En signant chez Sub Pop et en sortant dans la foulée son deuxième album, Retribution Gospel Choir a surpris son monde. Ce qui n'était voué à n'être qu'un side-project d'Alan Sparhawk (Low) a pris corps comme un groupe à l'identité propre. Le trio s'est émancipé de ses attaches et laisse désormais libre cours à ses décharges électriques, boosté par l'expérience live, qui a été conçue comme un véritable révélateur de ses possibilités.
Si l'emballage est sobre (10 morceaux totalisant 33 minutes), l'énergie scénique du contenu est palpable, la spontanéité de l'ensemble, quant à elle, fait mouche. 2 ne possède plus la retenue qui se dégageait de l'éponyme. Avec une production audacieuse et une batterie percutante (formidable travail d'Eric Pollard derrière les fûts), Retribution Gospel Choir distille un indie rock nerveux ("Your Bird", "Workin' Hard") qui tire ses racines du blues des années 70. L'ombre d'un Neil Young électrique plane tandis que Sparhawk se la joue cavalier seul au galop ("White Wolf"). De la même manière, l'interlude "'68 Comeback" vient célébrer la naissance du riff Sabbathien perpétuant ainsi une dynamique atemporelle, qui trouve son aboutissement dans la discrète ballade "Bless us All" qui n'aurait pas dépareillé chez Low.
La première écoute révèle la cohésion de l'ensemble, la fluidité des enchaînements, des variations de rythmes ("Your Bird"), typiques d'un songwriting riche, qui cherche constamment à aller de l'avant. La seconde, elle, met en valeur le soin apporté aux compositions. La production surprenante aux différentes couches sur "Something's Going to Break" fait écho aux méandres psychédéliques des morceaux les plus longs, de fait les plus intéressants. Sombre ballade, "Poor Man's Daughter" se conclut sur un solo abyssal où le feeling de Sparhawk s'exprime à plein. Le guitariste récidive d'ailleurs durant les 8 minutes d'"Electric Guitar", odyssée longue qui tranche avec le côté direct et facile des compositions plus riffées citées précedemment. Sous forme de jeu de miroirs, Retribution Gospel Choir livre un vrai tribute décomplexé aux seventies en restituant à la fois leur côté enfumé, voire épique, et l'immédiateté de pop songs énervées.
Petite pépite dont l'éclat se révèle progressivement, 2 fait montre d'une maîtrise de ses effets, de bout en bout. A lui seul, la puissance du jeu développé rend compte de l'investissement des trois compères. Une débauche d'énergie, sous-tendue par la finesse du jeu de guitare, qui donne immanquablement envie de voir l'expression vivante de ces morceaux sur scène. Histoire de confirmer, si l'album ne vous suffit pas.
A écouter : Your Bird - Poor Man's Daughter - Electric Guitar