Il y a certainement pas mal de ressentiment, de défaitisme à l'écoute de Hanging On Rebellion. L'artwork est explicite, la tête de la statue de la liberté trônant au milieu des ruines donne le ton. La recherche de quelque chose à sauver, mais plus trop d'espoir de trouver quelque chose de vivant. Ça y est, on a baissé les bras, le combat est perdu, ne restent que les yeux pour pleurer et les plaintes incessantes en espérant qu'une âme charitable voudra bien les entendre pour venir se morfondre avec nous.
Avec Hanging on Rebellion, Remains of the Day prend encore à contre-courant tout un pan de la scène crust. Entre punk véloce dans le genre Tragedy et le mélodique emo, le quatuor de Portland manie à merveille les nuances et les ambiances, donnant à l'album une teneur moins rêche que Underlying Frequency, plus dans l'optique His Hero Is Gone. Ici l'approche est rapide, puissante, mais là où les From Ashes Rise ou Tragedy misent surtout sur l'impact et le côté insurrectionnel, Remains Of The Day prend le parti de se tourner vers l'intérieur, d'expulser l'amertume qui se terre au fond des tripes. Ce qui explique aussi ce rendu plus souple, plus prenant et aussi émotionnellement plus chargé, en partie dû à l'utilisation du violoncelle. Certes Requiem et Cwill sont déjà passés par là, mais l'apport de Rachel apporte à l'ensemble une touche mélancolique rarement égalée. Loin d'être un instrument d'appoint, il étend son voile sur toute la musique de Remains Of The Day, une nappe douce, perceptible mais paradoxalement assez discrète qui donne tout son sens à des titres comme "Only to Infinity" ou le frissonnant "Elusive Reflections". Et que dire du tryptique introductif "Dreaming Drowning", "Therapy For the Appointed Man" et "Depicting the Subtleties" qui nous prend par la main pour nous entraîner dans les décombres de notre civilisation, ces vestiges qui sont la thématique centrale du combo de Portland. La suite n'est qu'une formalité.
Huit années se sont écoulées...Remains Of The Day a remisé sa rébellion dans les flight cases, mais l’œuvre demeure, intacte, malgré un petit coup de vieux dû à la production lo-fi qui a du mal à franchir la décade. Beaucoup plus qu'un must have malgré tout, un incontournable aux côtés de Vengeance, Nightmares ou Monument to Thieves.
A écouter : Therapy For the Appointed Man, Elusive Reflections, Only to Infinity