On avait cru Raein mort et enterré. On avait pleuré sur son sépulcre, "Tigersuit" en arrière fond, comme musique de funérailles. Mais le tombeau n’était pas définitivement scellé.
Ogni Nuovo Inizio (littéralement "Chaque nouveau début") chasse d’emblée les craintes d’un retour raté avec un roulement de batterie inaugurale fougueux qui pose son homme. "1 di 6 "et une corolle de notes en arpège plus tard, on se dit "ah oé, quand-même...". Raein réussit un tour de passe-passe comme on en avait rarement vu jusqu’à alors : sonner quasi pop dans ses compositions tout en restant screamo dans l’effusion. Pour atteindre ce résultat, le quintet italien dévoile un jeu de guitare des plus léchés, avec mélodies fines et lighty traduites par des successions de notes détachées et piquantes. A la voie du hardcore opaque et monolothique, le groupe de la botte répond donc par un screamo mélancolique à modalité variable. Pour preuve, "2 di 6" entraîne l’auditeur dans un mid-tempo avec lyrics répétés par des voix chantées/parlées qui se répondent au triple, tandis que "3 di 6" enchaîne avec une intro spoken word/dialogue à la Indian Summer sur fond de rythme martial. Lentement, comme pour tout bien faire entendre.
Par ce côté poppy (toute proportion gardée on s’entend), Ogni Nuovo Inizio dévisse ainsi les attentes traditionnelles de "gros bois" et choppe l’auditeur par le colbac grâce à des parties catchy as fuck ("4 di 6") qui vallonnent merveilleusement au milieu des cris de la passion. Car plus que sanglant, ce nouvel opus est surtout chaud, nourri par des dédales de notes fourmillantes ("5 di 6") et ces screamings toujours si méditerranéens et chantants, marque de fabrique de l’emo romain. Dans cette manière de ciseler l’espace puis de le couvrir de nappes lumineuses, le groupe va même jusqu’à poser les bases d’un rapprochement entre les tablatures mathy de Kidcrash et les auréoles post-rock de Suis La Lune (En écoutant la fin de "5 di 6", on se dit que plusieurs écoutes des suédois ont dû passer par là).
Depuis le début de sa carrière, et à chaque nouvel opus, Raein apporte un changement à sa manière d’appréhender le punk. A mille lieux de l’emo-violence conforme à l’école italienne, les natifs de Forli proposent ainsi une nouvelle fois quelque chose de marginal en la matière… et de diablement réussi. Raein a franchi le Rubicond avec succès.
A écouter : le poing lev� et la cheville martirisant le sol