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Biographie

Rage Against The Machine

Rage Against The Machine est un de ces groupes cultes et incontournables des années 90. En effet, ce sont les précurseurs d’un style abondamment repris de nos jours, mais très novateur à l’époque : entre Rap et Metal avec un poil de Funk, le cocktail (Molotov) est efficace et touche un public très hétéroclite. Entourés des plus grands tels que Cypress Hill, Beastie Boys, Suicidal Tendencies, Smashing Pumkins, Beck, Sonic Youth, Pearl Jam et bien d’autres, leur côté Hip-Hop est directement inspiré de Public Ennemy et leur vaut sans doute leur renommée mondiale très vite acquise.

Formé en 1991 par Zack de la Rocha, Tom Morello, Tim Bob et Brad Wilk, si « RATM » n’avait pas été les initiales de leur groupe, ça aurait aussi bien pu être le sigle d’un nouveau parti politique. En effet, bien plus qu’un groupe far des années 90, les Rage Against The Machine sont mondialement connus pour leur fort message politique qu’ils propagent par chacune de leur chanson. A la fois révolutionnaires, combattants le système américain jugé impérialiste et oppresseur, mais aussi défenseurs engagés dans de multiples causes telles que l’antifascisme, la lutte contre la censure (comme leur action contre le PMRC lors d’un de leurs concerts en 1993), la cause Mumia-Abu Jamal, celle du Tibet, Woman Alive… RATM ose accomplir des actes à la hauteur de leurs idées politiques : en effet, ils furent censurés lors de l’émission US Saturday Night Live pour « non respect du drapeau américain ». Mais une de leurs plus grandes victoires fut sans doute le tournage du clip Sleep Now In The Fire filmé devant Wall Street qui obligea à fermer la bourse pour la première fois depuis le Jeudi Noir de 1929!
Figures emblématiques de ce monde, Malcom X, Che Guevara, Peltier… furent les modèles et les idéaux développés par RATM durant leur carrière. Ainsi, de leur premier opus, éponyme de 1992 à Renegades en 2000, Zack de la Rocha a toujours eu à la bouche des paroles lourdes de sens. C’est d’ailleurs lui qui quitta le groupe en octobre 2000 pour laisser libre cours à ses pulsions Hip-Hop… laissant place à Chris Cornell (ex Soundgarden) au sein de la nouvelle formation nommée Audioslave .

En 2007 le groupe se reforme pour le Coachella, créant la surprise après la disolution d'Audioslave, les raisons de cette reformation restent floues, certains parle d'un acte politique prévu pour les élections 2008. Après ce concert, le groupe annonce petit à petit d'autres dates et repart à l'assault des salles du monde entier.

16 / 20
1 commentaire (18/20).
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The Battle Of Mexico City ( 2001 )

"Buenas noches, somos Rage Against The Machine". C'est sur ces mots que débute The Battle Of Mexico City, Zack présentant le groupe aux 5000 veinards venus assister au concert ce soir là. Au programme, un peu plus d'une heure de son (cela suffit amplement étant donné l'intensité avec laquelle les gars se démènent sur scène) où les américains sont venus présenter leur dernière tuerie de l'époque, car nous sommes en 2000, The Battle Of Los Angeles, depuis devenu culte.

C'est tout normalement qu'on y retrouve Testify en guise d'ouverture sur les chapeaux de roue, l'excellent Sleep Now In The Fire et ses riffs en feu ou Know Your Enemy. Les classiques ne sont pas oubliés avec l'intemporel Killing In The Name bien sûr (de toute manière comment faire l'impasse sur un tel titre?) ou Freedom qui conclue le live de la façon la plus folle avec ses refrains fédérateurs, pour mettre tout le monde sur les rotules. Le public a aussi la chance d'écouter des titres plus rares, le groovy No Shelter et l'inédit Zapata's Blood seulement joué en live.
Le son est largement correct même si l'on regrettera un peu la mise en retrait de la guitare de Tom Morello, mais heureusement rien de bien grave. Le groupe est énergique et ce n'est pas les nombreux plans sur les 5000 tarés de la fosse en perpétuels mouvements qui sautent à l'unisson sur chacun des titres qui prouvera le contraire. D'ailleurs le gros point appréciable de ce dvd est le nombre de scènes et de plans qui varient énormément les images du concert, renforcent le dynamisme de la musique et du coup la diversité dans le visionnage, sans aucun temps mort.
Entre chaque titre, de mini-documentaires sont insérés, présentant un passé pas si lointain du Mexique, entre guerre, révolutions, problèmes économiques, grèves etc. démontrant une fois de plus à quel point Rage Against The Machine joue sur tous les fronts, demeure un groupe engagé politiquement et que ses idéologies font partie intégrante de leur musique et de leur notoriété des années après. Le soucis c'est que ces documentaires ainsi que les interviews présentes en bonus, bien qu'intéressants, ne sont sous-titrés qu'en anglais ou en espagnol comme la plupart des versions que l'ont voit débarquer en France et qui ne sont pas pris la peine d'être traduites dans la langue de Molière. Les non-anglo/hispanophones feront surement l'impasse dessus.

