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Biographie

Radius System

Il arrive que certains individus se réunissent chez eux et engendrent, en racollant quelques cables et cordes, de petit bijoux d’ingéniosité sans prétention mais des plus jouissifs aux conduits auditifs. Radius System est de ceux là, et quand Axel (basse et chant) et Grégory (batterie, guitare, programmation et clavier) se mettent en tête, dès 2001, de (re)produire la musique qu’ils aiment, et le résultat en est plus que probant. Trip Hop, métal, électro, rock et industriel se croisent et se cherchent dans une multitude de titres tous aussi séduisants les uns que les autres. Et après deux démos 13 titres home-made, Influence (2002) et Changes (2004), le groupe clôt le 1er chapitre de sa carrière en 2005 avec la sortie de son premier album, Work In Progress, qui trouvera finalement sa place dans les bacs en janvier 2007, grâce au soutien de Several Bleeds Records (Every Reason To, Art Of Falling…) et Season of Mist. En parallèle à cela, les membres du groupe se consacrent à d'autres projets (Time To Burn, Notion Aura), ces derniers enrichissant eux-mêmes Radius System. Une succession d'événements qui permettra à RS d'assurer les premières parties de Hell Is For Heroes et Jeniferever. Le combo parisien finira par sortir son second et très bel effort, Escape / Restart, en Mai 2008 après trois années de travail et de remise en question... avant de finalement jeter l'éponge la même année.
Escape / Restart sort sur le label LostChildren en téléchargement gratuit et permet au combo d'avoir de nombreux retours positifs sur ce second opus. Almost Nothing, EP composé d'inédits, de reprises et de remixs, sort la même année, puis le groupe disparait à nouveau du paysage musical, laissant planer le suspense sur un 3ème opus.

Il faut néanmoins attendre 2010 pour que Radius System, alors composé uniquement de Gregory Hoepffner, laisse entrevoir la perspective d'un troisième album. Un premier extrait est d'abord lâché sur le net, dévoilant par la même occasion le nom du disque : Architects Of Yesterday. Celui-ci sort début Férier 2011 en Digipack et Mp3.

16 / 20
2 commentaires (13.25/20).
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Architects of Yesterday ( 2011 )

J'aurais pu raconter que ma vie est réussie, entre travail, famille et amis, que j'ai envie de sourire quand je suis réveillé par les premiers rayons du soleil ou que je ne regarde plus en arrière au moindre doute, mais l'écoute de Architects Of Yesterday me fait dire le contraire. Il n'y a pas de lendemains lumineux, juste quelques sanglots suffocants entre deux soupirs. Radius System n'est plus ce combo rock explosif, bien au contraire : le one-man-band joue un rock désolé, rempli à raz-bord de sentiments prêts à imploser mais résignés, au ton grave derrière ce sourire désabusé de jeune adulte. Le groupe lâche ainsi 10 mélopées glacées où les sensations sont exaltées, 10 morceaux qui brillent de milles feux (Feed Feed Connect, Architects Of Yesterday), frigorifient l'auditeur jusqu'aux os (Siberian Winter) et le mettent à terre en appuyant profondément sur l'estomac (Picture Goodbye).
En somme, ce disque n'est définitivement pas pour ceux au bout du rouleau, n'aimant pas la subtilité ou ceux étant restés insensibles à Escape / Restart. La recette semble pourtant être la même, avec un dosage différent, comme si en repartant, Radius System avait oublié sa joie, à un tel point que l'on peut se demander si Gregory Hoepffner n'a pas rendu l'âme, remplié sur lui-même, juste après l'enregistrement de Architects Of Yesterday. Entre les mélodies qui respirent l'épuisement et le chant grave, presque confidentiel - du moins empli de cette sensation d'une amertume dévorante -  tout est fait pour lessiver l'auditeur. Etonnamment, à l'instar du précédent opus, on a envie de repasser le disque en boucle juste pour cette richesse des mélodies, l'effet de halo qui entoure la plupart des morceaux (Curators, Air Leaks) et les multiples atmosphères développées, et ce malgré l'abattement ambiant.
Sans intellectualiser toute sa musique, Radius System réalise un gros travail sur les différents instruments (Vacant Before, Architects Of Yesterday) et accomplit un parcours presque parfait. Ceci pourrait sembler élogieux, trop irréprochable pour être réaliste mais ce disque, en dehors de sa qualité et de sa richesse de composition, joue aussi énormément sur le pathos et allie donc une dimension cérébrale (l'architecture des différents morceaux) et une seconde plus viscérale (le ressenti et la mélancolie de Architects Of Yesterday) avec efficacité. 

