Pour un premier album les américains de Rosetta ne font pas les choses à moitié, déjà par la durée, 2 CD d'une heure, ensuite par le superbe Artwork signé Aaron Turner (Isis) et fort heureusement également par leur musique. The Galilean Satellites a pour thème le voyage dans l'espace, celui d'un homme voulant se couper du monde et qui décide de se réfugier sur Europa (satellite de Jupiter).
Cette thématique du voyage spatial et de cette misanthropie sera exprimée avec conviction le long de ces 2 heures. Rosetta cite volontiers Isis ou Neurosis comme influence majeure, et inutile de le nier cela saute aux oreilles, pourtant le quatuor arrive à imposer son style et ne pas être une pale copie de plus.
Dans le foisonnement de la scène post-core (ou quel que soit le nom que vous lui donnez) les groupes apportant une pierre à l'édifice sont nombreux, mais peu viennent apporter de quoi cimenter tout cela, Rosetta fait partie de ce dernier groupe. Aux influences des deux « is » le groupe apporte une pincée de post rock pour des passages aériens calés là où il faut (qu'on comparerait bien à Explosions In The Sky) et balayés par une tornade de guitare saturée, le schéma est certes connu mais l'interprétation force le respect (cf le début d'Itinérant). Massif, voilà un adjectif qui siérait parfaitement à la musique de Rosetta, la voix n'a rien à envier à celle Von Till (Neurosis), à elle seule elle exprime une souffrance, une rage intérieure alors pendant ce temps les guitares / basse hurleront leur mépris ou au contraire la vacuité spatiale.
Pour le moment on ne parlait que du premier CD, le second lui sera dans une veine ambient, mais du genre ambiance plombée, lourde et pas franchement joyeuse. Le genre de CD à mettre en fond sonore pour une ambiance bien glauque. Par contre, en bon fan de Neurosis, Rosetta recycle les idées du groupe en permettant la superposition sonore des deux galettes, en effet les deux disques contiennent le même nombre de pistes et de durée identique, il suffit donc de mettre les deux CD en même temps pour découvrir un nouvel univers. Là où les compos pouvaient paraître aériennes on aura droit à une tout autre version, encore plus sombre, plus noise, une nouvelle lecture allant encore plus bas dans le côté dépressif et chaotique.
Rosetta signe là une très belle pièce, de par son artwork, son concept et ses petits bonus cachés (la superposition des titres) vraiment prometteuse pour un tout jeune groupe mais aussi grâce à sa musique qui arrive à respecter les codes du genre tout en l'adaptant à la personnalité du groupe. Un futur grand?
A télécharger : Europa.
Je suis moyennement adepte de ce style, mais là j'avoue, je suis bluffé.
Très bon!