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Biographie

Ragana

Le duo Ragana se forme en 2011 à Oakland en Californie par Maria et Nicole qui se partagent à tour de rôle le chant, la batterie et la guitare. Le groupe se définit comme des queer antifascistes jouant un mélange de Black Metal et de Doom Metal.Après avoir autoproduit un premier ep All's Lost en 2012 suivit, l'année suivante par l'album Unbecoming, Ragana signe en 2015 chez An Out Recordings pour la sortie de Wash Away. Leur troisième disque, You Take Nothing sort en 2017 et est suivi de près par Let Our Names Be Forgotten, un split avec Thou qui contribue grandement à faire connaitre le duo au-delà de leur scène locale. Ragana réside désormais à Oakland. L'ep We Know That the Heavens Are Empty parait en 2019.

You Take Nothing ( 2017 )

You Take Nothing est sorti en 2017, autrement dit il y a une éternité pour l’industrie de la musique. Mais peu importe leur ancienneté, certains albums vous saisissent dès la première écoute et suscitent en vous l’immédiate envie de les partager, de faire savoir à un plus grand nombre qu’ils existent, perdus au milieu des dizaines de disques (au bas mot) qui sortent chaque semaine.

Post Black Metal, Atmospheric-Sludge, Post-Hardcore, Blackened / Doom, quelle que soit l’étiquette que vous tenterez d’apposer à ce que vous entendrez, Ragana appartient à cette grande famille aux frontières indistinctes et totalement arbitraires des formations qui mettent l’émotion au cœur de leur musique. A mi-chemin entre un Chrch et un The Saddest Landscape, Ragana emprunte à l’un son spleen massif et à l’autre son énergie à fleur de peau. Vile Creature, Svalbard ou encore Battle Of Mice sont autant de références auxquelles le duo pourrait tout aussi bien être rattaché. Au travers des six pistes Ragana crie sa révolte et chante son désespoir au moyen de compositions qui viennent puiser également leur puissance dans la relative simplicité de leurs structures et dans l’utilisation de "recettes" d’une rusticité déconcertante comme la variation ou la répétition.

To Leave est ainsi principalement construit autour d’un unique riff, d’inspiration très 90’s et qui n’aurait pas dépareillé sur un album des Pixies, qui est progressivement accéléré pour atteindre une forme de plateau pendant lequel Maria vient répéter « We ask you to leave », d’abord en le criant avant de nous interpeller d’une voix cristalline à la puissance phénoménale. Somewhere ou encore You Take Noting sont bâtis sur le même principe, avec des paroles réduites à tout au plus quelques phrases. Là où ce procédé serait apparu pour une majorité de groupe comme une lacune, une facilité, Ragana réussi à en faire une force et à lui conférer une efficacité à nulle autre pareille. Il faut dire que cette simplicité apparente est compensée par la richesse de l’instrumentation qui fait oublier qu’il ne s’agit que d’un duo.

Cinq ans après sa sortie, You Take Nothing bénéficie enfin de toute l’attention qu’il mérite. Comme le dit l’adage, mieux vaut tard que jamais.

Wash Away ( 2015 )

J’avoue avoir été intrigué en voyant passer cette annonce : la réédition de Wash Away et You Take Nothing de Ragana, groupe de Black Metal / Doom revendiqué comme Queer et Antifasciste. Après avoir découvert le combo via You Take Nothing, j’étais intrigué par leur sortie précédente, à l’artwork moins fantomatique. Sorti initialement en 2015 (pensez bien, plus de sept ans au moment ou j’écris ces lignes), cet opus embarque dans ce paysage sombre, oscillant donc entre deux styles extrêmes, même si certains passages flirtent avec un Doom ronflant (Invocation Pt. 2) lorsque le chant hurlé ne vient pas angoisser l’ensemble (Nameless Constellation). On pensera forcement à Feminazgul et parfois aux cotés extrêmes des premiers The Body ou de Thou. Un bien beau projet sur le papier, se confirmant au fil des écoutes, qui prend le cerveau pour le broyer (The Field).

Ragana, ce sobre duo, prend un virage parfois très Black Metal au travers notamment du chant. Bien loin du côté rageur et froid du style traditionnel à première vue, le duo utilise plutôt l'épaisseur du Doom Metal pour faire vrombir l’ensemble, avec un côté hypnotisant. Je lui préfère un You Take Nothing davantage dans mes goûts, mais je reste néanmoins charmé par une piste comme The Field par exemple, larmoyant sur sa fin, prenant aux tripes. Plus que tout, Wash Away mêle cette sensation d’un Postcore / Black Metal païen, chamanique (Alive), qui sera moins angoissant que You Take Nothing, même si plus viscéral sur certaines lignes vocales ou quelques riffs (Frail Flame, le titre le plus Black Metal du disque à mes yeux). Face au disque qui lui succède, cet album est un brin en deçà en terme d’impact, malgré une recette identique à première vue. Peut-être un point moins Rock, moins incisif, malgré de vrais bons titres (The Field ou Alive), il ne démérite pourtant pas.

Envoutant et captivant, Wash Away piétine la vie par moment. J’ai donc poncé ce disque jusqu’à la lie, jusqu’à comprendre qu’il servait à introduire You Take Nothing, mais qu’il n’en perdait pas pour autant de sa superbe.