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Biographie

Red Sparowes

Red Sparowes est un projet que l’on doit à l’initiative de Josh Graham (Guitare), réalisateur de clips à ses heures et responsable par ailleurs des créations visuelles de Neurosis. Désireux de s’exprimer désormais par le son, il va s’entourer de Bryant Clifford Meyer (Guitare) et Jeff Caxide (Basse) qui officient chez Isis, de Greg Burns (Basse / Pedale Steel), ainsi que de Dana Berkowitz (Batterie). Formé en 2003, le groupe atterrit naturellement sur le label fondé par Neurosis, à savoir Neurot Recordings. Outre les relations amicales entretenues entre les différents groupes concernés, la musique de Red Sparowes ne s’inscrit pas moins dans la logique artistique du label : le rejet de toute forme de complaisance. Les musiciens pouvant se targuer d’une expérience certaine après qu'Andy Arahood (Angel Hair) et David Clifford (Pleasure Forever) aient remplacés Jeff Caxide et Dana Berkowitz, ils mettront très rapidement sur pied ce qui va devenir At The Soundless Dawn, leur premier album. Le groupe n’a pas eu besoin d’attendre sa sortie en février 2005 pour le défendre sur scène, en compagnie de groupes tels que The Dillinger Escape Plan, Made Out Of Babies, ou encore Pelican et Breather Resist durant l’été 2005. Par ailleurs trois splits suivent cette sortie. L'un avec Gregor Samsa, l'autre avec Grails, puis le dernier intitulé Triad avec Made Out Of Babies et Battle Of Mice, les deux groupes de la chanteuse Julie Christmas. Après cette tournée, le groupe se lance dans l'écriture d'un second album, Every Red Heart Shines Toward The Red Sun en 2006, puis repart sur les routes américaines et européennes aux côtés de Nick Cave And The Bad Seeds. Parallèlement sort un disque live la même année : Oh Lord, God of Vengeance, Show Yourself!.

En 2008, Josh Graham, le créateur de Red Sparowes délaisse le groupe pour son nouveau jouet musical : A Storm Of Light. Les membres restant ne se laissent pas abattre, recrutent Brendan Tobin (Guitare) et enregistrent l'ep Aphorisms avec l'aide de Toshi Kasai (The Melvins, Big Business, Tool), mais l'on sent bien que la fougue des débuts n'y est plus. En 2009, Emma Ruth Rundle remplace Brendan Tobin en tant que guitariste et Red Sparowes retourne en studio pour enregistrer The Fear Is Excruciating, But Therein Lies The Answer. Celui-ci sort en 2010 sur Sargent House.

16 / 20
3 commentaires (16.5/20).
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The Fear Is Excruciating But Therein Lies The Answer ( 2010 )

The Fear Is Excruciating. But Therein Lies the Answer, derrière ce titre à rallonge se cache tout simplement le troisième opus des pérégrinations post-rock de Red Sparowes.

Autant évacuer tout faux suspense, ce nouvel album n'offre que peu de surprises, mais bénéficie d'un talent certain pour la ritournelle entêtante comme ces excellents prédécesseurs. Entre accalmies et envolées alambiquées, le canevas des compositions reste le même, pour un plaisir renouvelé. Dès le début, In Illusions of Order fait mouche et transporte illico l'auditeur quelque part dans les limbes nappées de brume.

La bande de Josh Graham nous offre avec ce nouveau voyage des mélopées habiles où la sensation d'apesanteur demeure, contrebalancée par une énergie communicative. La musique de Red Sparowes se déploie ainsi avec son lot d'arrangements bien troussés, comme sur le très réussi A Hail of Bomb, plus vif et abrasif qu'à l'accoutumée. Les guitares geignent ou vrombissent par instants dans un même mouvement capricieux pour nous offrir Giving Birth To Imagined Saviors.

On retrouve par ailleurs des motifs instrumentaux connus pour A Swarm et In Every Mind, en ayant recours à la pedal steel, véritable marque de fabrique de Red Sparowes. On en ressort une nouvelle fois conquis par la justesse de ton. En clair, le groupe n'ennuie pas parce qu'il privilégie l'emballement et la recherche d'ambiances à d'interminables plages instrumentales typiques du genre post-rock, ce que vient confirmer le tonitruant As Each End Looms and Subsides.