Très abordable, ce nouveau Radius System n'est pourtant pas musicalement pauvre. En dehors du fait que le musicien a composé et s'est occupé de toute la partie post-enregistrement seul, il a surtout su créer un juste dosage des instruments, notamment en mettant en avant sa voix - chaude et perçante - sur certains passages (Feed Feed Connect) sans pour autant rompre l'équilibre sonore. On fera souvent l'analogie avec Escape / Restart tant la musique semble proche, reconnaissable mais il y a un palier énorme entre les ambiances et le ressenti général de chaque album.

Avec ce nouveau Radius System, on retrouve ces effluves embrumées enjôleuses. Il n'est au final pas question d'espoir, juste d'amertume, de regrets, de larmes, mais toujours avec poésie. Beaucoup moins rentre-dedans que Escape /RestartArchitects Of Yesterday (dé)construit un avenir qui aurait pu s'annoncer lumineux. Mais le musicien l'indique bien : "Architects Of Yesterday est un hommage avoué à toutes ces inventions ratées, ces futurs radieux jamais atteints.". Les oiseaux chantent ce matin, mais j'ai envie de pleurer.

A écouter : Vous en doutez ?
16 / 20
3 commentaires (16.17/20).

Escape / Restart ( 2008 )

Trois ans que Radius System peaufine son dernier album. Trois années de perfectionnements nourris d’expériences hors du groupe à l’image de l’actualité brûlante de Gregory avec Time To Burn, ou de sa récente collaboration avec RQTN. Le combo Rock n’a jamais cessé d’exister, travaillant discrètement à l’élaboration de cette nouvelle offrande. Mieux même, il nous revient peut être plus fort que jamais.

Rock, il l’est, très « Post » même pourrait on dire, dans le sens de « l’après » rock. Car Radius System expérimente, défriche, tente...cela a toujours été. Et nous accompagnons les parisiens dans leur périple, découvrant à chaque instant une texture sonore, une musique à la coloration inédite au sein de compositions sans structure précise mais au maintient remarquable. Radius System louvoie, s’adapte, se love au creux de l’oreille, préférant tisser sa toile - cette structure complexe, changeante et magnifique - là où tant d’autres, toujours, suivront le même fil conducteur trop souvent synonyme de linéarité et les menant irrémédiablement à une fin sans relief. RS, à l’inverse, se laisse le choix de l’évolution.
En dépit des apparences, Radius System n’erre pas non plus sans but. Le groupe se fait simplement aventureux et expérimental car il va là où peu jusqu’alors auront su aller et revenir sans se perdre. Télescopant la magie insaisissable d’un Oceansize aux sonorités de l’électro, alourdissant à l’occasion sa musique de sonorités aux limites du Postcore, effleurant la classe et le soucis du détail tels qu’on avait pu les découvrir du temps de White Pony, Radius System nous mène là ou bon lui semble, sur de son fait, évitant à merveille les pièges de ces chemins peu fréquentés qu’il a si assidument arpenté depuis des années. Avançant sans cesse, le groupe nous indique tout de même le chemin afin de ne pas nous égarer. Huit artworks (pour autant de chansons) accompagnent cet album singulier, chacun illustrant un instant précis du voyage auquel nous sommes invités. Travaillant ses ambiances, Radius System nous mène toujours plus loin dans son microcosme, nous éloigne à chaque titre d’avantage du monde tangible, de notre monde. La cassure se fait assurément lors de cette transition entre Bestsellers et le superbe Monochrome... Dès lors la musique aérienne des parisiens perd ou libère, accompagnée de la voix vaporeuse de Gregory. Je choisis la seconde option. Escape… Restart.

Haut en couleurs, complexe, accessible. Tels sont les qualificatifs que l’on pourrait donner à ce disque. S’attarder sur l’étude précise de chaque moment d’une sortie si riche n’aurait à vrai dire aucun sens. Ce serait perdre de vue l’essentiel : Escape / Restart est un album libérateur qui une fois achevé laisse dans une béatitude saine. Radius System nous offre littéralement (l’album est en téléchargement gratuit) une musique sans prétention d’une beauté indéniable et aux qualités d’apaisement réelles. Un très bel album en somme…

A écouter : librement

Almost Nothing (EP) ( 2008 )

Presque rien. C'est peu dire quand on connaît la qualité des précédentes productions et autres groupes des composantes de Radius System, l'arrivée de Almost Nothing a de quoi faire frémir, surtout lorsque l'on sait que le groupe ne se produit plus en live. Voici donc que les musiciens viennent nous livrer quelques nouveaux titres, ainsi que des remixes, toujours comme pour Escape / Restart : gratuitement.

