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Biographie
Rob Sullivan - chant Steve Smeal - basse Joey Edwards - batterie Danny Porter - guitare Dustin Thornton - guitare
Ruiner voit le jour fin 2004 à Baltimore (Maryland) et enregistre très rapidement sa première démo, Still Smiling. En hardcore les concerts étant le nerf de la guerre, le groupe s'embarque pour une première tournée de deux semaines en compagnie de The Spark, suivie d'une seconde en tête d'affiche avec les portugais de Day Of The Dead l'été 2005, afin de promouvoir le premier ep, What Could Possibly Go Right..., sorti dans un premier temps chez Firestarter et Gravemistake Records. De retour au bercail, Ruiner doit faire face au départ de son batteur, Joe Red. Son remplaçant Joey Edwards ne tarde pas à se mettre dans le bain. A peine deux semaines de répétition lui suffisent pour effectuer son premier show avec sa nouvelle formation. C'est également à cette époque que Ruiner signe son premier deal avec 1917 Records. Entre 2005 et 2006, le groupe de Baltimore accumule les concerts, tourne avec Dead Hearts, Killing The Dream, Final Fight, effectuant même une première tournée européenne d'une trentaine de dates. Parallèlement Ruiner enregistre son premier album. Mais, au moment de le sortir, un problème provoque la rupture avec 1917 Records, obligeant le groupe à démarcher un autre label. En mars, Ruiner signe un contrat avec Bridge Nine Records chez qui, finalement, sortira Prepare to Be Let Down. L'album est très bien accueilli et propulse le groupe parmi les grands espoirs du hardcore. Fin 2007, Ruiner revient en Europe en compagnie de Sinking Ships et effectue une tournée U.S. avec Killing The Dream, This Is Hell, Elysia, Soldier et Broadway Calls. En février le guitariste Mitch Roemer quitte la formation, remplacé par Dustin Thornton. L'été 2008 est un véritable marathon pour le groupe qui enchaîne des dates en Amérique du Nord, une tournée japonaise en compagnie de Killing The Dream et une tournée européenne avec Counting The Days. En septembre 2008, Bridge Nine Records sort une compilation de quatorze titres, intitulée I Heard These Dudes Are Assholes. Après maints et maints concerts et une notoriété grandissante, Ruiner entre en studio en juillet 2009 avec le producteur J. Robbins (Jets to Brazil, Against Me! , Modern Life Is War). Fin août sort un ep intitulé Dead Weight, il est suivi fin septembre du deuxième album du groupe, Hell Is Empty. Dans le même temps, le batteur Joey Edwards quitte le groupe, remplacé par T.-J. Catalfo. Ruiner repart ensuite sur les routes avec un maximum de shows autour du monde.
Hell Is Empty éclate en un cri déchirant de Sullivan et la section rythmique, toujours aussi lourde et puissante, broie les dernières velléités d'apaisement. Les mélodies, beaucoup plus présentes et enlevées que sur Prepare To Be Let Down, s'étalent en nappes mélancoliques, en marées douloureuses. De nombreux mid-tempos aux riffs lancinants imprègnent l'album d'une atmosphère accablante, donnant la sensation d'une marche pénible à l'image de nos vaines errances. Ils rehaussent d'autant les parties rapides et brutales qui tombent, cinglantes, pareilles aux tourments infernaux qui vrillent les pensées aigres et amères. Et tout se pare d'une tristesse brumeuse, tout sombre dans un dépit profond.
Malgré une fausse impression de simplicité, l'émotion et l'intensité débordent de cette musique alchimique, noire et dépressive, qui touche et tord aux tréfonds du corps et de l'âme, atteignant jusqu'à l'asile où se terre notre sensibilité, décelant nos malaises, nos mal-êtres, rappelant nos échecs et nos blessures, jusqu'à trembler de dégoût et de rage, jusqu'aux soubressauts des sanglots. Et Rob Sullivan, véritable enchanteur désenchanté, dénie tout espoir, passant, de sa voix extraordinairement expressive, de la désillusion au cynisme, de la détresse à la colère, des larmes aux sarcasmes. Ecorché, désabusé, il s'arrache à se faire mal, hurle à se faire saigner les cordes vocales comme s'il s'ouvrait les veines. Concentré de peine et de souffrance que rien ne peut atténuer, regard aigu sur la vie sans concession ni accointance avec cette courtisane qui laisse espérer mais ne donne jamais rien et des paroles fortes et poignantes écrites à l'encre noire du désespoir.