Ce troisième album de Red Sparowes n'est sans doute pas leur meilleur, mais séduit en creusant le sillon atmosphérique dans lequel le groupe excelle.

Giving Birth To Imagined Saviors en écoute sur le myspace.

A écouter : d'une traite
18 / 20
12 commentaires (18.33/20).
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Every Red Heart Shines Toward The Red Sun ( 2006 )

The Great Leap Forward ou "Le Grand Bond En Avant" (en savoir plus). Nous sommes en Chine à la fin des années 50, ou peut-être demain ailleurs dans le monde. Le rouge est de saison, il a tué par millions, le rouge est communiste, mais pas seulement. Every Red Heart Shines Towards The Red Sun est le deuxième album de Red Sparowes. Un concept album dont la pochette (oeuvre de Josh Graham bien sûr) est rouge comme le sang qui a séché. Celui d'une histoire vieille d'un demi-siècle dont les résonnances dans les coeurs et les corps sont du domaine des brûlures de l'Histoire autant qu'un avertissement pour les décennies à venir. Red Sparowes se présente ainsi fort de ses convictions autant que de sa musique qui emprunte aussi bien au noise des 90's qu'au post-rock qui suivit, de My Bloody Valentine à Mogwaï en passant par Explosions In The Sky.

Tout comme sur son premier effort, Red Sparowes livre une partition cinématographique, un océan de textures musicales vivantes, de panoramas chargés d'émotion où la mélancolie  le dispute à la contemplation douloureuse. 8 pistes, presque toutes oscillant entre 7 et 10 minutes, dont les titres forment une nouvelle fois un court paragraphe. On y plonge dans l'âme d'humains amoureux de leur servitude, dont les coeurs empoisonnés se compriment et succombent à la figure tutélaire d'un soleil vivant. Mao Zedong. L'implication du groupe est sensible, à travers l'évocation en filigrane de la Great Sparrow Campaign, inutile plan du gouvernement chinois pour éliminer des millions de moineaux menaçant les récoltes. Ce lien nominatif est la clé de voûte d'une oeuvre qui interroge le culte de la personnalité, l'oubli de soi sous la coupe organisé de la dictature communiste (mais pas seulement répétons le), mais aussi la peur paralysant la pensée. Le livret cite ainsi à la fois l'écrivain irlandais George Bernard Shaw, grand promoteur de Staline, et Edward R. Murrow, journaliste de CBS qui fit tomber le sénateur anti-communiste Joseph McCarthy, l'homme de la terreur rouge. Un disque politique, historique et arty donc que ce Every Red Heart Shines Towards The Red Sun?

Oui, et aussi un bijou d'arrangements subtils, de guitares étouffantes et délicates et de mélodies douces-amères s'insinuant en chaque auditeur désireux de voyager. Chaque plage musicale est une strate de cet univers en mouvement, vibrant de pulsations électriques autant que de déraillements planants, temporisant quand il le faut pour mieux s'emballer en fin de parcours. Le vent souffle même un instant suspendu, puis de nouveau la musique charrie son lot de désolations. La pedal steel est de nouveau de sortie, mais toutes les pauses apaisantes qu'elle nourrit sont toujours rattrapées par l'emballement de guitares incisives. Lumineuse par vagues, souvent aérienne, la musique de Red Sparowes déroule pourtant le spleen des condamnés qui n'ont pas su dire non, autant d'hommes criant famine, semblables aux moineaux à la merci de leaders avares et assassins. "...Millions starved and we became skinnier, and skinnier, while our leaders became fatter and fatter..." Plus que de nostalgie, il est ici question d'amertume, de mort et de noire mélancolie et c'est cette même basse au son ample du premier album qui nous guide à travers les méandres âcres de l'abandon. On croit deviner au détour d'une phrase, l'analogie avec le présent de nos américains. "...Did we know that true enemy was the voice of blind idolatry, and only then did we begin to think for ourselves". Le rouge est la couleur de l'idolatrie au pouvoir et du sang des hommes qui doivent se réinventer s'ils veulent survivre sans craindre ceux qui les gouvernent. Le rouge est un signal d'alarme, et on imagine sans peine tous les voyants qu'allume Red Sparowes sur ce disque à la lecture de la citation de Albert Einstein présente dans le livret : "We shall require a substantially new manner of thinking if mankind is to survive".

