Rhythm To The Madness

Hardcore / Metal

Belgique

Weltschmerz

2008

Chronique

par Peps

Entre le nom du groupe qui laisse entendre qu'on est parti pour se déhancher follement jusqu'au bout de la nuit, un artwork étrange aux accents psychédéliques et un titre d'album évoquant un plat traditionnel autrichien ou encore un programme de remise en forme en ex-Allemagne de l'Est, on ne peut pas dire que ce groupe belge n'a pas fait son possible pour brouiller les pistes, volontairement ou non. Et pourtant, une fois familiarisé avec leur travail (et moyennant une petite incursion dans un dico français-allemand, soyons honnête) tous ces éléments finissent par prendre sens.

Sur le fond d'abord, il faut savoir que Weltschmerz signifie mélancolie, ou encore 'monde' et 'souffrance' une fois décomposé. Et la mélancolie, à la base, ce n'est pas juste un petit état d'âme tristounet, c'est plutôt pratiquement une maladie psychologique qui, à l'extrême, peut aboutir au suicide. A force de porter toutes les souffrances du monde sur leurs épaules, il semblerait en effet que certains craquent. Mais pas question de craquer ici, et ce malgré les très bons textes de Klaas Voets qui, c'est clair, ne respirent pas la joie de vivre, et auront tôt fait de vous faire oublier les jolies couleurs de la pochette. Pourtant, jamais non plus ces textes ne sombrent dans un complet fatalisme, ou même désespoir. Trouver sa voie, tenter de ne pas toujours se refermer sur soi-même et cultiver une certaine volonté d'aller de l'avant viennent quelque peu compenser le marasme dans lequel semblent se débattre les pensées du chanteur.

Il fallait alors imaginer une bande son pour accompagner cette sombre folie ('madness') et cette dualité. Et on peut constater que le contrat a été rempli avec talent et non sans une certaine originalité, surtout au sein de la scène hardcore actuelle, de surcroît européenne. Bon c'est clair que l'ombre de l'immense Age of Quarrel des Cro-Mags plane sur les huit titres proposés ici, mais cette influence assez évidente se mêle à d'autres aspects moins courants empruntés tantôt au vieux thrash (le riff de "Time Grown Old" par exemple), tantôt aux côtés planants et presque psychés du heavy metal à la Black Sabbath (très présents sur l'excellent "Man of Unclean Lips" avec ses tambourins et ces lignes de basse envoûtantes). Une fois accompagné du chant d'un Klaas Voets véritablement possédé par on ne sait quel démon, et de nombreux et plaisants solos des guitaristes, cet album vous balade alors entre tempos rapides rageurs et passages plus lents qui vous engluent tels de sombres sables mouvants, pour un résultat finalement assez personnel. Vient alors l'ultime morceau, et son titre explicite "Where Hope is the Coldest", qui vous laisse vidé, après huit minutes aliénantes qui paraissaient pourtant vouloir prendre fin à mi-parcours. Mais là où nous emmène Rhythm To The Madness, il ne semble pas être question de répit.

C'est donc au final une très bonne première production que nous offre cette jeune formation à l'avenir prometteur. Mais pour pleinement l'apprécier encore faudra-t-il adhérer à leur identité musicale très particulière et à des kilomètres de ce qu'on a aujourd'hui l'habitude d'entendre comme combinaison du metal et du hardcore.

15

Tracklist : 1. Law of Closure (Open Graves) ; 2. Time Grown Old ; 3. Into Tranquillity ; 4. Man of Unclean Lips ; 5. How Our Pain Endures ; 6. Sleeping Evil ; 7. Handle the Heights ; 8. Where Hope is Coldest

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