Plus que jamais Ruiner s'enfonce dans les ténébres, avec encore plus de profondeur, d'ampleur, de poésie. Etouffant de solitude, confinant au nihilisme, Hell Is Empty déploie une sourde violence et une détresse infinie. Ruiner a grandi, Ruiner a pris une nouvelle dimension, et les frissons ressentis à l'écoute de cet album ne sont que la prise de conscience de notre sordide réalité : “There is no fairytale ending, there is no happily ever after, you just live, you just die�? ("Part Two").
Track-list : 01. I'm Out ; 02. Dead Weight ; 03. Two Words ; 04. Part One ; 05. Part Two ; 06. Convenient Gods ; 07. Meat ; 08. Loneliest Of Hearts ; 09. Commited ; 10. Solitary.
A écouter : Part One, Part Two, Solitary, Convenient Gods
Un an après la sortie de l'excellent Prepare To Be Let Down, Ruiner ne revient pas avec un second album! I Heard These Dudes Are Assholes est en réalité une compilation regroupant les anciennes réalisations du groupe, remasterisées par Nick Zampellio (Converge, The Hope Conspiracy) au New Alliance Studio.
On y retrouve donc les neuf titres extraits du ep What Could Possibly Go Right, sorti en 2005 sous des versions différentes via Firestarter Records, Grave Mistake Records et 1917 Records, les deux morceaux enregistrés sur le split 7" avec les portugais de Day Of The Dead, sorti sur le label du bassiste Steve Smeal (Burn Bridges Records) en 2005, les trois titres de la démo Still Smiling (2004) ainsi que la version démo de "The Lives We Fear", titre qui apparaîtra sur la première réalisation de Ruiner chez Bridge Nine Records (un 7" du même nom) et repris avec bonheur sur l'album. Bien évidemment, ce cd s'adresse plus particulièrement aux inconditionnels du groupe ; quatorze titres en quelques vingt minutes pour retracer la genèse et l'évolution de cette "talen(t)ueuse" formation : le style s'affine, le groupe s'affirme, la profondeur s'insinue et s'enracine jusqu'à "The Lives We Fear" où le groupe parvient à un degré supérieur. Les titres sont d'une grande qualité et prennent une certaine envergure avec ce son amélioré, présageant déjà Prepare To Be Let Down qui sera composé dans le même esprit. Le chant est toujours aussi écorché, rageur et désespéré ("Paint Peals"), les textes toujours aussi forts, personnels et poétiques ("Sincerely", "Getting Over The Overs"), et les mélodies mélancoliques émergent, qui jettent leurs voiles noirs, parant ainsi Ruiner de ces lambeaux d'ombres si émouvants.
Alors, en espérant le prochain album...
Track-list : 01. Once lOved ; 02. Paint Peals ; 03. Adhering To Superstition ; 04. Lockjaw ; 05. Getting Over The Overs ; 06. Out Go The Candles ; 07.A Bridge Too Many ; 08. Six By Six ; 09. Dear Philadelphia ; 10. Sincerely ; 11. Paint Peals (démo) ; 12. Adhering To Superstition (démo) ; 13. Six By Six (démo) ; 14. The Lives We Fear (démo).
A écouter : Paint Peals, Sincerely, Getting Over The Overs, Out Go The Candles
Récent pensionnaire du roster Bridge Nine Records, Ruiner avait légèrement dévoilé, début juin, au travers de son 7", The Lives We Fear, ce dont il allait être question dans son premier album, Prepare To Be Let Down. Et le groupe de Baltimore, soutenu par une production toujours impeccable de Jim Siegel (Dropkick Murphys, Have Heart, Guns Up!, Blacklisted), nous offre une réalisation de vingt minutes aux accents rageurs et désespérés, qui laissera sans doute peu d'amateurs du genre indifférents.
