Red Harvest ou l'importance d'être constant. 15 ans que les norvégiens reviennent régulièrement arroser la planète métal d'une salve de leur cru. Puissante, hargneuse, inventive, leur musique est l'assurance de prendre une série de baffes pleine face. A Greater Darkness ne fait pas exception.

Dès l'entame, Antidote colle au mur façon bulldozer avec une de ces rythmiques implacables dont le groupe a le secret. Efficace et d'une désarmante simplicité. De fait, le son est plus organique que ce à quoi le groupe nous a habitués, ses velléités indus atténuées. On n'y perd pas pour autant au change, grâce à un bon mélange des genres extrêmes, entre thrash death moderne et passages mid tempo doomy. La production est carrée, claire et puissante avec un bon gros mur de guitares et une batterie marteau-pilon. Capable d'orchestrer des morceaux riches en atmosphères tel que le venimeux Hole In Me, mid tempo entêtant avec un chant clair glauquissime, Red Harvest n'a ainsi rien perdu de ses qualités.

A Greater Darkness respire l'excellence de bout en bout de ses 10 compositions. On y retrouve aussi ces rythmiques martiales héritées du black froid et lugubre que les norsk affectionnent, particulièrement sur Dead Cities. Dans l'ensemble, les riffs sont impressionnants et acccrocheurs, les choeurs toujours bien en place et l'ambiance toxique, en témoigne par exemple l'agressif Mouth of Madness ou bien le nerveux Icons Of Fear... the Curse of the Universe. Red Harvest demeure ce même groupe aux compositions variées et rarement ennuyeuses et ce n'est pas l'industriel Beyond The Limit of Physical Xperience qui changera la donne, avec son couple machines / cordes classiques remarquablement agencé.

Les 10 pistes défilent, les ambiances se succèdent, on voyage à l'aise  dans des contrées musicales froides et tranchantes comme l'acier. Même un morceau plus basique comme I Sweat W.O.M.D. capte l'attention par ses breaks aériens. Red Harvest se révèle aussi moderne qu'antédiluvien, comme si l'obscurité immense à laquelle la formation fait référence venait de très loin. Portée par des morceaux de la trempe du menaçant Warthemes, machinerie indus vindicative à la fois rampante et grandiose, elle s'insinue dans tous les pores. Longue et contrastée, Distorted Eyes contribue aussi à l'éclat noir de cet album en dix minutes de métal pesant et ténébreux, mais néanmoins subtil et mélodique. Quant à l'outro Proprioception, c'est une conclusion indus minimaliste destructrice et impitoyable qui sied bien aux intentions développées jusque là.

A Greater Darkness, pierre de plus à l'édifice déjà conséquent de Red Harvest, est un disque très convaincant et équilibré, dont la puissance, la diversité et l'ambiance malsaine font tout le fiel. Plus que jamais, le groupe norvégien fait figure de valeur sûre.

Antidote, Mouth of Madness et Hole In me en écoute sur le myspace.