Halloween 2005, près de 1500 personnes dans une salle de réception d’un hôtel de San Diego. La Mort, Bébé Kong, Bjorn Borg et des dizaines d’autres spectateurs sont présents, en tenue de soirée de circonstance. Entrée en scène grandiloquente, cérémonieuse, (un brin pompeuse)… Les enterrés de Rocket From the Crypt refont progressivement surface une dernière fois, affublés de costumes africains (John ‘Speedo ‘ Reis a sorti sa panoplie de Screamin’ Jay Hawkins pour l’occasion).
Les années ont passé, et ces hommes qui ne sont plus vraiment dans la force de l’âge arborent les formes de leur âge : la brioche et le double menton sont de rigueur! Tel un Elvis sur le déclin, Speedo 'Ladies and Gentlemen' Reis tente de maintenir sa barque à flot en renouant avec sa prime jeunesse sur les titres d’ouverture bien anciens ("French Guy", "Don’t Darlene"). Les titres s’enchaînent sans pause, le sextet est dans le rythme même si son frontman un peu tendu a du mal à atteindre la justesse.
Une demi douzaine de titres fusent et Reis communique un peu plus avec le public... Il est cepedant vite refroidi lorsqu’il reçoit un pistolet en plastique en travers de la tronche (acte volontaire ?). Un moment déboussolé, il sourit jaune mais ne se laisse pas démonter et continue à jouer… L’incident semble toutefois le mettre quelque peu en rogne. Il demandera avec insistance à l’assistance de ne pas jeter ses costumes sur scène. Plus tard dans le concert, c’est l’ensemble du groupe qui s’en prend à un des rares slammers en le faisant quitter la scène à coups de pieds au derrière, s’arrêtant de jouer et expliquant que personne ne doit envahir 'leur' espace.
A travers ces légers couacs qui refroidissent l’ambiance (on le ressent moins sur le CD grâce au montage), c’est tout un état d’esprit qui se découvre progressivement. RFTC a beau jouer du punk et du rock ‘n roll, le crier haut et fort… l’esprit n’est plus vraiment là. Les ficelles du spectacle sont de plus en plus visibles et chacun reste à sa place (au propre comme au figuré). Speedo le sous entend d’ailleurs volontiers dans le livret explicatif (chanson par chanson) : ce concert arrive trop tard, la flamme est déjà plus qu’à moitié éteinte et le combo n’est là que pour une re-présentation finale : pour offrir des images et pas forcément pour vivre à plein un moment de communion (en ont-ils les moyens physiques de toute façon ?)
Les brûlots pas si incandescents s’accumulent (il y en a 19 sur le CD mais 27 sur le DVD qui documente davantage la période major des Californiens), et la répétitivité succède à l’énergie, les forces du groupe s’amenuisent et ne font que traîner en longueur l’opus qui n’a certainement pas l’odeur et la sueur de l’expérience in situ.
Restent quelques morceaux de bravoure qui sortent du lot ("I’m Not Invisble" / "Get Down", "Shy Boy" / "Velvet Touch", "Born in ‘69", "On A Rope"…) mais au final la performance tient difficilement la comparaison avec les images d’archive passées en préambule du lever de rideau qui font songer à une grande messe avec le public, sans aucune barrière : le bordel sur scène, la fougue et le sourire, la spontanéité rock ‘n roll… envolés.
(Un petit mot sur l’aspect technique du DVD : menu simpliste, le son est bon, mais les images ne sont pas d’une grande qualité – ça pixellise. Toutefois on compense ici par une multitude d’angles de vue qui offrent une retranscription plutôt convaincante dans l’ensemble, bien qu’à juste titre principalement axée sur l’ego de Speedo).
A écouter : "I'm Not Invisble" ; "Velvet Touch"