre-dedans, RTJ3 privilégie une dynamique globalement moins exubérante. Vous pourrez toutefois dodeliner de la tête sur quelques titres tels que Talk to Me ou Panther Like a Panther, mais la volonté de calmer le jeu se fait ressentir. Tout ceci bien entendu sans corrompre la qualité générale. La production d’El-P est toujours aussi dantesque, l’écoute au casque est d’ailleurs recommandée tant cet album fourmille de beats infectieux, de synthés étranges et de rythmiques déstabilisantes. Un aspect plus expérimental donc qui s’inspirerait davantage de leur premier album. Relevons également la qualité des featurings qui, chez Run The Jewels, n’ont jamais été là pour la déco. Que ce soit le toujours aussi incroyable flow de Danny Brown (dont nous vous parlions il y a peu) sur le jouissif Hey Kids (Bumaye), le saxophone enchanté de Kamasi Washington sur Thursday In The Danger Room ou le rap rageur de Zach De La Rocha (ex Rage Against The Machine) sur le bien nommé Kill Your Master, personne n’est là par hasard. Difficile ainsi de reprocher fondamentalement quoi que ce soit à cette nouvelle production. Gageons que les amoureux de la folie de RTJ2 seront sans doute décontenancés, voire légèrement déçus part le manque de nervosité ressenti à l’écoute, tandis que les amateurs d’un Hip Hop engagé, fouillé, où le détail est roi seront comblés. Affaire de goût en somme. 

Run The Jewels prend de l’envergure, allonge son propos et démontre qu’il reste néanmoins sans conteste possible en tête d’affiche d’un Hip Hop moderne et aventureux. De véritables défricheurs stylistiques sans barrières et pour qui s’affranchir des codes demeure une force. 

A écouter : Talk to Me, Hey Kids, Panther Like a Panther
16.5 / 20
4 commentaires (16.13/20).
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Run The Jewels 2 ( 2014 )

Run The Jewels, duo composé de Killer Mike et El-P (dont les discographies respectives vous sont chaudement recommandées), avait surpris son monde en 2013 avec le premier fruit de leur collaboration. Un fruit, dont les vertus désaltérantes ne pouvaient laisser l’amateur de Hip Hop indifférent. Quelques mois plus tard, le duo refait surface avec un second album pour lequel l’expression « enfoncer le clou » n’a jamais été aussi pertinente.

Quelle entame ! Sur les onze morceaux qui composent Run The Jewel 2, les cinq premiers sont de véritables petites bombes qui ne tardent pas à exploser. Le duo poursuit sur la lancée de l’éponyme sorti un an plus tôt et en profite pour aiguiser davantage encore leur savoir-faire. Efficace, ce nouvel opus de la saga RTJ l’est indubitablement. Si un morceau devait résumer ce démarrage surpuissant, Oh My Darling Don’t Cry arriverait en tête de file. Qui, sur cette planète, peut prétendre pouvoir résister à une compo de cette qualité ? Le beat, la basse, le flow, tout est fait pour vous arracher les cervicales et dandiner de l’arrière-train sur votre chaise de façon indécente. Blockbuster Night Part 1 et Close Your Eyes (en duo avec Zach de La Rocha de Rage Against The Machine) poursuivent sur la même lancée, un beat ravageur, ultra efficace, dicte un tempo dantesque. L’on pourrait rapprocher ce démarrage en trombe avec celui de l’album Yeezus de Kanye West (tapez pas). Une série de morceaux courts, ultra-efficaces, avant une seconde partie d’album plus nuancée. Si le contraste sur l’album de l’homme-que-lon-aime-tant-détester était saisissant, il prend ici une toute autre dimension.

Killer Mike et El-P ont tout compris. La simplicité au cœur de la création. Le passage du second album n’est jamais chose aisée, nombre d’artistes l’ont appris à leur dépend. Run The Jewels, eux, se marrent et envoient des beats industriels à tout va… Mais pas que.
Run The Jewels 2 revêt une nomenclature plus sombre que le premier opus. Les thématiques abordées sont plus tranchantes, mieux senties tout en gardant une dramaturgie jouissive. Des moreaux tels que Lie, Cheat, Steal, Crown, Love Again ou encore Angel Duster laissent transparaitre une volonté du duo de saler la plaie avec des paroles engagées, crues et des mélodies à la noirceur inédite dans ce projet. Ainsi, une dimension nouvelle vient agrémenter l’arc artistique déjà bien fléché des deux surdoués. Comme bien souvent, c’est dans la diversité que se créée la richesse des belles œuvres et ce nouvel album n’en manque pas, de richesse. Finalement, il s’agit bien ici d’un album Pop, au sens le plus noble du terme. Sans être putassier ou indigent, Killer Mike et El-P mettent tout le monde d’accord en offrant un second opus aux multiples niveaux de lectures, aussi fun qu’intelligent, aussi brute que nuancé. Si l’artwork garde le design de leur symbole « gun-to-fist » déjà vu sur le premier album, le noir laisse la place au rouge, vif, frondeur, tranchant, et d’une profondeur en trompe-l’œil.

Au royaume du Hip Hop indépendant, Run The Jewels est roi. La concurrence ne peut que se regarder les godasses en signe d’allégeance, tout en priant qu’un jour ils soient capables de sortir ce qu’est sans doute l’album Hip-Hop de l’année 2014.

A écouter : Tout