Radiohead

Rock

Royaume-Uni

A Moon Shaped Pool

2016
Type : Album (LP)
Tracklist
1. Burn The Witch
2. Daydreaming
3. Decks Dark
4. Desert Island Disk
5. Ful Stop
6. Glass Eyes
7. Identikit
8. The Numbers
9. Present Tense
10. Tinker Tailer Soldier Sailor Rich Man Poor Man Beggar Man Thief
11. True Love Waits

Chronique

par nonohate

Pour beaucoup cette année restera salvatrice en symbolisant la fin du silence tant attendu de Radiohead. Depuis la parution de Hail To The Thief en 2003, la formation anglaise a pris l'habitude de ralonger le laps de temps entre deux sorties discographiques mais sans pour autant raréfier ses concerts. Malgré deux décennies entières à ne jamais passer une année sans se produire sur scène, le groupe choisit de laisser s'écouler une période bien plus longue et au combien inhabituelle avant d'annoncer un éventuel retour.
Suite à la sortie en 2011 de The King Of Limbs, disque controversé s'il en est, et après avoir passé toute une année sur les routes à le promouvoir, Radiohead s'accorde une pause méritée qui permit aux Anglais de s'atteler à d'autres projets. Amok, le premier album d'Atoms For Peace en profite ainsi pour voir le jour aux côtés de quelques travaux solitaires de certains membres. Jonny Greenwood choisissant de perdurer son étroite collaboration avec le cinéaste Paul Thomas Anderson tandis que Phil Selway et Thom Yorke sortent respectivement leurs deuxièmes efforts solo. C'est à l'automne 2014 que les musiciens choisissent de se retrouver au studio la Fabrique de notre douce Provence pour commencer le travail de ce fameux LP9, qui n'aura pas été une sinécure.

Par quatre fois il leur a fallu regagner le studio tandis qu'ils étalaient leurs sessions sur des mois entiers pour qu'enfin, début 2016, A Moon Shaped Pool soit finalisé. Radiohead en profita également pour enregistrer un morceau un peu à part. Spectre, titre qui devait initialement se retrouver au générique du James Bond du même nom mais qui devant le refus de l'équipe du film fut dévoilé en guise d'offrande de Noël la même année. On y découvre un Thom Yorke à la voix suave, rappelant certains passages d'Amnesiac, et dont les douces notes de piano font écho à l'orchestre philharmonique remarquablement mis en lumière au fil du morceau.
En parallèle à cela, Radiohead ne sera pas plus transparent qu'à son habitude sur son activité en studio mais pas de quoi décourager la horde de fans parée à la moindre fuite d'information. Un culte du néant entretenu avec ferveur par sa communauté tandis que le groupe n'a qu'à se frotter les mains entre quelques rares interventions rappelant celui qui gravite autour de Tool, dont la dernière sortie en date remonte à plus de dix ans à présent... C'est alors que sans crier gare, le groupe efface toute trace de sa présence sur internet. Une activité (ou absence d'activité) qui annonce la sortie imminente du neuvième album. Après avoir fait table rase de son passé, les informations sur LP9 vont rapidement tomber à commencer par Burn The Witch, le tout premier extrait dévoilé, suivi de près par Daydreaming pour que finalement A Moon Shaped Pool soit officialisé.

Les pincements de cordes et la ligne de basse de Burn The Witch nous placent rapidement en orbite en nous rappelant les plus importantes expérimentations des Anglais durant cette dernière décennie. L'atmosphère oppressante bien que fascinante que dégage le titre d'ouverture laisse place à Daydreaming et ses notes de piano éthérées. Jonny y démontre une nouvelle fois son talent de façonneur du son avec son acolyte Yorke qui prit le pari réussi de distordre sa voix à la manière de Sigur Rós afin de s'en servir comme d'un instrument supplémentaire. À côté de quoi il n'est guère déroutant d'entendre de multiples irruptions philharmoniques comme sur le reste d'A Moon Shaped Pool puisque Radiohead a souvent eu coutume d'enregistrer avec un orchestre par le passé. Ce morceau n'est pas seulement en tous points réussi, il est surtout l'élément qui déclencha l'inspiration pour cet album. Un noyau central brillamment illustré par Paul Thomas Anderson.
Decks Dark est donc chronologiquement le premier titre inédit pour ceux qui, comme moi, n'ont pas su résister à l'envie de découvrir le chemin parcouru par le groupe à travers les deux premiers extraits. Ce troisième est pour une majorité le meilleur de l'album puisque la bande d'Oxford y distille ce son chaud et classieux qui fit l'unanimité sur In Rainbows tout en y incorporant cette méticulosité propre à A Moon Shaped Pool. Un titre rassembleur, dont il serait dommage de seulement résumer l'album ainsi, avant de nous perdre dans l'inconnu le plus total, ou presque. Pour les inconditionnels du groupe, certains noms paraîtront plus familiers que d'autres. Il est pourtant intéressant de constater l'évolution de ces morceaux tels que Ful Stop et Identikit qui furent interprétés à l'occasion de la tournée précédant l'enregistrement et qui au fil de sessions répétées ont perdu nombre de leurs éléments au profit d'un arrangement nouveau. Quelques années ont suffi à les muter en une nouvelle entité mais pour ce qui est de Present Tense, dont la réelle composition remonte à 2008, ce processus aura été bien plus long.
À travers Desert Island Disk et Glass Eyes se dégage un côté organique et émouvant de sincérité qui transparaît tout particulièrement sur True Love Waits dont vous avez sans doute entendu "cette version live de merde" (dixit Nigel Godrich) de I Might Be Wrong: Live Recordings. Seul reste Thom Yorke se mettant à nu face à son piano pour un moment de pure intimité comme rarement Radiohead a su en offrir.

