A lire le communiqué de presse, Riktus serait presque la révélation de ce début d'année grâce à Dévotion. Le groupe qui efface les limites entre musique et bruit, complexe et mature. En somme, le genre de groupe qui existe depuis un bail. Sauf que dans la réalité, Riktus et son Dévotion ne sont pas aussi géniaux.
Rendons à César ce qui est à César. L'album est maîtrisé, technique sans devenir pour autant une succession indigeste de notes survoltées, avec quelques airs d'August Burns Red ou Unearth (The Insanity Within, Good Or Not). Ainsi, du Metalcore de bonne facture, créatif et énergique. Mais lorsqu'on creuse un peu plus, le maquillage s'effrite. Les 10 compos sont certes agréables, entraînantes et non dénuées de technicité, mais il n'en demeure rien d'exceptionnel, surtout si l'on enlève les riffs rentre-dedans mais trop banals (un vague condensé de Killswitch Engage & August Burns Red). Néanmoins, Riktus a l'honneur d'éviter de proposer un album redondant. Les mélodies restent variées comme le montrent The Day I Fell Down ou Kandahar et le chant clair évite de devenir mièvre lorsqu'il est présent. Dévotion ne s'embourbe ainsi pas dans son statut d'album Metalcore efficace et direct, creusant pour aller au-delà. On appréciera ainsi des compos comme Nothing Left To Prove ou This Empty End World (si l’on enlève le passage rock énervé), plus orientées hardcore mélo aux airs de The Carrier.
Autre point noir, certains passages semblent totalement décalés. Le chant de Nothing Left To Prove semblant enregistré avec un écho plus que désagréable qui casse toute la souffrance transmise par les cordes vocales ou encore le chant plus clair sur The Insanity Within un poil instable ne sont que quelques exemples.
Dévotion n'est ni trop bon, ni trop mauvais. L'album fourmille d'un paquet de bonnes idées parfois utilisées maladroitement. Efficace, sans pourtant remplir le cahier des charges espéré (je cherche encore la ressemblance avec Dillinger Escape Plan), Riktus s'écoutera sans réfléchir, ravira les fans d'August Burns Red et consorts, mais se savourera sans doute plus en concert.
A écouter : The Day I Fell Down - Nothing Left To Prove