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Biographie

Refusal

Fondé en 2008 à Helsinki, Refusal a pour dessein de faire un death metal infusé de grind. Ses cinq membres sont : Niikka Lius / voix Tero Pirhonen / guitare  Kalle Kuosmanen / guitare Timo Pirhonen / basse  et Aleksi Roitto / batterie.

Leur premier opus  We rot within est sorti en janvier 2016, le second Epitome of Void trois ans plus tard.

Chronique

14.5 / 20
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Epitome of Void ( 2019 )

Venus tout droit de la capitale finlandaise, Refusal nous propose son deuxième méfait avec Epitome of Void trois ans après un We Rot Whithin plein de promesses pour l'avenir. Les Helsinkiens vont tenter de renouveler l'effort précédent et essayer de montrer qu'on peut encore faire du grind de qualité en 2019.

La guitare bien plus présente que sur le premier album reste toujours aussi grinçante, avec sa tonalité froide et son crunch à débiter des bûches par paquet de trente. La basse métallique rend du plus bel effet, le mix de la batterie est lui en revanche plus en retrait mais quelque part plus équilibré ce qui donne un rendu final très propre, certains diront peut être même trop propre pour un opus qui fait la part belle au grind. Quoiqu'il en soit la voix non sans rappeler notre cher Barney de Napalm Death finira de mettre tout le monde d'accord. Quelques riffs bien lourdingues à la Entombed viennent également émailler le tout donnant ainsi une toute autre dimension à l'ensemble, ma foi fort appréciable.

La comparaison avec Napalm Death ne se limite pas à la voix. Les phrasés identiques sur Suffocate ainsi que la structure pourraient vraiment faire penser que l'on entend une œuvre de Shane Embury et ses sbires. Par ci par là sur certaines chansons on retrouvera également cette présence. Bien qu'évocatrice on ne peut cependant pas penser au plagiat car au global on a une saveur différente, qui peu tirer parfois sur un postcore entêtant à la The Red Chord, même si l'on est très clairement dans le deathgrind. Les morceaux, très cohérents entre eux ont bien souvent beaucoup de caractère et se forgent une réelle entité, en témoignent Disgust et concrètement toute la seconde moitié de l'album qui est légèrement plus créative dans son approche.

Il est intéressant d'observer ici la mesure qu'ont les proportions dans la musique de Refusal. Bien que matraquant sévèrement tout au long de l'écoute, les finlandais parviennent à pondérer leurs effets et les émotions qu'il s'en dégage en mettant à chaque fois juste ce qu'il faut. Niveau ressenti on est constamment entre la rage, le regret et le désespoir, un cocktail sombre et brutal en adéquation avec les paroles. Ce dosage c'est ce qui fait la justesse de leur musique. La maîtrise se ressent également sur l'exécution impeccable voire métronimique du quintet nordique. Il manque peut être une petite dose de folie à cet ensemble très rigide et inflexible pour donner quelque chose de très grand.

Epitome of Void qui signifie littéralement "Exemple de vide" fait ici référence au manque d'identité de l'humain contrait à se façonner à une société dépeinte ici comme un système par définition inhumain et qui va donc chercher à enlever tout ce qu'il y a d'humain parmi ceux qui la composent. Leurs membres se conformant à la norme devenant ainsi parfait en apparence mais vides en essence, tels des pions qui n'existent que pour l'usage que l'on en fait. Vision cynique mais réaliste de la maladie sociétale actuelle. Par extension nous avons ici une critique mettant le doigt sur le manque de liberté qu'il incombe à trop vouloir faire comme les autres ou à vouloir trop se conformer à l'image que les autres attendent de soi. La liberté se fait dans le pluralisme et l'expression.

Encore plus pertinent et mieux pensé que leur premier acte, Refusal réitère et trouve de mieux en mieux son identité. Ils n'ont rien inventé, mais ils le font sacrément bien. Si vous êtes fans de Napalm Death, d'Entombed, de deathgrind ou de bon metal, Epitome of Void est un album à écouter.

A écouter : suffocate, slaves, void