Ceux ayant eu la délicate attention d'écouter Escape / Restart ne seront pas dépaysés. On retrouve en effet cette grâce éthérée qui se détache des mélodies langoureuses de Radius System. Les instruments sont toujours empreints d'une douce violence, évitent de n'effectuer que de pâles redites des opus précédents, même si on retrouve les mêmes ingrédients : des cordes amoureuses d'un piano, qui n'hésitent pas à s'unir à une batterie ramasseuse de larmes (de poésie et de douleur), le tout épaulé par un chant chaud et tendre. Far From Truth est dans la droite lignée de Escape / Restart, avec ses changements de rythmes, ses explorations musicales qui créent ce sentiment de musique riche, aussi variée qu'une jungle tropicale avec ses couleurs et ses sons... Le Postrock de Easter (Part 2) s'élève sans battre des ailes et survole nos oreilles avec la grâce d'un oiseau au bec doré, s'armant de patience avant de fondre sur sa proie. Enfin, Present Perfect est une rage contrôlée, plus dévoilée que sur l'album précédent mais sans pour autant tomber dans la haine ni la violence gratuite.
A noter la reprise de Machine Gun, moins glaciale et dérangeante que l'originale mais plus désespérée, sombre et explosive. Alors que Portishead tirait au coup par coup, Radius System vide ses réserves sans relâche, pour finir dans une apothéose destructrice. Des trois autres remixes, seul celui de PerLence fait chavirer : peut être trop électro, peut être trop déconstruit, il n'en reste qu'il sera sans doute le plus difficile à appréhender, tant le Music Killed Me de I'M From Barcelona et Ripples On A Blanck Shore de Radiohead se voient réappropriés sans perdre leur essence. Les sentiments ne sont pas laissés sur le bord de la route, mais bien échauffés, enveloppés dans un fin voile de mousseline afin de savourer avec délicatesse la musique.

Après l'immense Escape / Restart, Radius System avait désappointé son public en annonçant la fin de leurs concerts. Almost Nothing est là pour montrer que l'entité n'a cependant pas fini d'exister, que vos papilles auditives peuvent à nouveau s'éveiller. Almost Nothing est un magnifique cadeau pour cette fin 2008, et au final Almost Nothing n'est que peu de choses, juste beau et recherché...

A écouter : Gratuitement

Changes ( 2004 )

Radius System nous avait déjà servi un cru des plus goûteux, même si Influence était (comme son nom l’indique) très proche de leurs inspirations (le rapprochement avec Pitchshifter était inévitable), la fadesse n’avait pas été convié et on ne pouvait que s’en réjouir. Changes ne marque pas une rupture totale avec leurs aînés mais l’ouverture vers des registres plus mélodiques et émotionnels viens rallonger le menu. Le groupe n’invente rien, et là ne se situe ni nos attentes ni leur ambition, mais se joue des codes et réinvente à leur manière des sonorités en y cristallisant leur identité et leur sincérité. Ils ne recherchent pas une unité infaillible et chaque compo ne s’inscrit pas dans une logique implacable d’ensemble mais se faufile parmis les styles pour toucher l’auditeur.
Plus mûr se dévoile le duo en entaillant chairs et nerfs dés les premières minutes : Nerver Ending Process éveille avec brio nos sens. Une recette simple où guitares saturées porté par une basse berçante se mêlent sans heurts aux rythmiques mécaniques et oraganiques le tout saupoudré d’élan vocaux aériens. Ne reste qu’une timide, surprenante et cristalline mélodie au piano pour rassasier notre appétit. Force est de remarquer que le trait, en matière de d’industriel, a été forcé. On ne se surprend à peine à songer à NIN sur certains passages de Underground Soundtrack ou Somtehing More Than Nothing bien que l’omniprésence des guitares nous ramènent à une sphère résolument électrique. La dénomination  d’indus rock devrait rendre compte des dimensions à la fois accessibles et abruptes des mets exposés ici.
Radius System ne s’éloigne pas définitivement des ses eaux d’origines et les compos rageuses marquant leur premier effort sont loin d’avoir déserté les lieux. Changes, Feel The Circle ou Neptune se présentent comme témoins d’un visage plus agressif et tourné vers un métal épileptiquement mécano rythmé. Influence et Nowhere, ayant subit au passage un agréable lifting, ne peuvent qu’enfoncer le clou sur un ton plus léger mais pas moins énergique. Ne reste alors qu’à de judicieux et ambiants instrumentaux ([Rest Area] et [Transfert Area]) d’achever le processus de séduction et de rythmer l’activité de nos neurones vers l’abandon total.
La seule ombre au tableau est peut être une production pas au top mais tout de même de l’ordre du correctement audible, détail qui n’entachera pas le plaisir des adeptes et qui ne peut qu’évoluer de manière positive dans le futur, que l’on attend l’oreille écarquillée ...

A écouter : Nerver Ending Process, Influence, Something More Than Nothing