Enfin peu importe car The Battle Of Mexico City est un putain de bon live de Rage Against The Machine, fourni d'un gros son, des images d'excellente qualité pour en prendre plein la vue (et les oreilles) avec une ambiance survoltée. Le dvd montre que les furieux n'était pas uniquement un groupe de studio (qui en doutait encore remarque?), mais surtout un groupe de scène(s) autant musicales que politiques.

A écouter : et � avoir en entier
16 / 20
48 commentaires (17.28/20).
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The Battle Of Los Angeles ( 1999 )

1999, à l'aube du nouveau millénaire, Rage Against The Machine sort son troisième album The Battle Of Los Angeles en pleine campagne pour les présidentielles américaines. L'objectif est évidemment double, au delà de la qualité musicale. Le groupe veut frapper un grand coup dans le ventre mou de l'inconsciente Amérique. On sait aujourd'hui ce qu'il advint, l'élection de George W. Bush, les attentats du 11 septembre (avec l'interdiction d'ondes de toutes les chansons de RATM) et l'une des périodes les plus noires pour la démocratie US, mauvais film en cours.

Ca démarre pourtant fort avec le single Testify, boosté par une rythmique élastique et accompagné d'un clip choc montrant la confiscation du débat par les candidats Bush Jr et Al Gore. Dans un pays muselé, il s'agit de faire entendre sa voix, discordante, et au delà toutes les voix, y compris celles de ceux qu'on n'écoute pas (Voice Of The Voiceless, prêche militant pour la libération du journaliste militant noir Mumia Abu Jamal). RATM en 1999 est un groupe mature, qui n'abuse pas des harmonies dissonantes comme sur son précédent opus Evil Empire, mais privilégie plutôt l'impact mélodique et le riffing percutant. L'album est riche en ambiances variées, avec notamment Calm Like a Bomb, chronique de la dégradation US nantie d'une pure ligne de basse en intro et d'un refrain explosif. Ce sera d'ailleurs par la suite l'hymne de Matrix Reloaded, et on y retrouve même un clin d'oeil à Marilyn Manson surnommé "tha anti-myth rhythm rock shocker".

D'une manière générale, les lyrics de Zack de la Rocha sont plus métaphoriques encore que par le passé, même si les refrains en forme de slogans abondent de Testify à War Within Breath, tandis que son chant se diversifie, explorant d'autres registres plus élaborés. Tom Morello use comme d'habitude de ses pédales et de scratches avec talent, mais délivre aussi des riffs monstrueusement efficaces tels celui de Sleep Now In The Fire, hymne antilibéral dont le clip est dirigé par Michael Moore devant la bourse de Wall Street. Elle sera d'ailleurs obligée de clôturer plus tôt suite à l'arrestation du groupe et du réalisateur par la police New Yorkaise. La musique de RATM est certes plus mélodique qu'à l'accoutumée, mais le groove de la paire rythmique comme les textures musicales pleines de grisaille urbaine n'ont pas disparu (Guerilla Radio, Mic Check ou encore New Millenium Homes). Un morceau comme Born of a Broken Man est par ailleurs parmi les plus puissants jamais composés par le combo californien, oscillant entre la sourde amertume des couplets et la brutalité d'un refrain martelé sur fond de guitares destructrices. Avec le séminal Born as Ghosts, et ses motifs musicaux dégradés, on a là deux morceaux à ambiance qui sont l'occasion pour le frontman de Rage' d'exorciser de vieux démons.

