J’avoue avoir été intrigué en voyant passer cette annonce : la réédition de Wash Away et You Take Nothing de Ragana, groupe de Black Metal / Doom revendiqué comme Queer et Antifasciste. Après avoir découvert le combo via You Take Nothing, j’étais intrigué par leur sortie précédente, à l’artwork moins fantomatique. Sorti initialement en 2015 (pensez bien, plus de sept ans au moment ou j’écris ces lignes), cet opus embarque dans ce paysage sombre, oscillant donc entre deux styles extrêmes, même si certains passages flirtent avec un Doom ronflant (Invocation Pt. 2) lorsque le chant hurlé ne vient pas angoisser l’ensemble (Nameless Constellation). On pensera forcement à Feminazgul et parfois aux cotés extrêmes des premiers The Body ou de Thou. Un bien beau projet sur le papier, se confirmant au fil des écoutes, qui prend le cerveau pour le broyer (The Field).
Ragana, ce sobre duo, prend un virage parfois très Black Metal au travers notamment du chant. Bien loin du côté rageur et froid du style traditionnel à première vue, le duo utilise plutôt l'épaisseur du Doom Metal pour faire vrombir l’ensemble, avec un côté hypnotisant. Je lui préfère un You Take Nothing davantage dans mes goûts, mais je reste néanmoins charmé par une piste comme The Field par exemple, larmoyant sur sa fin, prenant aux tripes. Plus que tout, Wash Away mêle cette sensation d’un Postcore / Black Metal païen, chamanique (Alive), qui sera moins angoissant que You Take Nothing, même si plus viscéral sur certaines lignes vocales ou quelques riffs (Frail Flame, le titre le plus Black Metal du disque à mes yeux). Face au disque qui lui succède, cet album est un brin en deçà en terme d’impact, malgré une recette identique à première vue. Peut-être un point moins Rock, moins incisif, malgré de vrais bons titres (The Field ou Alive), il ne démérite pourtant pas.
Envoutant et captivant, Wash Away piétine la vie par moment. J’ai donc poncé ce disque jusqu’à la lie, jusqu’à comprendre qu’il servait à introduire You Take Nothing, mais qu’il n’en perdait pas pour autant de sa superbe.