Rorcal
Drone / Doom

Split avec Process Of Guilt
Chronique
Un split entre Rorcal et Process of Guilt pouvait annoncer un choc musical plus qu’intéressant. Deux combos ayant une perception de la musique assez sombre allaient s’affronter sur quelques titres pour voir qui était le plus à même de poser une chape de plomb sur les derniers jours ensoleillés de l’année.
A ma gauche, Rorcal, responsable d’un Vilagvege imposant : Les Suisses reprennent d’ailleurs la suite directe de l’album avec « IX », « XI » et « X », compos assez proches musicalement dans son extrémisme mêlant Black, Doom et Sludge. Thou ou Deuil seront également passés par là avec succès depuis la sortie du dernier opus en date de Rorcal, mais il y a ici une sensation d’étouffement constante. Le groupe joue sur la haine et continue d’affiner cette image déjà créée depuis Heliogabalus, s’appropriant l’essence Black Metal au travers de certains riffs (le début de « X »). Le parallèle avec Deathspell Omega n’a jamais été aussi explicite car on retrouve les mêmes ambiances au sein des deux combos, une atmosphère à la fois divine et impie. Rorcal satisfera les adeptes de l’obscurantisme, même si je regrette personnellement qu’il ne soient pas allés encore plus loin dans cette haine viscérale pour enfoncer le clou.
De l’autre côté, Process of Guilt : Bien moins virulent que leurs comparses, les musiciens plongent ici dans un lac gelé pour livrer trois titres angoissants (l’intro de « Liar - Movement I » sera parfaite pour les longues soirées d’hiver). Tout est lent, comme ralenti par une température proche de zéro mais Process of Guilt avance malgré tout, mastodonte musical prêt à en découdre (« Liar - Movement II »). Inconsciemment, il est aisé de penser également à Deuil, mais aussi à Sunn O))) par ses notes étirées jusqu’à essoufflement (« Liar - Movement III »). La trilogie ici jouée par Process of Guilt est un fil tendu jusqu’au bord de la rupture, et la surprise est de taille car on se retrouve sans s’en rendre compte à relancer les trois titres de manière continue pour s’accrocher cette peur qui gonfle crescendo.
Alors s’il ne devait en rester qu’un, ce serait Process of Guilt : même si Rorcal reste au niveau de Vilagvege, les Portugais captent l’attention de manière continue au travers de 3 mouvements angoissants. Pour autant, en prenant suffisamment de recul pour avoir une vision d’ensemble, ce disque remplit toutes les conditions attendues et se résume en un unique mot : captivant.