Alors même qu'il reste encore assez de grip à Steel Prowl pour tourner une paire d'années en solo, Rotting Out ajoute une nouvelle entrée à son répertoire. Au regard des qualités fixées sur ce premier jet, y apporter une descendance consistante pouvait autant relever pour ses géniteurs du jeu d'enfant que du piège merdeux dans lequel ils auraient vite fait de s'enliser. Chose que les gars de L.A. semblent avoir bien compris, donc, en préférant profiter de leur élan sans attendre que se dissipent les effluves de gomme usée soulevées il y a deux ans.
L'entrée en matière donne le ton d'emblée: Rotting Out poursuit son aventure et avance en terrain connu. Le Hardcore Punk véloce, du morceau titre repousse au loin la diarrhée Beatdown Hardcore lambda qui tend à nous pleuvoir sur le coin de la tronche par les temps qui courent. Un gros cran au dessus, également, des EPs des débuts, honnêtes mais alors encore trop peu dégrossis. Amateurs comme détraqueurs se quitteront une nouvelle fois dos à dos. Tant pis ou tant mieux, Rotting Out semble de toute façon s'en contrefoutre au regard de l'absence de concessions de ce nouveau méfait. Ici pas ou peu de tentations métalliques, toujours rapidement chassées dans l'urgence, The Wrong Way est un nouvelle fois un pur disque d'obédience Punk Rock - avec un grand P - friand de morceaux puissants et mélodiques qui disent l'essentiel en 2 minutes. Vu la durée de la session Rotting Out n'a de toute façon pas le temps de laisser traîner les choses.
Riffing incisif à tous les étages ("One more kiss"), brulots Hardcore Punk ("Verbal risk") contrebalancés par une véritable recherche de variété dans les compos et la rythmique ("Three of Us", énorme de groove, "No clue") et quelques mid-tempos bienvenus ("The shoot out"), textes lapidaires aboyés/chantés, chœurs incontournables mais toujours bienvenus car discrets: les Angelenos se donnent un mal de chien pour envoyer le bousin out en restant convaincants. S'ils tirent clairement vers les livraisons des patrons du genre (le Sick Of It All mid 90's avant tout, mais aussi Comeback Kid ou, dans une moindre mesure, Ruiner, les élans émotionnels en moins) qui occupent déjà le terrain de long en large depuis bien plus longtemps les gars de Rotting Out s'en sortent pourtant par le haut en infusant leur disque d'un feeling urbain sincère, sans fard, immédiatement identifiable et jamais démenti. Sous ses autours mélodiques The Wrong Way sent la rue, la jeunesse, la fougue et la rage saine sans arrière pensée. Un disque de Hardcore actuel fait à l'ancienne, libérateur et fédérateur, assurément taillé pour le live mais suffisamment empli de (très) bonnes choses et de street cred' pour éviter de ne trouver de raison d'être que dans les clubs. The Wrong Way affiche un potentiel franchement élevé/énervé et une résistance aux écoutes dont beaucoup devraient aimer pouvoir se vanter.
Contrairement à ce que selble indiquer le titre de ce second album, Rotting Out semble avoir trouvé les bons réglages pour avoiner trick sur trick. Ecole classique. Sans véritable surprise donc - entre continuité et progression évidente - mais également sans la moindre hésitation ni temps mort. Le disque d'un groupe qui sait où il va et pourquoi il le fait. De la trempe de ceux qui vous font de nouveau grimper ses auteurs d'une classe dans la famille Hardcore Punk. Ce qui, au rythme actuel des américains, nous promet des lendemains mémorables. A suivre absolument.
A écouter : Three of Us, Verbal Risk