Faire mieux que le premier album c'était de toute façon pas possible !
Très bon quand même..
Evil Empire sort le 16 avril 1996, soit quatre ans après leur album éponyme, qui leur avait déjà offert de nombreuses opportunités sur la scène métal US. La rafale soulevée par Evil Empire est alors instantanée : rappelez-vous, double platine aux USA le 8 janvier 1997, puis double platine mondiale le 30 janvier 1997, Evil Empire apparaît alors comme le début du sacre mondial des RATM bien que nombres des inconditionnels deRage Against the Machine se disent très déçus par ce nouvel opus.
Avant même d’avoir ouvert le boîtier, les RATM annoncent la couleur du bijou incarné par Evil Empire. En effet, la jaquette s’offre à nous comme un haut message idéologique : on y voit Ari Meisel qui fait ses études à l’école internationale des Nations Unies de New York. Déguisé en super-héros, il apparaît comme le modèle défenseur des bases de la société américaine : alimentée d’idéaux illusoires et de rêves inassouvis, la société américaine semble conditionner des êtres à devenir ce qu’ils ne pourront jamais être si ce n’est des super-héros de la consommation.
Paradoxalement nous-mêmes des acteurs de cette société de consommation, on se rappelle ainsi avoir, en 1996, sorti Evil Empire de son emballage (mais c’était pour la bonne cause !) et l’avoir inséré dans notre chaîne High Tech Sony 40 Watts effet Surrounded certifié… pour se prendre une énorme claque dans la face avec le titre devenu depuis mythologique : People of the Sun. Tom Morello pose sa griffe en premier avec ses riffs connus de tous, Zack de la Rocha nous souhaite la bienvenue (ou plus probablement, nous entraîne dans les sillons de sa pensée) avec un rageur « Eh people, come on » ; la batterie de Brad Wilk est là, et la basse de Tim Bob donne au tout ce brin d’inexplicable qui donnera à People of the Sun son côté anthologique. Le thème du capitalisme US et de ses familles « with the pockets full of shell » n’a pas tellement le temps de se reposer avec Bulls on Parade qui aura peut être marqué certains d’entre vous grâce à son clip aux couleurs de la faucille et du marteau, avec pour fond visuel le signe emblématique du successeur de Evil Empire, je parle biensûr de The Battle of Los Angeles. Vietnow et Revolver prennent tout aussi bien le relais avec toujours cette rage dénonciatrice si particulière au chant saccadé de Zack et la furie instrumentale des trois autres membres du groupe : l’équilibre entre chant et instru semble se rapprocher de l’osmose, laissant à chacun son moment de gloire au sein du groupe. Snackecharmer et Fire donnent alors un vieux coup de boost avec leur rythmique indomptable. Down Rodeo et son intro dévastatrice s’ancre parfaitement dans la lignée et l’esprit Evil Empire ; Without a Face, plus posée, n’en reste pas moins une douche d’eau froide où Zack balance encore et toujours ses rancœurs sur le libéralisme… Wind Below sonne justement comme un souffle du vent : l’intro nous scotche, l’instru du refrain est lourde est efficace. Enfin, Roll Right et Year of the Boomerang bouclent Evil Empire à son image : une instru et des riffs inoubliables, un message politique fort : même un partisan du capitalisme se surprendrait, chantonnant les paroles de Zack.
Mais à vrai dire, pourquoi vouloir retranscrire le message des RATM sur Evil Empire au lieu de laisser la parole à l’un des maîtres de l’œuvre :
"Vers la fin de la guerre froide, le gouvernement de Reagan a constamment essayé de nourrir la crainte dans l'opinion publique américaine, en qualifiant l'Union Soviétique d'Empire du Mal. D'une certaine façon, il se jetait lui-même la pierre car les Etats-Unis ont commis pas mal d'atrocités au XXième siècle"
- Zack de la Rocha –
Du très bon !