Si la vieille dame de l'artwork aurait presque des allures de banshee bretonne, il est clair que la musique de Resurrectionists tient moins de la tradition bigoudenne que de celle de Brême. Certes il y a un peu de Systral dans le chaos structuré proposé par le groupe, mais cette production lorgne clairement vers Orchid ou Shikari. Neuf titres uniquement là pour lacérer les conduits, user les patiences, par le biais d'une frappe chirurgicale que même le style peu assuré et pas des plus académiques de Jojo le batteur (c'est pas une blague) ne parvient pas à faire dévier. Lars et Sabine s'agressent littéralement, se crachant à la gueule quantité d'épithètes pour exorciser leurs noirceurs, le premier dans un registre grawlé qui nécessite un temps d'adaptation quand le second apparaît comme plus hystérique, apeuré, mais aussi plus conforme à ce que l'on attend.
Raide et rugueux comme de la toile eymeri, Resurrectionists n'en possède pas moins une facette plus fragile qui se matérialise par des mélodies plus écorchées, présentes un peu partout, plus particulièrement lorsque le tempo se ralentit et donnant à l'album une atmosphère plus épique et moins dilettante que ce que l'on pourrait penser de prime abord ("II30", "Fuck your Tolerance"). Et ce n'est pas la cover d'Eyehategod en hidden track ("Zu Langsam"), aussi anecdotique que pourrie, qui écornera la tendance générale. Un album bien foutu, transperçant comme un carreau d'arbalète, mais dont le seul tort est d'arriver un an après la bombe des intouchables Battle Of Wolf 359.
1. Fuck Your Tolerance*, 2. Blutsauger*, 3. Sinnstifter, 4. 451, 5. Ü30, 6. Gedankenfresser, 7. Symbolcharakter, 8. Alles Wird Anders, 9. Zu Langsam
A écouter : Pour s�r.