Biographie

Romeo is bleeding

Un premier MCD en 2000 et un split en 2001 marquent les débuts bruyants et enervés de Romeo is bleeding. Ces 2 productions, dans la veine de Cave in (première période) ou de Botch, caractérisaient l'émergence d'un talent certain au sein de ce groupe venu d'Aix en provence.
Ce talent, qui ne demandait qu'à s'exprimer pleinement, on l'attendait tous sur leur premier véritable album annoncé pour 2003. C'était sans compter les problèmes de pressage, de production et autres détails venant retarder la distribution ! Bref, impossible de se procurer l'album avant début 2004...mais bon, ça y est, les 10 titres d’"Introspections" sont enfin disponibles !
Ce premier album marque également leur séparation, dommage, on tenait là une grande pointure du genre.

Chronique

16 / 20
1 commentaire (17/20).

Introspections ( 2004 )

Difficile de poser des mots sur la musique de Romeo is Bleeding, la richesse et l'originalité des compositions déroutent durant les premières écoutes. On se perd et l'envie de passer à un autre disque est croissante...jusqu'à cet instant, cet instant pendant lequel on s'arrête, les yeux dans le vide en se disant presque mot pour mot : "Quelle claque !".

Introspections n'est donc pas un album facile à apprivoiser, mais les curieux seront comme d'habitude, fortement récompensés de leur persévérance. La musique de Romeo Is Bleeding est ouverte à de multiples influences et s'aventure autant dans le Rock'n Roll que dans le screamo en passant par des passages vocaux à la Faith No More (sans blague !). Des morceaux comme "Pink poison" ou "Sometimes" rappellent en effet les intonations de voix de Mike Patton (période King for a Day).
Les styles s'entrechoquent et les morceaux changent brusquement d'orientations et de styles. Le groupe évite le classique couplet/refrain et exploite plutôt un côté progressif, plus complexe, moins accessible mais au final moins lassant.
Le groupe sait aussi calmer le jeu via l'intégration de piano et de violon aux mélodies. Sur ce point, pas grand chose à dire si ce n'est que c'est réalisé avec classe. La production, impeccable, marie parfaitement la douceur du piano et l'énergie des guitares.
La chant est maîtrisée quelque soit le registre et il faut bien avouer que la chose est véritablement très impressionnante. Les passages screamo hardcore écorchés sont parfaitement exécutés à l'image de "Clair obscur" ou du magnifique "Métropolis".

Les compositions, très riches, dénotent une grande maîtrise technique, mais ne laissent pas de coté une agressivité des plus sincères (même si certains passages sont un peu poussés). On retiendra également les 11 somptueuses minutes de "Nagonytt" qui clôture l'album en apothéose. Un titre final qui mélange electro, trip-hop, guitares saturées et ambiances japonisantes avec une grande aisance. Le tout est soutenu par une voix féminine/enfantine qui transporte vers des sphères de douceur et de volupté bien souvent inaccessibles.

Pas de doute, on est loin du hardcore violent et "rentre dedans" des premières productions de Romeo is bleeding. Les fans de la première heure n'apprécieront peut être pas ce brutal changement de style, mais ce serait commettre une erreur que de se détourner de cet album tant ils nous prouvent l'étendue de leur talent.
Une chronique qui arrive certes "post-split" mais qui se devait d'exister tant cet album se hisse sans mal dans le peloton de tête des productions hardcore françaises de cette année.

Téléchargements : Clair obscur, Pink poison.

A écouter : Clair obscur, Metropolis, Nagonytt