Quand on parle de duo Electro, on pense souvent à Daft Punk, sur-médiatisé grâce à un premier album porté par le single Around The World ou des clips inspirés par divers animés mais on oublie bien souvent Ratatat, certes beaucoup plus jeune mais tout aussi riche d'idées. Les 2 musiciens ont, en quelques années, sorti une série d'albums et de remixes avec de grands noms comme Kanye West, Notorious B.I.G. ou Jay-Z. Avec Classics, leur second album, il ne suffira pas de beaucoup de titres pour saisir le principe des compos de Ratatat : quelques riffs, une base électro aux beats entrainants, aucune ligne vocale et une atmosphère très rafraichissante, parfaite pour l'été. Alors que l'éponyme s'avérait plus classique, beaucoup moins ensoleillé, Classics joue notamment sur des sonorités plus chaleureuses (Kennedy, Swisha) et n'ose pas encore l'ajout de percussions (comme ce fut le cas sur LP3 et LP4). A noter, malgré cette sensation de samples en boucle, un gros apport de la guitare sur certains titres (Tropicana, Swisha) lorsque ce ne sont pas les rythmes qui s'entrechoquent en renfort des cordes (Lex, Wildcat et son cri de chat).
Le gros point fort de Ratatat, et qui ressort sur Classics, est cette capacité à créer des compos épurées et rythmées (Gettysburg, Lex), pourtant loin de la folie outrageuse de Prodigy ou de l'hypnotisme sonore de Fuck Buttons. Le duo ne s'embarrasse pas de milles effets, préférant rester dans la simplicité et c'est d'ailleurs ce qui permet d'appréhender et d'apprécier leur musique en quelques minutes, tout en la rendant aussi fraiche qu'au premier jour plusieurs années après sa création. Cela n'empêche pas les sons de fuser de part et d'autres des enceintes (ou écouteurs, à votre convenance) sur quelques titres et d'éviter de lâcher des titres où la sensation de vide prédomine. Les sons claquent d'ailleurs beaucoup plus sur Classics que sur ses successeurs : les beats frappent, directs et sans fioritures, alors que LP3 ou LP4 verront plutôt des sonorités qui évoluent, se meuvent doucement vers airs plus latins.
Ratatat montre donc que la musique n'a pas besoin d'être intellectualisée ou parée de multiples effets (aussi bien visuels que sonores si l'on ajoute la dimension vidéographique à la musique) pour amener un brin d'air et briller dès les premières secondes. C'est d'ailleurs ce qui plombera un peu les albums suivants, en sus d'une tendance à tourner en rond niveau sonorités (écoutez Falcon Jab sur LP3 si vous voulez vous faire une idée).
Classics reste sans doute, à ce jour, le pilier de la discographie de Ratatat. Envoutant, ensoleillé, énergique, ce second album est frais, notamment grâce à des titres comme Kennedy, Lex ou Gettysburg. Il est d'ailleurs fort dommage que Ratatat n'aie pas continué dans cette orientation, les LP3 et LP4 étant beaucoup moins intéressants.
A écouter : Lex - Kennedy - Gettysburg - Wildcat