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Biographie

Putiferio

Si Putiferio ("lieu de chaos" en italien) existe depuis 2003, Ate Ate Ate est bel et bien leur premier effort discographique. Sorti sur Robotradio Records (Rosolina Mar, Hell Demonio, Dead Elephant ...), ce premier disque colonise aussi bien les terrains obscurs de Neurosis que les paysages distordus de Zu ou Oxbow. Les membres de Putiferio jouent aussi dans Kelvin, Bluid, Huck et Il Teatro Degli Orrori. Un second long format, Lovlovlov, suite logique de Ate Ate Ate, débarque en 2012 après des changements de guitariste et de batteur.

Guitare - Walter (2003-2011), Jan (2011-)
Guitare - Mirco
Chant/Effets - Panda
Batterie - Giulio (2003-2011), Luca (2011-)

Chroniques

Lovlovlov Ate Ate Ate
17 / 20
3 commentaires (16.17/20).
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Lovlovlov ( 2012 )

Toujours adeptes des beaux objets, les italiens de Putiferio reviennent à la surface après un Ate Ate Ate tortueux et virevoltant, bourré d’imagination et de variations en tout genre. Le très logiquement nommé Lovlovlov fait donc suite aujourd’hui et il se trouve qu’il a une tripotée d’arguments sonores à transmettre à la jeunesse lui aussi, le bougre.

Les mêmes inspirations viennent en tête à l’écoute de ce témoignage d’amour incandescent, à savoir The Ex, Neurosis, Dead Elephant ou Oxbow, mais aussi un peu d’Ephel Duath dans l’approche créative. Des guitares qui s’emballent et s’entêtent à tour de rôle ou bien en simultané, une assise rythmique plus ample et plus posée qu’auparavant, une voix schizophrène soit hallucinée, soit aérienne, lointaine, soit incertaine, en équilibre sur l'hypnotique Can’t Stop The Dance, You Chicken. Ici s’introduit une boîte à rythmes fulgurante et un synthé kitch à souhait, glissant plutôt bien dans l’oreille étrangement. Putiferio s’efforce à ne ressembler à aucun autre en injectant une bonne dose de lignes mélodiques et rythmiques parfois fluides et précises, parfois bringuebalantes et maladives, mais la plupart du temps celles-ci se croisent, se décroisent, se déconstruisent, se reconstruisent avec aisance. Comme une évidence.

Les bonhommes ralentissent la cadence quelquefois, profitant de l’ouverture temporelle pour introduire certains beats electro crasseux et bien agencés (Loss Loss Loss et son passage vocal à la Thom Yorke), s’éloignant du noise rock pour lorgner allègrement vers des contrées post-hardcore (Hopileptic!, True Evil Black Medal), via des guitares vénéneuses, spongieuses, frappées d'un psychédélisme ambiant. Une idée s’avérant belle après un léger (minuscule) effort d’écoute. La profondeur du son - lui-même suffisamment clair et équilibré - participe à cette orgie de feeling, où les détails fourmillent ; où la batterie semble léviter tout en martelant dans les règles ; où les guitares se meuvent et se cassent la gueule avec grâce, nonchalance et puissance ; où la voix, fragile et joliment approximative, nous pénètre le cœur par son timbre particulièrement intense et texturé (My Pitch Black Heart). Sans omettre les quelques infiltrations électroniques sur la fin de l’objet, renforçant l’aspect grinçant et parfois tribal des compositions.

Lovlovlov est l’une des plus généreuses déclarations faites à ce jour au noise rock, voire également au post-[...], voire (osons) à la musique de manière globale. Rares sont les groupes énervés maniant autant d’éléments, d’ambiances, d’instruments ou de sonorités tout en conservant une telle cohérence sur la totalité d’un album. La scène transalpine a décidément toujours un bon stock d'amour bruyant à partager.

Ce disque s'écoute amoureusement sur le bandcamp du groupe.

A écouter : nonchalament.
17 / 20
1 commentaire (16/20).
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Ate Ate Ate ( 2008 )

Dans un magnifique écrin noir et or en forme de nid à serpents venimeux, Putiferio confine ni plus ni moins l'un (le ?) des meilleurs disques noise rock de l'année. A manger, à boire mais aussi à fumer, à sniffer et à vomir, on trouve de tout au sein du magma bouillonnant des italiens, de quoi se faire péter la panse et se griller les neurones un à un. Décomplexé de bout en bout et au service permanent de l'instinct primitif, Ate Ate Ate est là pour réveiller les parcelles de corps et d'âme endormies par la culture de masse et l'uniformisation des esprits. Putiferio est entré en guerre ("Putiferio Goes To War") et des têtes vont tomber, à commencer par les nôtres.

Motorisée par une paire de guitares survoltées, l'énergie de Putiferio est de celle qui se contient pour exploser sans crier gare. Répandant sa bile par éclaboussures successives et imprévisibles, l'attaque en 7 vagues des transalpins finit par apparaître comme un modèle de cohérence quasi mathématique construit autour d'un pilier central ("Putiferio Goes To War") de plus de 12 minutes jouissif de A à Z. Les gaziers ne s'imposent aucune borne et se forgent un caractère lunatique qu'on pourrait comparer à Oxbow sur le fond. Sur la forme, Putiferio use d'une grasse poignée d'artifices supplémentaires. On retrouve par intermittence la froideur du rock de The Ex ("Carnival Corpse For Servers"), la décadence de Zu lorsque les cuivres enroués frisent l'aphonie ("Where All The Razors Gone ?"), un côté pachydermique imparable lorsque les cordes s'épaississent et que des cratères naissent littéralement de la puissance et la variété de la rythmique (think Dead Elephant) ainsi qu'une multitude d'effets électroniques altérant le chant et soulignant les mélodies. Tout est là, à portée de main, et il faudra digérer et redigérer Ate Ate Ate avant d'en tirer toutes les vitamines car chaque écoute est une pure découverte sensorielle et se termine par "HOLES holes HOLES", finish tribal et tantrique aux frontières de la transe. Un pas de plus et on entre définitivement au Pandémonium.

Feu With Love, Gerda, Dead Elephant et désormais Putiferio, la Botte prend les rennes et peut se targuer de redéfinir quelques contours du noise rock en scrutant la musique à travers une autre face du prisme. Il n'en fallait pas davantage pour faire avancer la machine.

A écouter : Si !
Putiferio

Style : Noise Rock
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Origine : Italie
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Site Officiel : robotradiorecords.com
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