L'album débute par une intro mid-tempo à la guitare s'élevant crescendo et ouvre sur le morceau "Bottom Line : Fuck You", court, rapide et agressif, dont les premières paroles, assénées par Rob Sullivan, sont foudroyantes : "I gave up ... on metaphors and acts of sarcastic wit". La batterie pilonne, les riffs sont vifs et furieux, la basse lourde. Les titres entrecoupés de nombreux breaks, parsemés de changement de tempos, dénotent d'une recherche dans les structures, et certains mid-tempos, sans perdre de vivacité, se révèlent extrêmement intéressants et inventifs ("40 Miles North"). Des mélodies sombres et ténébreuses, confinant à la mélancolie, s'insinuent dans cette débauche de tension, et le désarroi, le désespoir, écrasants, imprègnent l'intégralité de l'album. D'autant que Rob Sullivan, la gorge lacérée par les ronces de l'amertume, de sa voix unique et déchirante, hurle sa solitude, son insatisfaction, ses relations ratées. Les textes, aux paroles graves, dures, parfois cruelles, comme peut l'être la vie, sont empreints d'une poésie touchante qui révèle, au delà de la révolte, toute la fragilité humaine. L'ensemble baigne dans une atmosphère à la noirceur crépusculaire non loin de Chain Of Strength ou Sinking Ships. Malgrè une inspiration certaine, il y a malheureusement quelques passages un peu trop prévisibles, des riffs quelque peu éculés, qui dérangent, vu la qualité de la réalisation. Néanmoins, ce point faible est souvent gommé par la présence du chant. Pour preuve, les trois derniers morceaux et notamment le très beau "Kiss That Motherfucker Good Night" qui n'a rien de transcendant musicalement mais qui recelle une forte charge émotionnelle due à un chant qui prend toute son ampleur, poignant et tendu, aiguisant jusqu'à la rupture nos nerfs à fleur de peau. Et pour parachever cette décharge de rage, s'élève un air mélancolique au piano : la pression tombe, les larmes montent, les pensées affluent, douloureuses et désabusées.
Enfin, un mot sur l'artwork, réalisé par Linas Garsys (Give Up The Ghost, Count Me Out, Damage, AFI), d'une tristesse infinie, à l'image du groupe : des dessins noirs sur fonds bleu/gris représentant des vols de corbeaux, des arbres aux branches dénudées ornées de pendus et un soleil rouge sang pour toute couleur ; un enfant sur une balançoire, une balançoire oubliée et cassée, autant d'images entraînant un processus de reflexion sur la vie qui rappelle encore une fois Sinking Ships.
Groupe à forte identité, dont l'influence majeure est le philosophe américain Henry-David Thoreau, auteur de "La désobéissance civile", Ruiner signe un premier album dans la lignée de Go It Alone et Sinking Ships, où l'émotion le dispute à l'inspiration musicale. Ne seraient certains passages qui auraient mérité un peu plus d'attention, mais que nous mettrons sur le compte de la jeunesse de la formation, Prepare To Be Let Down est un album réussi, qui fonctionne parfaitement, où l'on est souvent submergé par l'atmosphère tendue et desespérée qui se dégage des compos. Rob Sullivan est sans aucun doute l'âme du groupe, poète écorché vif, il prodigue au travers de ses textes et de sa voix une inflection particulière à l'oeuvre du groupe. Car Ruiner le bien-nommé donne la vision accablante des ruines de nos existences, plus noires que l'obscurité, mais où la rage rebelle permet de rester en vie malgrè tout.
A écouter sur Myspace : Kiss That Motherfucker Good night, The Lives We fear
A écouter : Kiss That Motherfucker Good Night, 40 Miles North, Long Time Coming
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