Rosetta
Postcore

Quintessential Ephemera
01. After The Funeral
02. (Untitled I)
03. (Untitled II)
04. (Untitled III)
05. (Untitled IV)
06. (Untitled V)
07. (Untitled VI)
08. (Untitled VII)
09. Nothing In The Guise Of Something
Chronique
Isis n'étant plus, qu'en est-il de l'héritage laissé par Aaron Turner et sa bande à la scène Post Metal Américaine ? À sa sortie, Oceanic ouvrit une brèche d'où émergea une multitude de formations desquelles Rosetta se démarqua avec son désormais culte premier album The Galilean Satellites. Dix ans plus tard, Quintessential Ephemera, cinquième album du combo de Pennsylvanie est le premier enregistré en quintet. Un virage dont on ne tarde pas à distinguer les premiers remous.
Ce démarrage grandiose et en douceur avec l’enchaînement After The Funeral / Untitled I pousse vers un chant clair sorti de l’intérieur des entrailles qui vous déchire le cœur et qui transporte au gré des mélodies créées par le nouveau visage à cinq faces du groupe. Cette superposition des deux vocalismes, aussi courante dans ce genre musical qu'elle est rare chez Rosetta, possède ce je-ne-sais-quoi de magique qui vous fait vaciller. Les mélodies créées par le nouveau trio à cordes se croisent et se décroisent, retournant régulièrement vers la partie aiguë des partitions, tandis que la batterie, avec son jeu en fréquence omniprésent, ne s'effacera qu'aux moments propices (Untitled III). L'interlude Untitled IV, référant à un son plus électronique planant, rappelle le travail de This Will Destroy You, signe d'une affiliation Post Rock appuyée qui rend leur musique moins lourde et plus poétique. Les écoutes de l’œuvre dans son intégralité se suivent et s'écoulent sans que l'ombre d'une lassitude vienne pointer le bout de son nez, à l'inverse de The Anaesthete.
Avec les années, Rosetta continue d'évoluer que ce soit sur le fond comme sur la forme. Il n'aura pas fallu longtemps au nouveau et second guitariste Eric Jernigan pour prendre ses marques et réussir à jouer et chanter en parfaite harmonie avec des musiciens qui, pourtant, collaborent ensemble depuis plus d'une décennie.
Comme à son habitude, l'album est disponible en téléchargement libre sur internet. On est donc en droit de se demander comment un groupe qui ne tire quasiment aucun bénéfice de ses albums en support numérique et qui a pour principe de maintenir un degré de composition élevé et une production aussi poussée réussi à prospérer sans le soutien d’une maison de disques. Une telle vision artistique, qu'il s'agisse de la conception ou de la distribution de l'album, ne peut qu'être grandement saluée.
Fait étrange mais peu surprenant, le groupe ne prend pas la peine de nommer les différentes parties du corps principal de son œuvre alors que l'intro et l'outro, purement instrumentales, ont un nom. Il garde également sous silence les paroles, désireux de voir l'auditeur faire un travail de lui-même afin de pénétrer ce nouveau concept et comprendre la signification des paroles en cohérence avec la musique. Rosetta propose ainsi davantage qu'une simple écoute, créant des liens audibles entre chaque composition jusqu'à les changer en une entité unique. C'est une invitation à la réflexion qui, si l'on est attentif et persévérant, mène vers un univers fascinant.
L'album est en téléchargement gratuit sur Bandcamp.