Red Fang

Stoner / Rock / Metal

États-Unis

Arrows

2021
Type : Album (LP)
Labels : Relapse Records
Tracklist
01. Take It Back
02. Unreal Estate
03. Arrows
04. My Disaster
05. Two High
06. Anodyne
07. Interop-Mod
08. Fonzi Scheme
09. Days Collide
10. Rabbits In Hive
11. Why
12. Dr. Owl
13. Funeral Coach

Chronique

par Tang

Depuis les débuts du groupe à la fin des années 2000 Red Fang a toujours fait figure de vilain petit cousin ivrogne du Stoner Rock Metallisant ricain, plein de dérision mais aussi de talent pour ce qui est de cracher du riff efficace ou de la vicieuse mélodie. Un sommet fut atteint en 2011 avec Murder The Mountains, usine à tubes qui a contribué aussi à la renommée scénique du quatuor, ayant en effet tendance à mettre tout le monde d’accord en direct. La pente s’est orientée ensuite vers plus d’accessibilité, tout en restant fidèle à une écriture travaillée, ce que confirmera Only Ghosts en 2016, un album propre, carré, confortable, mais du coup un peu chiant, sans relief.

Et là, attention, ces boute-en-train paumés au fond de leur Oregon nous ont distillé quelques surprises avec Arrows. Exit la production trop lisse de Only Ghosts, on passe à du sale, du garage, et même du très perturbant à la première écoute. Non ce n’est pas un problème de vos enceintes, le  rendu est volontairement chelou, et pas si mal inspiré que ça a en a l’air, puisqu’en insistant on s’aperçoit de la pertinence du procédé. Le ton du disque est maladif, physiquement et psychologiquement, on le ressent dès le morose et introductif Take It Back, puis le perché Unreal Estate se plante dans la même cible qu’un Melvins en plein trip paranoïaque du coté de Las Vegas. La production renforce cette impression d’évoluer dans la fange mentale, en se vautrant dessus mollement ou bien en organisant des combats de boue non éthylotestés, comme sur l’enthousiaste Arrows

Sur ce terrain Two High explose les compteurs et affiche des guitares en mutation, appuyées sur un groove multifactoriel, tandis qu’Anodyne repart en un feeling « à la Melvins », dans une atmosphère qui suinte le bar miteux, cradingue mais toujours accrocheur du fait d'une écriture équilibrée. La dimension psychédélique semble plus poussée, avec parfois des arrangements qui se dévoilent après plusieurs écoutes. Ainsi l’incroyable orchestration (à base de violons et de cuivres) sur Fonzi Scheme prend un peu de court mais se révèle assez judicieuse pour contredire la crasse ambiante. L’accent est surtout mis sur les guitares, aussi grasses que mélodiquement imparables, elles portent ce Arrows et enroulent le désolé, fatigué Days Collide ou le très Garage / Punk Rabbits In Hives d’un fil saturé obèse.

Puis Why vient nous enjailler un instant avec sa basse littéralement claquée au sol, et nous fait chanter en chœur, ou Dr. Owl administre un puissant sédatif hallucinogène, qui amène tout ce rock’n roll des bas-fonds à tutoyer les frontières du Sludge et de la Noise. Au-delà d’une production beaucoup plus intéressante qu’il n’y parait, le chant, relativement discret derrière basse et guitares, est très varié, passe assez tranquillou du lumineux au crasseux (voire au glaireux), comme c’est le cas avec un Funeral Coach qui se termine beaucoup trop vite.

Arrows c’est treize flèches taillées inégalement, mais qui ont l’audace de sortir Red Fang de sa zone de confort. Le quatuor s’autorise à tenter des trucs, à dépasser les bornes d’un Stoner / Rock qui commençait à ronronner, et se « melvinise » quelque part. Le résultat n’est pas des plus évidents à appréhender, mais on a de bonnes raisons de penser que c’est le genre d’album à se bonifier avec le temps, et on est curieux d’écouter ces titres en concert. Dérangeant au début, grisant à la fin.

15

Arrows dispo sur Bandcamp.

Les critiques des lecteurs

Moyenne 14.67
Avis 3