RATM multiplie les points de vue sur The Battle Of Los Angeles, dans une approche plus sensible et singulière que par le passé. Cela passe aussi par une vision féminine avec Maria, immigrée mexicaine dans le sud des Etats-Unis, dont le destin difficile est livré avec beaucoup de dignité (le refrain est à ce titre magnifique). On retrouve en avant sur ce morceau certaines des qualités particulières du groupe, avec une basse agile et véloce et un gros travail de Morello sur son jeu, tantôt spectral, tantôt profond. Les figures se croisent sur cet album, du pasteur Jesse Jackson à Bob Marley en passant par le révolutionnaire Zapata, autant que les images : caravelles de Christophe Colomb, esclaves noirs dans les champs de cotons, Christ en croix, peuples du soleil sans terres et gamins de la bande de Gaza en Palestine. Nombre de lyrics sont parmi les plus beaux jamais écrits par De La Rocha, citons pour l'exemple " A mass of tears have transformed to stones now / Sharpened on sufferings / And woven into slings" sur Ashes in the Fall, composition terminée en furieuse cavalcade de guitares inédite pour le groupe. Quant à la dernière piste du disque, War Within a Breath, sans égaler la monumentale Freedom, il s'agit d'un hymne en acier trempé en hommage aux militants zapatistes chers au coeur de Zack de la Rocha.

The Battle of Los Angeles est, à ce jour, le dernier album studio enregistré par Rage Against The Machine (outre Renegades, l'album de reprises). Déçus du manque de retombées politiques de ce projet et désireux de sons plus Hip Hop, De La Rocha quitta en effet ses camarades l'année suivante. Reste que cet album honnête marque le sommet de son songwriting. Si The Battle Of Los Angeles n'a pas l'atmosphère déglinguée de Evil Empire, ni la rage incandescente du premier opus, il fait preuve d'une force et d'une authenticité que peu de groupes atteindront jamais dans leur carrière.

A écouter : Testify, Calm Like a Bomb, Sleep Now In The Fire, Born Of a Broken Man, War Within a Breath
17 / 20
48 commentaires (17.01/20).
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Evil Empire ( 1996 )

Evil Empire sort le 16 avril 1996, soit quatre ans après leur album éponyme, qui leur avait déjà offert de nombreuses opportunités sur la scène métal US. La rafale soulevée par Evil Empire est alors instantanée : rappelez-vous, double platine aux USA le 8 janvier 1997, puis double platine mondiale le 30 janvier 1997, Evil Empire apparaît alors comme le début du sacre mondial des RATM bien que nombres des inconditionnels deRage Against the Machine se disent très déçus par ce nouvel opus.

Avant même d’avoir ouvert le boîtier, les RATM annoncent la couleur du bijou incarné par Evil Empire. En effet, la jaquette s’offre à nous comme un haut message idéologique : on y voit Ari Meisel qui fait ses études à l’école internationale des Nations Unies de New York. Déguisé en super-héros, il apparaît comme le modèle défenseur des bases de la société américaine : alimentée d’idéaux illusoires et de rêves inassouvis, la société américaine semble conditionner des êtres à devenir ce qu’ils ne pourront jamais être si ce n’est des super-héros de la consommation.

Paradoxalement nous-mêmes des acteurs de cette société de consommation, on se rappelle ainsi avoir, en 1996, sorti Evil Empire de son emballage (mais c’était pour la bonne cause !) et l’avoir inséré dans notre chaîne High Tech Sony 40 Watts effet Surrounded certifié… pour se prendre une énorme claque dans la face avec le titre devenu depuis mythologique : People of the Sun. Tom Morello pose sa griffe en premier avec ses riffs connus de tous, Zack de la Rocha nous souhaite la bienvenue (ou plus probablement, nous entraîne dans les sillons de sa pensée) avec un rageur « Eh people, come on » ; la batterie de Brad Wilk est là, et la basse de Tim Bob donne au tout ce brin d’inexplicable qui donnera à People of the Sun son côté anthologique. Le thème du capitalisme US et de ses familles « with the pockets full of shell » n’a pas tellement le temps de se reposer avec Bulls on Parade qui aura peut être marqué certains d’entre vous grâce à son clip aux couleurs de la faucille et du marteau, avec pour fond visuel le signe emblématique du successeur de Evil Empire, je parle biensûr de The Battle of Los Angeles. Vietnow et Revolver prennent tout aussi bien le relais avec toujours cette rage dénonciatrice si particulière au chant saccadé de Zack et la furie instrumentale des trois autres membres du groupe : l’équilibre entre chant et instru semble se rapprocher de l’osmose, laissant à chacun son moment de gloire au sein du groupe. Snackecharmer et Fire donnent alors un vieux coup de boost avec leur rythmique indomptable. Down Rodeo et son intro dévastatrice s’ancre parfaitement dans la lignée et l’esprit Evil Empire ; Without a Face, plus posée, n’en reste pas moins une douche d’eau froide où Zack balance encore et toujours ses rancœurs sur le libéralisme… Wind Below sonne justement comme un souffle du vent : l’intro nous scotche, l’instru du refrain est lourde est efficace. Enfin, Roll Right et Year of the Boomerang bouclent Evil Empire à son image : une instru et des riffs inoubliables, un message politique fort : même un partisan du capitalisme se surprendrait, chantonnant les paroles de Zack.
Mais à vrai dire, pourquoi vouloir retranscrire le message des RATM sur Evil Empire au lieu de laisser la parole à l’un des maîtres de l’œuvre :