Difficile d'appréhender honnêtement cet album sans faire mention des idées qui le sous-tendent et lui donnent son atmosphère inquiétante. Elles sont partie liée d'un travail de composition généreux et évocateur qui est la marque d'artistes talentueux et réfléchis, si bien qu'une fois encore Red Sparowes propose un joyau visuel et musical. Every Red Heart Shines Towards The Red Sun est une superbe réussite artistique, une oeuvre ambitieuse et authentique d'une grande beauté.

A voir : une video explicative des intentions du groupe.

A écouter : Like The Howling... sur la page myspace du groupe.

A écouter : Tout, c'est une travers�e sans escales
18 / 20
11 commentaires (17.32/20).
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At The Soundless Dawn ( 2005 )

  Alléchant. Tel est le qualificatif qui vient à l’esprit lorsque l’on évoque Red Sparowes. Appuyé par un séduisant line-up sur le papier, le groupe fait par ailleurs partie de l’écurie Neurot Recordings. Comme chacun sait, le célèbre label indé fondé par les membres de Neurosis apporte, à chaque sortie, son lot de concepts et/ou de mystères.

  "At The Soundless Dawn" ne déroge effectivement pas à la règle. L’objet présente la particularité première de comporter sept longs titres de morceaux, qui mis bout à bout forment au final un petit paragraphe démontrant un évident souci d’unité, d’harmonie, et même une certaine logique de sa musique. Mais le contre-pied le plus visible est sans conteste le registre dans lequel évolue Red Sparowes. A l’heure où le post-rock englobe une multitude de groupes à l’aide de critères plutôt opaques, le groupe pratique une sorte de résurgence du noise des débuts des années 90 à l’aide de sonorités plus modernes. Des passages post-rock, l’album en dispose quelques-uns disons-le tout de suite. Mais on se trouve davantage dans un rock instrumental remettant au goût du jour l’œuvre des premiers albums de Sonic Youth ou des piliers de My Bloody Valentine. Le côté progressif et l’esprit du post-rock sont certes conservés, mais les compositions de Red Sparowes paraissent nettement plus vivaces, plus organiques. Plus indie rock en somme.

  Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat est des plus envoûtant. L’album propage en effet une sensation de profondeur tout simplement exaltante, dans lequel les guitares se superposent une à une dans un voile rêveur et translucide typiquement noise. Les différentes pistes regorgent en outre d’arpèges angéliques plus beaux les uns que les autres, accompagnés par une basse loin d’être inexistante et malhabile (merveilleux "The Soundless Dawn…"). On pense naturellement au "Loveless" de My Bloody Valentine à propos des murs de son dressés par les guitares, mais Red Sparowes s’en sort toujours avec finesse, évitant l’écueil critique de la caricature grâce à la nature ambivalente et lunatique de ses compositions. En effet, le combo sait varier les ambiances dans ses titres, passant du splendide à l’inquiétant avec une aisance remarquable. La pedal-steel, aux résonances paradisiaques et presque hawaïennes, peut s’assombrir soudain en un orage digne des mélodies malades d’Isis. Les plus stratosphériques passages sont accompagnés de leur lot de noirceurs et inversement.Tel semble être le message dégagé par Red Sparowes sur ce disque.

  Le cursus de ses membres joue un rôle déterminant, cela va sans dire. Le travail visuel de Josh Graham au sein de Neurosis prend ici toute son ampleur, dans le sens où sa musique est très cinématographique et imagée. On voit, on ressent des choses à l’écoute d’At The Soundless Dawn. Une musique profondément riche et versatile, se faisant tour à tour contemplative, mélancolique, aérienne, nostalgique, ou rageuse. Pour un premier essai, c’est un coup de maître.

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A écouter : D'une traite