Malgré la sortie d’un quatrième album en huit ans, le succès commercial (à en juger par leur classement systématique dans le Billboard 200) et une présence quasi-constante sur les routes pour jouer dans des salles pleines Red Fang semble être condamné au statut de première partie des têtes d’affiches auxquelles la formation de Portland est régulièrement associée et qu’elle cite elle-même comme influence : Mastodon ou encore Baroness. Ainsi soit-il. Il y a fort à parier que cet état de fait soit le dernier de leurs soucis.
Ross Robinson (est-il encore besoin de le présenter ?) fait partie des personnalités clivantes du monde musical. Autant adulé que critiqué, son nom reste définitivement attaché à l’essor du Neo-Métal, ce courant que personne ne semble désormais plus assumer. Difficile de faire la part des choses entre l’influence d’un producteur et la volonté d’un groupe mais pendant une bonne partie d’Only Ghosts, jamais la tentation du Rock accessible n’aura été aussi présente. Ce n’est pas comme si la « pop » avait surgi de nulle part pour venir s’imposer de manière opportuniste dans la musique de Red Fang. Il suffit en effet pour cela de se repencher sur les opus précédents, Whales and Leeches et Murder The Moutains, pour trouver nombre de ces pastilles suaves à mi-chemin entre Queens Of The Stone Age et Torche. Mais cette fois-ci, l’impression dominante reste longtemps celle d’écouter un produit calibré alternant de façon un peu trop visible titres catchy (Shadows, Not for You) entraînés par le chant clair d’Aaron Beam (par ailleurs sosie officiel de Seth Rogan) et d’autres, plus sombres, portés par la voix plus rageuse de Bryan Giles. Ce n’est finalement qu’à mi-parcours qu’Only Ghosts se révèle au travers de compositions plus longues et surtout plus complexes délaissant la structure classique couplet/refrain au profit de digressions semblant sortir de sessions de jam improvisées (The Smell of the Sound, I Am a Ghost, Living in Lye).
Rock Catchy, Stoner, Psyché... au final peu importe l’obédience à laquelle chacun cherchera à les rattacher, les gars de Red Fang ne semblent louer qu’un seul Dieu : celui du riff, immuable colonne vertébrale de leurs morceaux. Les habitués pourront peut-être regretter l’absence de prise de risque, le quatuor de l’Oregon se contentant de poursuivre la trajectoire dessinée par leurs précédents disques. Il faut néanmoins reconnaître que lorsque c’est bien fait, il est très agréable et confortable de se retrouver en territoire connu.
A écouter : et à regarder pour savourer leur sens de la dérision