Sans réelle surprise, puisque cela fait plus de 20 ans qu'il jouit d'une confiance aveugle, c'est à Nigel Godrich que l'on doit cette production si minutieuse. Son travail joue ici un rôle-clé dans l'immersion de ce nouveau chapitre de la carrière des Anglais. Une politique conservatrice qui contraste avec l'évolution qu'ils ont su prendre par le passé. Pourtant, nul autre approche n'aurait davantage convenu après ces années qui nous auront paru bien longues avec l'arrière-goût synthétique laissé par The King Of Limbs.
Il est à présent difficile de se projeter dans l'avenir tant le groupe peine à nous rassurer sur le sujet. Nul ne sait si un LP10 verra le jour alors tachez d'apprécier cet album à sa juste valeur, si ce n'est pas déjà le cas. Une œuvre minimaliste, certes, mais qui n'en reste pas moins réussie de bout en bout, se voulant à l'image de Daydreaming : Juste.

17

A écouter : 1

Les critiques des lecteurs

Moyenne 14.96
Avis 25
Captain Rillaboom December 27, 2024 19:15
Ça fait bientôt 25 ans que Radiohead a pris un virage électro qui a tué le groupe pour moi. J'ai toujours eu l'espoir qu'ils finissent par changer de direction d'une manière qui me plaise, mais ce n'est jamais arrivé jusqu'à maintenant. Ce "A Moon-Shaped Pool" est pour moi le pire album que le groupe ait jamais sorti. Malheureusement, quasiment tout l'album est composé de chansons lansinantes, au ton très calme, et triste. Si ce n'était le cas que sur 2 ou 3 chansons, ça irait, mais là, je pourrais juste écouter quelques secondes d'une chanson pour m'en faire un avis, car elles ne changent quasiment jamais de ton ou de mélodie. En plus la majorité des chansons dûrent 4 à 7 minutes, ce qui est beaucoup trop long pour ce qu'elles sont.

Je n'apprécie qu'une seule chanson, Burn the Witch, qui fait l'effort de proposer quelque chose de différent du reste de l'album, et qui est plus variée que le reste, tout en ayant des mélodies sympatoches. Le reste s'écoute sans enthousiasme...
2 / 20
Moi-Même November 9, 2019 12:14
Je n'attends plus rien de Radiohead, leur dernier album auquel j'avais attribué au moins 10/20 remonte à OK Computer,soit presque 25 ans au moment où j'écris cette critique!J'écoute quand même les autres albums par curiosité mais à partir de Kid A, je les trouvais tous ratés.

Cet album, je l'ai écouté en partant avec un très mauvais a priori, et sans surprise, il m'horripile au plus au point.

À la rigueur, le clip de Daydreaming (j'ai dit LE MV, oui je change de terme d'une seconde à l'autre) est très beau, Burn the Witch est sympa, ensuite je retiens les guitares de Ful Stop mais le reste ne me plaît pas du tout.

Il sonne pour moi trop "ambient music" ,(je sais même pas si ce terme existe) un genre avec lequel j'ai du mal, et me rappelle plus au final les interludes Treefingers de Kid A et Hunting Bears d'Amnesiac.

Si certains apprécient ces interludes, ce n'est pas du tout mon cas.

J'arrive même pas à écouter les deux dernières chansons en entier...J'en ai fait l'effort la première fois, je me suis demandé si j'allais pas m'endormir. Je commence à me dire qu'il serait grand temps que Radiohead mette la clé sous la porte, ce que je n'aurais jamais pensé dire en écoutant Pablo Honey ou même The Bends, et ce que personne ne penserait sans doute jamais d'un tel groupe.

Dommage car ça commençait sur une très bonne note.
4 / 20
Cyprien November 3, 2019 20:02
Difficile à cerner, pour reprendre les mots de fЯee. Dans cet album nous retrouvons des sonorités que l'on peut entendre seulement chez radiohead mais c'est beau. La voix de Thom York est toujours aussi pleine d'émotions.



On peut écouter cet album pour se détendre, avant de dormir, dans la voiture...Moi c'est l'album que je met dans mon casque pendant que je travail sur mon ordi c'est très agréable il ne me perturbe absolument pas et se fond parfaitement dans le décor. Je suis passé à côté en 2016 mais je l'ai bien écouté depuis. 17/20 mérité.
17 / 20
kaya January 12, 2017 14:23
L'album de l'année pour moi tellement intense !
18 / 20
metgopsypeth123 December 20, 2016 15:27
Conquis à 100%!

Beau, apaisant, riche, en gros vachement bien!
17 / 20
slaughtear December 20, 2016 13:43
Grand moment de musique. Daydreaming vaut à elle seule un bon 21/20, à la fois simple mais si complexe...
17 / 20
N3ocr0n December 20, 2016 08:42
Un grand retour de Radiohead. Très bon album.
17 / 20
adrienlemoigne November 17, 2016 21:54
Juste Magnifique.
19 / 20
fЯee November 8, 2016 10:22
Le genre d'albums qu'il est difficile de décrire, ni à cerner d'ailleurs, il se vit et s'écoute, se fond dans le décor et parle au subconscient, il a pas mal tourné dans la bagnole et j'aime beaucoup l'écouter. Radiohead s'est encore une fois surpassé, difficile de trouver un album aussi abouti et innovant.
17 / 20
waynegale May 27, 2016 06:00
Après un dernier album qui m'a laissé sur ma faim, quel plaisir de se noyer à nouveau dans la douce mélancolie de Radiohead ! L'album distille sa saveur patiemment, au prix de nombreuses écoutes. Franchement, un incontournable cette année ! Bravo !
19 / 20