Révocation : Acte par lequel l'auteur d'un fait décide de
l'anéantir/mesure disciplinaire qui vise à retirer les pouvoirs confiés à une
tierce personne pouvant aller jusqu'à son éviction... Une pochette avec un
monstre inspirant crainte et souffrances... On s'attend donc ici à trouver un groupe
de Death qui envoie la sauce sans subtilité, Existence is Futile sorti en 2009
nous montre que, et bien pas du tout, c'est justement l'inverse.
Ce doit d'ailleurs être assez compliqué pour les personnes
qui ne s'y connaissent pas un minimum pour apprécier ce Thrash/Death technique
à sa juste valeur. Les rythmes sont plutôt compliqués, et il y a très peu de
riffs accrocheurs (cf : Dethonomics). Revocation n'est donc pas le genre de
groupe à faire écouter au petit frère de sa collègue, qui souhaite découvrir le
metal. C'est en revanche le seul groupe de Thrash depuis les titans que sont
Slayer, Pantera ou Metallica à s'offrir
une réelle identité auditive, une originalité dans l'approche des morceaux et le
tout de qualité, s'il vous plait. Tous les musiciens ont un niveau
stratosphérique, la recherche sonore est nickel et le mixage parfait, rien à
dire de plus sur le savoir-faire employé pour confectionner l'album.
Autre marque de
fabrique et pas des moindres, Revocation est un groupe qui est extrêmement
technique et dans cette gamme de groupes en général il y a deux catégories :
ceux qui sont tellement techniques qu'on ne comprend plus l'instrumentation ou
les morceaux, et ceux qui font de la démonstration technique sous prétexte de
musique. Ici, il n'en est nullement le cas. Grâce à la richesse d'inspiration et
de composition, les Américains parviennent à créer des partitions virevoltantes
sans sombrer dans aucun travers mentionnés précédemment, comme peuvent en
témoigner Leviathan Awaits ou Across Forests and Fjords. Tantôt mélodiques avec
des breaks inédits comme sur The Tragedy of Modern Times, ou plus rentre dedans
comme sur Pestilence Reigns, chaque plage sonore respecte cette règle de
justesse.
Alors certes toutes les chansons d'Existence is Futile ne se
valent pas, mais tous ont en commun la virtuosité avec laquelle elles sont
interprétées. A l'écoute ça parait simple, ça sonne bien mais c'est en réalité
très compliqué ! Les solos, présents sur quasiment toutes les pistes, sont
inventifs (cf Dismantle the Dictator) et réalisés avec une maestria digne de
celle des plus grands, on pourra citer Dimebag Darrel, Alex Skolnick (Testament)
ou Tosin Abasi (Animals As Leaders). Il faut ajouter à cela qu'en 2009, Revocation
est encore un trio, et que David Davidson fait toutes les guitares et est le
chanteur du groupe, ce qui ajoute encore une difficulté supplémentaire à sa
prestation qui est déjà magistrale.
Nous avons ici un opus d'une grande qualité, très subtile et
travaillé, qui est en réalité un exemple que devraient prendre beaucoup de
musiciens confirmés pour améliorer leur technique ou leur recherche créative,
quand on sait par la suite que le groupe fera sept albums du même acabit en
huit ans, cela ne peut que forcer le respect.
A écouter : Across forests and fjords, Dismantle the dictator