"Vers la fin de la guerre froide, le gouvernement de Reagan a constamment essayé de nourrir la crainte dans l'opinion publique américaine, en qualifiant l'Union Soviétique d'Empire du Mal. D'une certaine façon, il se jetait lui-même la pierre car les Etats-Unis ont commis pas mal d'atrocités au XXième siècle"
- Zack de la Rocha –

A écouter : People of the sun, Bulls on Parade, Vietnow et Revolver
18 / 20
135 commentaires (19.03/20).
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Rage Against The Machine ( 1992 )

  En 1992 apparaît sur la scène musicale un groupe qui s’est taillé une solide réputation dans sa Californie natale, forgée à coups de rythmiques brutales, de chants rappés et de paroles particulièrement engagées. Rage Against The Machine évolue dans une fusion entre rap et métal alors encore balbutiante.

  Certes on a vu Aerosmith s’acoquiner avec Run DMC pour "Walk This Way" et bien sûr Anthrax s’associer à Public Enemy pour un "Bring The Noise" très efficace. Mais ce n’est rien comparé à l’énorme "Killing In The Name" qui accompagne la sortie du premier opus de RATM. Si vous ne connaissez pas son refrain "Fuck you, I won’t do what you tell me", je ne peux plus rien pour vous. Quand on appréhende ce disque, il y a d’abord la pochette terriblement significative, représentant un bonze s'immolant pour protester contre les exactions du régime sud-vietnamien de Diem, soutenu par les Etats-Unis. Ensuite, on découvre le son Rage…C’est alors qu’on prend une première claque : la base rythmique carrée et groovy ("Bombtrack", "Know Your Enemy" ou encore "Wake Up"), le chant rappé frondeur de Zack De La Rocha qui ne lésine pas non plus sur les hurlements rageurs et bien sûr la découverte d’un guitar hero des temps modernes, Tom Morello qui expérimente en triturant le son de sa guitare dans tous les sens pour un résultat très original et jamais égalé depuis.

  La seconde claque, ce sont les paroles qui la donnent. Parfois très intimes (De La Rocha décrivant son enfance dans "Settle For Nothing"), anti-conformistes face à un système capitaliste oppresseur ("Bullet In Your Head"), elles s’attaquent aussi à la guerre du Golfe ("Know Your Enemy"), comparent les ghettos de Los Angeles aux townships de Johannesburg ("Township Rebellion"), condamnent l’enseignement aux Etat-Unis ("Take The Power Back") ou rappellent l’héritage assassiné de Malcolm X et Martin Luther King le temps d’un "Wake Up" dont l’urgence fera encore beaucoup parler (rappelez vous Matrix). Et puis, il y a l’hymne du groupe, ce "Freedom" éructé venant du plus profond de l’histoire américaine, en hommage à l’activiste de l’American Indian Movement, Leonard Peltier, emprisonné depuis plus de trente ans pour le meurtre présumé de deux agents de FBI.

  Bien sûr, certains gloseront sur l’engagement de ces marxistes signés sur le label Epic de Sony. Ce serait faire peu de cas de l’évidente sincérité d’un écorché comme Zack De La Rocha, militant Zapatiste avoué, ou d’un Tom Morello diplômé en sciences politiques de l’université de Harvard dont l’action continue au sein de Axis Of Justice. Quand l’intelligence du propos rejoint la qualité d’une musique inventive, on obtient un condensé de violence brute qui en aura inspiré plus d’un. Ne passez pas à côté de ce disque fondateur et n’oubliez pas le mot d’ordre "Fight the war, Fuck the norm".

A écouter : Killing In The Name, Bullet In The Head, Wake Up, Freedom